Le nucléaire est un système en 3D, une avalanche de Déchets, de Dépenses et de Dangers.
Construction, exploitation, maintenance
« La répartition par grands postes du coût moyen du kilowattheure sur la durée de vie d’une centrale nucléaire s’établit à 43 % pour l’exploitation, 32 % pour le combustible et 25 % pour l’investissement » (Bernard Laponche, commentaire sur le Rapport Charpin-Dessus-Pellat, LGN 185/186, octobre 2000). Malgré le prix élevé d’un réacteur, le coût dominant, et de loin, est son exploitation.
Selon le ministère de l’Industrie, la construction d’un réacteur de 1400 mégawatts est de l’ordre de 15,4 milliards de francs. Il faut compter une dizaine de milliards pour un réacteur de 900 MW. La durée d’amortissement des réacteurs a été estimée à 25 ans. Mais tout est-il pris en compte ?…
Les dépenses de sûreté coûtent très chères, et semblent sans fin, devant l’incommensurable danger du nucléaire.
Exemple récent des recombineurs : Face à la menace de détonation suite à une accumulation accidentelle d’hydrogène, violente explosion qui menacerait les enceintes mêmes de confinement, la DSIN a envisagé d’équiper le parc nucléaire de ‘recombineurs’, des appareils qui refabriquent (recombinent) de l’eau à partir de l’hydrogène. Selon un responsable de la Direction : « L’équipement de tout le parc coûtera plusieurs centaines de millions de francs » (1).
Autre exemple, celui des amibes : A la centrale de Civaux, pour lutter contre le développement d’amibes pathogènes dans les circuits de refroidissement qui passent dans la rivière de la Vienne (en bordure de laquelle sont situés des lieux de baignade), 1200 lampes ont été installées pour chacun des deux réacteurs en 1999 et 2000 ; leurs rayons ultraviolets illuminent les eaux de rejets et sont censés détruire les amibes. Pour être efficaces, ces lampes doivent être immergées à une hauteur fixe sous la surface de l’eau. Coût du dispositif : plusieurs dizaines de millions de francs.
Stockage des déchets
Problème insoluble, coûts faramineux (voir thème 8 consacré aux déchets).
En 1999, l’Andra évalue à 20 milliards de francs le coût de l’enfouissement des déchets. Au cours d’un interview, à la question du journaliste « Quels seront les coûts d’un laboratoire et d’un site de stockage profond ? », Yves Le Bars, Président de l’Andra répond : « Pour le laboratoire, entre 1,3 et 1,5 milliard de francs, incluant sa construction et son fonctionnement jusqu’en 2006. Quant à l’investissement pour un site de stockage, il devrait se situer dans une fourchette de 35 à 53 milliards. Cela dépend si l’on y accepte des déchets avec une puissance thermique élevée ou pas » (Le Monde du 5 avril 2000).
« Dans son rapport annuel de janvier 1999, la Cour des comptes estime à 400 milliards de francs les charges futures incombant à EDF pour le cycle du déchet » (8).
UN COÛT OFFICIEL NETTEMENT SOUS-ESTIME
« Voici un demi-siècle, on nous disait que l’électricité d’origine nucléaire allait devenir trop bon marché pour être comptabilisée. En réalité, les coûts n’ont cessé d’augmenter, jusqu’à un niveau qui ne permet plus à un investisseur de construire de centrale nucléaire si le revenu n’est pas garanti par l’Etat » (Greenpeace, printemps 2001).
L’électricité française serait soi-disant la moins chère du monde. Mais le coût de production réel est nettement plus élevé que le coût officiel, environ 0,20 F le kWh. De nombreux coûts sont sous-estimés, voire ignorés : démantèlements futurs sous-évalués, gestion des déchets (comment prévoir ce coût, quand on ne sait pas ce qu’il adviendra de ces déchets ?), pollutions radioactives incalculables, coût de la recherche (subventionné), coût d’assurance, etc.
Le montant maximum de la responsabilité civile de l’exploitant pour un accident nucléaire, fixé arbitrairement par la loi à 600 millions de francs, est dérisoire. « Un changement d’attitude sur les problèmes d’assurance contribuerait à faire exploser le prix du kWh d’origine nucléaire (…) Aux USA, la réforme de la législation sur les assurances a entraîné dès 1978 (un an avant Three Mile Island) la remise en cause du programme électronucléaire » (5).
Ces 20 centimes du kWh « supposent une production ‘en base’, c’est-à-dire une centrale fonctionnant en permanence, sauf pendant les arrêts techniquement nécessaires de déchargement et de chargement des combustibles et de maintenance. Mais le parc nucléaire d’EDF est surdimensionné et ne fonctionne pas en base, ce qui augmente le coût du kWh produit qui doit se situer (sans intégrer, entre autres, la gestion à long terme des déchets, ni le coût éventuel d’un accident grave) à 25 centimes, c’est-à-dire à un niveau de compétitivité très moyen par rapport à ses concurrents » (b1). D’aucuns l’évaluent entre 30 et 40 centimes. Qui sait ?
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Le coût total des dommages causés par Tchernobyl sur 30 ans est estimé à plusieurs centaines de milliards de dollars. Un accident majeur peut donc faire ‘exploser’ le prix du kWh d’électricité nucléaire lorsque l’on répercute son coût réel.