Le suicide assisté de Vincent Humbert illustre le fait que des proches et des médecins soient prêts à aider un malade à mettre fin à ses jours, comme le témoigne le geste de Marie Humbert, "qui a introduit une puissante dose de barbituriques dans le goutte à goutte de son fils.4"
Bien qu’il ait été ministre de la Santé, Bernard Kouchner a confessé avoir lui-même pratiqué l’euthanasie "en poussant la seringue afin d’abréger les souffrances de soldats.5"
Actuellement, l’euthanasie est illégale en France. Selon le code pénal elle est "tantôt qualifiée d’assassinat et punie de trente ans de prison, tantôt qualifiée de non-assistance à personne en danger lorsque le médecin arrête le traitement d’un malade incurable.6"
Plus ambigu encore est le code de déontologie médicale qui "recommande d’assurer la qualité d’une vie qui prend fin en respectant la dignité et de savoir limiter les soins à ce qui est raisonnable.7" Où s’arrête la dignité? Qu’appelle-t-on raisonnable?
De plus, l’église catholique est opposée à l’euthanasie sous prétexte que "c’est une révolte contre l’ordre naturel et que Dieu est seul maître de la vie et de la mort.8"
Il est aussi impossible de sous-estimer les abus: le suicide au choix, l’élimination de personnes âgées pour raison économique ou de patients par des médecins sans scrupule ou par des familles voulant se débarrasser d’un parent et enfin la création d’une société "nazie9" d’êtres humains aux normes spécifiques.
Peut-en envisager une loi? Le gouvernement français conscient du problème mais réticent a opté en 1987 pour "le développement de l’accès aux soins palliatifs avec l’ouverture de centres spécialisés dans l’accompagnement aux mourants.10" Cette réticence a été renforcée en septembre dernier avec la déclaration du premier ministre Jean-Pierre Raffarin, "la vie n’appartient pas à la politique11" et le sentiment de culpabilité éprouvé à l’égard des personnes âgées suite "aux scandaleuses carences de la prise en charge des anciens du 3ème et du 4ème âge.12"
Cependant l’exemple des "Pays-Bas et de la Belgique qui ont légalisé l’euthanasie13" avec des règles très strictes et de la Suisse où le suicide assisté est légal, ouvrent la voie à la mise en place d’une législation qui permettrait de respecter les volontés d’un malade tout en dépénalisant l’acte.
L’euthanasie est un sujet controversé car elle touche à des questions morales et religieuses mais dont il est impossible d’ignorer la réalité en raison de sa pratique. Je crois que la France, en dépit de l’appréhension des législateurs et de l’opposition de l’église, s’acheminera peu à peu vers sa légalisation, d’une part parce que la demande augmente, d’autre part parce qu’elle est légale dans des pays voisins. Il faut toutefois souhaiter qu’une telle loi soit accompagnée de conditions très strictes afin d’empêcher les abus.
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1 Le Monde: article sur l’euthanasie paru dans l’édition du 25 octobre 2003
2
3 L’Express: "La dérive meurtrière d’une infirmière." Article paru dans l’édition du 24 juin 1999
4
5 "Kouchner: l’euthanasie, c’est pousser un peu plus la seringue." Article paru sur le site de Voilà le 3 novembre 2001
6 L’Express: "La dérive meurtrière d’une infirmière." Article paru dans l’édition du 24 juin 1999
7
8
9
10 L’Express: "La dérive meurtrière d’une infirmière." Article paru dans l’édition du 24 juin 1999
11
12
13 Le Monde: "Le Conseil de l’Europe hésite à se prononcer sur l'euthanasie." Article publié le 1 octobre 2003