A son retour à Paris, Momo apprend que monsieur Ibrahim lui a laissé tout son argent, son épicerie et comme trésor le plus précieux : son vieux Coran. Momo adopte le rôle de monsieur Ibrahim et finit par se réconcilier avec sa mère. Il est désormais « l’Arabe du coin » et suit les traces de son prédécesseur admiré.
II. Analyse et commentaire
1. Analysez la structure du récit (narrateur, « temps narré »).
Le récit que voici n’est pas divisé en chapitres, mais il comporte un enchaînement de scènes de la vie du jeune Moïse / Momo. Il s’agit d’une rétrospective qui commence quand Momo a onze ans (p.5). On trouve un autre indice de son âge au moment où sa mère réapparaît (p. 50) et il faut supposer qu’à la fin du roman (p. 73-74), Momo a une trentaine d’années. A ce moment-là, il est marié et père de quelques enfants.
A la page 73, 2 ←→73,3, il y a une ellipse (un saut dans le temps).
Momo est un narrateur à la première personne, et les événements / les caractérisations sont décrits de son point de vue.
2. Où l’histoire se passe-t-elle (lieu(x) de l’action) ?
Pendant les premières années de la vie de Moïse, il vit dans un milieu très restreint où les juifs et d’autres étrangers vivent côte à côte, c’est-à-dire dans la rue Bleue à Paris. On peut en effet localiser cette rue sur une carte de Paris (v. ci-dessus), de même que la rue de Paradis (28,22) et la rue du Faubourg-Poissonnière (8,12-13) (à la limite du 9e et du 10e arrondissement, pas loin de la gare de l’Est).
Après que Moïse a fait la connaissance de monsieur Ibrahim pourtant, son champ de vision / son horizon d’expériences personnelles s’élargit en cercles concentriques, pour ainsi dire. Son ami paternel lui fait d’abord voir « le Paris joli, celui des photos, des touristes » (29,16s.). Dans une progression logique de ce qui est proche à ce qui est plus lointain / éloigné, monsieur Ibrahim l’invite à un voyage à Cabourg, en Normandie (40, 18 s.), puis à un voyage de plusieurs mois au Croissant d’Or, à travers la Suisse, l’Albanie, la Grèce et la Turquie (59 ss.).
A la fin de l’histoire, le cercle des promenades / voyages initiatiques se referme de nouveau et Momo revient à la rue Bleue pour reprendre la place de son « éducateur » patient, lucide, circonspect et sage.
3. Momo et sa famille (sa mère, son père, Popol). Faites-en les portraits.
a) La mère
Moïse semble avoir refoulé l’existence de sa mère, parce qu’il ne la mentionne pratiquement pas jusqu’au moment où il est abandonné par son père : « Abandonné deux fois, une fois à la naissance par ma mère ; une autre fois à l’adolescence par mon père. » (37, 19 – 38,2). Elle ne semble pas exister dans sa mémoire.
Cependant, après le suicide du père, la mère réapparaît (49,15 s.). Pour le garçon, c’est une étrangère qui l’approche, gênée et hésitante (49,18), avec une attitude qui trahit nettement sa mauvaise conscience et ses sentiments de culpabilité. Bien que Momo ait un peu pitié d’elle (50,12), il lui cache son identité et lui ment en disant que Moïse est parti (51,20). Il agit ainsi par besoin de vengeance.
Il devient clair que, bien qu’il soit son fils, il veut garder ses distances avec elle et, par conséquent, il refuse toute familiarité : « Dis-moi, Momo… - Mohammed… » (53,3-4) ; « Elle baisse les yeux. Elle s’approche de moi. Je sens qu’elle voudrait m’embrasser. Je fais celui qui ne comprend pas. » (54, 4-6).
A la fin, Momo fait une sorte de paix tardive avec sa mère. Tandis qu’il n’est pas prêt à une réconciliation « officielle » et qu’il refuse de jouer le rôle du fils prodigue, il se laisse inviter par sa mère et accepte que ses enfants l’appellent « grand-maman » (74).
b) Le père
Les rapports entre Moïse / Momo et son père sont distants, froids et généralement difficiles. Comme dans le cas de sa mère, il ne l’appelle pas par son prénom (d’ailleurs, un nom de famille n’est pas mentionné non plus !). Evidemment, le père s’est séparé de sa femme à la naissance du fils commun : « …il m’a dit : Pars et laisse-moi Moïse, sinon… Je suis partie… » (53, 19 – 20).
Le père n’a pas beaucoup de succès en affaires (6,8) et paraît très renfermé, refusant presque tout contact avec son fils (19, 12-20). Il est rare qu’il fasse un petit bout de conversation avec Moïse (« une fois n’est pas coutume » ; 34,13). En plus, il ne donne pas de vraies réponses aux questions urgentes du fils (20,21-22), mais reste évasif la plupart du temps. D’autre part, il est avare et contrôle péniblement toutes les dépenses de ménage de Moïse (5,8 ; 5,13 s.). Il tient son fils quasiment en esclave (6,7) et lui fait faire toutes les corvées du ménage (6,4-5). Il voit le monde et les gens de façon négative et transmet sa propre méfiance et son mépris de tout le monde à son fils (21, 1-2).
Mais ce dont Moïse souffre le plus, c’est le manque d’amour de la part du père (6,7 ; 19, 1-2 : « J’avais toujours froid lorsque j’étais auprès de mon père. »).
Il lui en veut aussi qu’il lui propose toujours en modèle son frère Popol (non-existant d’ailleurs) qui, selon l’avis du père, est parti avec sa mère, peu après sa naissance (20, 12-14).
Schéma des rapports entre Moïse et son père
rue Bleue ➔ chômage du père ➔ lettre d’adieu : ➔ suicide du
vie commune (35, 1 – 10) abandon du fils père
-climat de méfiance (36, 15 – 37, 16) (45, 6 – 25)
-isolement et refus de abandon définitif
communication du ↓
père Moïse est
-comparaison au frère orphelin
modèle (pp. 5 – 20)
le père se soustrait successivement au fils
c) Popol
Il s’agit là d’un frère-fantôme, une invention malveillante du père de Moïse pour harceler et humilier son fils « cadet » à tout moment et pour lui prouver sa « nullité » (20,4 ) : « Popol, il était très assidu…il aimait les maths, il ne salissait jamais la baignoire…il faisait pas pipi à côté des toilettes…il aimait tant lire les livres qu’aimait papa. » (20 , 7-11).
Or, le mensonge du père est révélé au moment du rendez-vous de Momo avec sa mère : « Mais je n’ai jamais eu d’enfant avant Moïse. Je n’ai jamais eu de Popol, moi… » (52, 16-17).
4. La famille « élargie » (Monsieur Ibrahim, les putes).
a) les putes
A l’âge tendre de onze ans, Moïse qui est précoce commence à fréquenter les prostituées de la rue de Paradis (5,1-2). A part un désir sexuel naissant, il y va certainement aussi parce que les femmes manquent cruellement dans sa vie. Ce sont les putes qui lui donnent cette proximité et cette chaleur qu’une mère aurait pu lui donner (19,3) et dont son père est complètement incapable. Les putes remplacent donc la mère pour le petit.
b) Monsieur Ibrahim
Comme Moïse doit faire les courses chaque jour, il fait la connaissance de l’épicier du coin qui, petit à petit, devient une sorte d’ami paternel qui finit par remplacer le père. Leur rapprochement continu aboutit, après le suicide du père, à l’adoption de Momo par monsieur Ibrahim. Le vieux est désormais son papa (55,15) et, vice versa, Momo est maintenant son fils : « Il mettait mon fils dans toutes les phrases, comme s’il venait d’inventer la paternité. » (55-24 – 56,2). De cette manière, monsieur Ibrahim, de même que les putes, éclaircissent l’existence morne et dénuée de chaleur de Momo : « J’avais toujours froid lorsque j’étais auprès de mon père. Avec monsieur Ibrahim et les putes, il faisait plus chaud, plus clair. » (19, 1-3).
5. Faites le portrait physique et moral de monsieur Ibrahim.
- il est vieux (8,11), mais on ne connaît pas son âge précis ;
- il porte une blouse grise sur une chemise blanche (8,17s.) ;
- il a des dents en ivoire sous une moustache sèche ;
- il a des yeux en pistache, verts et marron ;
- il a la peau brune ;
-
de huit heures à minuit, il est dans son épicerie (« Arabe, Momo, ça veut dire ouvert de huit heures du matin jusqu’à minuit et même le dimanche » (11,1719) ;
-
tout le monde le croit Arabe, mais il est musulman du Croissant d’Or, donc Turc ou Persan (10,911,2) ;
-
chez les habitants de la rue Bleue, en majorité des juifs, monsieur Ibrahim passe pour un sage (9,4 ss.) :
➔parce qu’il est toléré par les adhérents d’une autre foi
➔parce qu’il sourit beaucoup et parle peu
➔parce qu’il n’est pas aussi agité que les autres Parisiens et qu’il ne bouge pratiquement pas ;
- il semble impossible de le tromper : ainsi, il découvre vite que Momo lui chipe des boîtes de conserve (11,22 s. ; 15, 1314) ;
- il paraît être visionnaire, p.ex. quand il pressent sa mort prochaine (57,18s.) ;
- en plus, il semble qu’il sait lire les pensées des autres (10,810) ;
- quand l’occasion se prête, il se montre commerçant rusé (14,1715,9) ;
- il est astucieux et connaît plein de trucs, p.ex. quand Momo a besoin de conseils comment soutirer de l’argent à son père (16,110).
6. Décrivez l’évolution des rapports entre Moïse/Momo et monsieur Ibrahim.
-
D’abord, leurs rapports sont uniquement commerciaux. Comme Momo doit régulièrement faire les courses et faire la cuisine pour son papa, l’épicerie de monsieur Ibrahim s’y prête de façon idéale. Le garçon y trouve de tout et en plus, monsieur Ibrahim l’écoute attentivement et patiemment.
-
Vu que c’est qu’un Arabe , Momo croit pouvoir le voler (10,5) et abuser de sa confiance
- L’incident avec la vedette de cinéma de l’époque, Brigitte Bardot, à laquelle monsieur Ibrahim vend une bouteille d’eau au prix astronomique / exorbitant de quarante francs, impressionne Momo beaucoup
- Par la suite, les deux deviennent amis, peut-être aussi parce que le vieux n’a pas fait de scène à Momo en découvrant que celui-ci est un voleur (15,13-14)
-
Dans la mesure où le père de Momo disparaît de sa vie, monsieur Ibrahim s’y substitue progressivement. Avant, le monde adulte était impénétrable, voire hostile (➔son père !). Avec monsieur Ibrahim, les choses deviennent plus faciles, celui-ci fonctionnant comme un pont vers le monde adulte :
- « Grâce à l’intervention de monsieur Ibrahim, le monde des adultes s’était fissuré, il n’offrait pas le même mur uniforme contre lequel je me cognais, une main se tendait à travers une fente. » (16, 11-14). Donc, le vieux devient au fur et à mesure le conseiller fiable et le soutien ferme de Momo qui est fragilisé par une adolescence extrêmement difficile.
-
A partir du moment où Ibrahim et Momo deviennent amis, le vieux est plus qu’un conseiller qui aide à maîtriser les problèmes quotidiens. De plus en plus, au fil de leurs rencontres plus fréquentes maintenant, il adopte le rôle d’éducateur qui veut que son « élève » se concentre sur les choses importantes de la vie et sur le comportement juste. Il puise tout son savoir dans sa longue expérience de la vie et surtout dans le « livre des livres » pour lui : son Coran qui lui donne une certitude inébranlable (28,12-13 ; 35,17 ; 63,23 s. ; 69, 20-21).
Loin d’être islamiste intégriste en matière de religion, monsieur Ibrahim se dit soufi (31,7). Il est foncièrement pacifique et fermement convaincu qu’il est possible que les grandes religions coexistent de façon paisible, pour preuve le fait qu’il a côtoyé des juifs pendant toute sa vie.
➔ ➔ ➔ ➔
7. a) L’éducation mentale et sentimentale de Momo
En éducation, monsieur Ibrahim ne procède pas systématiquement et il ne donne pas d’enseignement tout à fait cohérent. Il se concentre sur quelques maximes importantes destinées à « guider » son élève et à le mener vers une vie accomplie et heureuse.
7. b) Le catalogue des éléments de l’« enseignement » que monsieur Ibrahim donne à Momo.
-
Comme monsieur Ibrahim est quelqu’un qui sourit beaucoup et parle peu (9,6-7), c’est une de ses convictions que le sourire est tout-puissant et qu’il a un effet passe-partout : il peut ouvrir toutes les portes. Il a remarqué que Momo est toujours grave / sérieux et, par conséquent, il lui conseille de sourire dans des situations difficiles pour s’en sortir : « C’est sourire qui rend heureux. – Mon œil. – Essaie… » (22,6-9). Par la suite, Momo suit la recommandation de son mentor d’être poli et aimable (« …je souris à tout le monde » (22,20s.)), et voilà…c’est le succès garanti ! La prof de maths, puis la cuisinière, le prof d’EPS, la pute noire qui l’a refusé avant – tout le monde se montre accessible à son sourire (23-24), sauf – naturellement – son père qui, une fois de plus, reste fidèle à son image de trouble-fête / rabat-joie (25, 10 – 26, 8) ;
- Monsieur Ibrahim est convaincu qu’on apprend mieux dans le dialogue qu’à l’aide de livres (40,12-14) ;
- « La beauté…elle est partout, où que tu tournes les yeux » (41,11) ;
- Il fait un appel à la générosité : « Ce que tu donnes…c’est à toi, ce que tu gardes, c’est perdu à jamais » (42,2-4) ;
- L’art de bien voyager ne consiste ni à prendre l’autoroute, ni l’avion, mais les « jolis petits chemins » (61,5-6), sinon on ne voit absolument rien ;
- La lenteur est le secret du bonheur (61,21) . Monsieur Ibrahim cite les Grecs des campagnes en exemple : « Les gens sont immobiles, ils prennent le temps de nous regarder passer, ils respirent. » (61,15-17)
-
Monsieur Ibrahim apprend la danse des derviches, le tekké, à Momo : dans cette danse mystique, Momo sent « la haine qui se vidangeait » (65,14-15) et il fait l’expérience que « l’esprit devient léger » (65, 19-20). Après, il n’est plus tellement fâché contre son père et commence à comprendre sa mère (➔le tekké semble contribuer à l’apprentissage de la tolérance !) ;
- Le vieux lui apprend que l’amitié et l’amour ne se forcent pas : « Si tu veux avoir des amis, faut pas bouger » (66,15-16) ;
- Par sa façon de mourir, monsieur Ibrahim démontre que la mort n’est pas forcément un événement terrible, mais un achèvement naturel qui réunit le mourant avec l’univers : « Je ne meurs pas, Momo, je vais rejoindre l’immense » (70, 15-16).
8. Le titre du roman
Le titre s’explique par l’importance vitale de monsieur Ibrahim pour l’orphelin Momo. C’est lui qui est le vrai protagoniste du récit et Momo sait bien ce qu’il lui doit. En passant par son école, il a connu l’émancipation spirituelle, accompagnée de liberté. (72, 18-19).
En plus, Momo hérite de toute la fortune et de l’épicerie de son ami, ce qui assure son autonomie matérielle à l’avenir.
Mais le cadeau le plus précieux, c’est le vieux Coran de son mentor. Les deux fleurs séchées (73,1) évoquent toute la sagesse de ce livre sacré tant chéri par son propriétaire.
9. Le comique
Le fond triste et, par endroits, mélancolique du récit est souvent éclairci par des saillies drôles, par des bons mots originaux et par des situations cocasses. C’est par ce biais d’ironie et de comique que le côté sombre de l’histoire d’un orphelin tout à fait fragilisé, puis sauvé devient supportable.
a) L’ironie
En rétrospective sur son enfance et sa jeunesse, Momo se voit souvent de façon ironique : « …j’étais gros comme un sac de sucreries » (6,17).
Il ironise ses congénères masculins qui, devant une vedette éblouissante comme Brigitte Bardot, sont réduits à leur sexe et dont « le discursif…s’est coincé dans la fermeture de la braguette. »(12, 8-10). Même monsieur Ibrahim semble également électrisé par les allures de cette reine du cinéma, ce que Momo enregistre avec une pointe d’ironie : « A cet instant-là, j’aurais pu jurer que monsieur Ibrahim n’était pas aussi vieux que tout le monde le croyait. » (13, 19-21).
L’ironie prend une trace d’amertume quand Momo caractérise son père si distant qui le traite pire qu’un chien : « …il ne faisait pas plus attention à moi qu’à un chien…il n’était même pas tenté de me jeter un os de son savoir. » (19, 13-15).
Chez Momo, l’ironie devient, par-ci par-là, une sorte d’autodéfense. Son frère Popol idéalisé par le père est « l’autre nom de [ma] nullité. »(20,4 ; 45,2), et c’est, en plus, « une perfection vivante » (20,16).
L’ironie de lui-même démontre également que Momo ne se prend pas toujours au sérieux et qu’il découvre son propre ridicule. Quand il suit systématiquement le conseil d’Ibrahim de sourire plus, il se rend compte de son exagération : « Le lendemain, je me comporte vraiment comme un malade qu’aurait été piqué pendant la nuit : je souris à tout le monde » (22,19-21) ; « C’est l’ivresse. Plus rien ne me résiste… » (23,19) ; « Je souris à me déchirer la bouche » (26, 5-6).
Il s’ironise lui-même encore une fois dans ses efforts crispés de gagner la faveur de Myriam, la fille du concierge de lycée : « Je me mis à lui faire la cour avec une ardeur de noyé. » (39, 13-14).
Dans ses rapports extrêmement pénibles avec sa propre mère, c’est l’ironie qui lui donne le moyen de maintenir des contacts acceptables pour les deux côtés : « C’est sûr que ça fait un peu bizarre de voir deux professeurs de l’Education nationale recevoir Mohammed l’épicier, mais enfin, pourquoi pas ? Je suis pas raciste. » (74, 12- 15) ; « Elle était toute rose de contentement que j’accepte, non, c’est vrai, ça faisait plaisir à voir : on aurait dit que je venais de lui installer l’eau courante. » (74, 7-9) ;« …elle est tellement contente qu’elle me demande discrètement si ça ne me gêne pas. Je lui réponds que non, que j’ai de l’humour. » (74, 20-33).
b) Le comique de mots
- « tirelire à sens unique » (5,6) ;
- « le prix de l’âge d’homme » (6,13-14) : les deux cents francs pour se payer la première prostituée ;
- « j’avais été baptisé entre les cuisses d’une femme » (7,18-19) : quand il perd son « innocence » ;
- la plaisanterie de monsieur Ibrahim concernant Brigitte Bardot et sa femme (14, 1-7) ;
- « Ce n’est pas l’eau qui est rare, mademoiselle, ce sont les vraies stars . » (15, 4-5) : après qu’Ibrahim a vendu la bouteille d’eau à Brigitte Bardot, au prix exorbitant de quarante francs ;
- « Elle était vieille. Elle avait bien trente ans. » (18,6) : pour le petit Momo, quelqu’un qui a dépassé la trentaine est vieux, surtout si c’est une femme qui vend son amour ;
-
« de la ferraille dans la bouche » (28, 3-4) : pour désigner l’appareil dentaire pour régler une fausse position des dents ;
- « Vous y allez, vous, parfois, rue de Paradis ? – Le Paradis est ouvert à tous. » (28, 22 – 29,1) : par ce jeu de mots très drôle, Ibrahim évite une réponse directe ;
-
-C’est ça, le luxe, Momo, rien dans la vitrine, rien dans le magasin, tout dans le prix. » (30, 14-15) : aperçu très drôle qui a un caractère d’aphorisme ;
-
« un ragoût d’agneau, tendance Royal Canin »(33,10) : formule drôle pour décrire la situation où le père mange du pâté pour chiens ;
-
« Je me sens, je nous sens, donc je me sens déjà mieux » (63, 10-11) : jeu de mots sur les verbes sentir / se sentir qui rappelle la formule cartésienne célèbre : Je pense donc je suis [Cogito ergo sum] ;
- « Est-ce que vous croyez que je serai assez beau pour plaire aux filles…sans payer ? - Dans quelques années, ce seront elles qui paieront pour toi ! – Pourtant…pour le moment…le marché est calme… »(66,20-26) : scène très drôle qui évoque le complexe d’infériorité de Momo. Vu que ses deux parents l’ont quitté, il doit forcément être haïssable / méprisable ;
c) Le comique de situations
- la scène où Moïse prétend avoir seize ans « depuis ce matin » pour être accepté comme client par la pute (7,5) ;
- Moïse et le cadeau de l’ours en peluche (8, 7-8) ou du coquillage (17,3) ;
- Monsieur Ibrahim donne des conseils à Momo comment il peut économiser de l’argent en cuisinant (16,1-10) ;
- le comique grossier à la Charlie Chaplin de la scène où Momo fait trébucher le client d’une pute (17, 7 – 19) ;
- la scène du sourire (22,19 – 26,8) ;
- le passage où Ibrahim achète une voiture et qu’il présente son permis au vendeur (56, 3 – 57, 21) ;
- les leçons de conduite (59, 5 – 14) ;
-
l’examen des poubelles pour distinguer quartiers riches et pauvres (60, 11 – 23) ;
-
le jeu de la diagnose de la religion par l’odeur (62, 11 – 63, 11).
III. Ecriture créative
1. Le père de Moïse vient de découvrir qu’il manque de l’argent (5, 13 – 6,2). Rédigez le dialogue entre père et fils.
Père (P) ; Moïse (M)
P : Dis-moi, Moïse, je peux compter et recompter l’argent de la petite caisse réservée à nos dépenses de ménage… Le résultat est toujours le même : il y manque le billet de cent francs que j’y ai mis ce matin. Tu en sais quelque chose ?
M : Pardon, papa, je sais que ce n’était pas correct…
P : (l’interrompant) C’est toi qui l’a pris ? Dis que ce n’est pas vrai !
M : Si, il ne sert à rien de nier…Comme tu ne me donnes jamais d’argent de poche, j’ai pensé…
P : (l’interrompant de nouveau) Tu n’en avais pas le droit de me chiper cet argent ! Il était prévu pour nos dépenses de ménage de la semaine prochaine. Tu sais bien que je ne gagne pas gros !
M : Mais papa, écoute-moi une fois ! Toi, tu sais bien qu’en plus de mon travail scolaire, je fais tout le ménage…d’année en année…je lave le linge sale, je fais la cuisine, je fais la vaisselle, je porte les commissions…
Parfois je me sens comme ton esclave !! Si tu devais payer une ménagère, les cent francs par semaine ne suffiraient pas !
P : Tais-toi, Moïse, tu es insolent ! Ah, quand je pense que ton frère Popol était encore là… Je pouvais me fier à celui-là ! Jamais de la vie il ne m’aurait volé un sou !
M : (sarcastique) Je sais, je sais…comparé à lui, je suis une nullité, un zéro ! Pour toi, Popol, c’était la perfection vivante ! Oh, j’en ai ras le bol, de ces comparaisons…
P : (hors de lui) Silence ! Tu remettras les cent francs dans la caisse ! Grouille-toi… dare, dare… C’est un ordre!
M : Si tu veux, mais alors, c’est la grève de ménage ! (Il sort en claquant la porte)
2. Ibrahim donne des conseils à Moïse pour économiser sur les dépenses de nourriture (16,1-10). Transformez ce passage en conversation.
Monsieur Ibrahim (I) ; Moïse (M)
A l’épicerie de monsieur Ibrahim
M : Vous savez, monsieur Ibrahim, ça ne va pas du tout avec mon père. Il ne parle pratiquement plus, il est toujours plongé dans son travail et, s’il m’adresse la parole, c’est pour me critiquer : Fais ceci, ne fais pas cela etc. etc. … En plus, il ne me donne pas un sou. Pourtant, moi, j’ai aussi mes dépenses !
I : Je sais, je sais, Momo… Les filles que tu commences à fréquenter, ça revient cher !
M : Comment ? Vous savez ? J’ai cru que…que…personne…
I : (l’interrompant) Momo, j’ai les yeux bien ouverts et je sais ce qui se passe dans la rue Bleue…et…dans la rue de Paradis ! Ecoute, j’ai quelques idées comment tu pourrais faire des économies sans que ton père s’en aperçoive…
M : (intéressé) Ah bon ? Je suis tout oreilles.
I : Tu passes le pain de la veille au four…et hop ! c’est comme du pain frais !
M : Bonne idée, mais cela ne rapporte pas gros !
I : Attends, attends ! Pour prolonger le café, tu pourrais y mettre plus de chicorée et moins de café…
M : Pas mal, pourvu que papa ne s’en rende pas compte. Quoi encore ?
I : Eh bien, un sachet de thé peut servir deux, peut-être trois fois. Tu ne crois pas ?
M : Vous êtes admirable, monsieur Ibrahim ! Je n’aurais jamais eu cette idée-là !…Et puis, le thé fort est mauvais pour des personnes aussi nerveuses que papa !
I : En plus de ça, tu pourrais ajouter du vin ordinaire à son beaujolais habituel…il en sera quitte pour un léger mal de tête… et toi, tu pourras économiser des tas de francs ! Tiens, j’ai encore une brillante idée. Qu’est-ce que tu sers comme entrée, ce soir ?
M : Eh bien, papa aime bien la terrine campagnarde…
I : (spontanément) C’est ça! Il paraît que la qualité des pâtés pour chiens est bien meilleure, de nos jours, et tout cela à un prix modique ! Le chien de mon voisin, il adore le Royal Canin… Pourquoi ne pas l’essayer ?
M : (pensif) Là, vous exagérez quand même… Je vais y repenser…
3. Momo vient de lire la lettre d’adieu de son père (37). Bouleversé et désespéré, il écrit ses pensées et ses sentiments dans son journal intime. Rédigez l’article.
« La foudre est tombée, papa est parti aujourd’hui !… En rentrant du lycée, j’ai trouvé sa lettre d’adieu. Il n’a laissé qu’un peu d’argent et une liste avec quatre noms de personnes que je ne connais pas, mais auxquelles je dois m’adresser ! Bonne blague …
Il était trop lâche pour me parler…il est juste parti, comme ça, sans me donner la chance de le persuader qu’il reste !
Abandonné deux fois, d’abord par maman à ma naissance, puis maintenant par papa : quelle malchance ! Qu’est-ce que j’ai fait pour que tout le monde me quitte ? Est-ce de ma faute, à moi ?
Orphelin à douze ans…je ne sais pas comment cela va continuer avec moi. Je n’ai pas d’argent, je n’ai pas de parents proches qui pourraient m’aider !
Il faut que je parle à monsieur Ibrahim dès demain. Lui, il sait tout, il a de bonnes idées et il a peut-être une solution à ma situation désespérée. C’est le seul espoir qui me reste… »
4. Momo fait la cour à Myriam, la fille du concierge de lycée. Imaginez leur premier rendez-vous.
Momo (Mo) ; Myriam (My)
En sortant du collège, Momo croise Myriam et profite de la chance…
Mo : Ecoute, Myriam. Tu as un moment ?
My : Oui, mais je suis pressée…Il faut que j’aille en ville pour faire les courses pour maman.
Mo : Ça tombe bien. Moi aussi, j’y vais… je vais t’accompagner !
My : D’accord, mais ne me parle pas d’amour et de grands sentiments ! Tu sais qu’à présent, c’est Manuel qui est mon favori.
Tous les gars du collège et du lycée sont à mes trousses, il me semble !!
Mo : Myriam, je ne cesse de penser à toi. La nuit, je ne dors pas à cause de toi…
My : (l’interrompant) Prends un calmant !
Mo : Ne sois pas si cruelle ! Myriam, je…je…je voudrais me noyer dans tes yeux bleus !
My : Achète des lunettes ! J’ai les yeux marron…D’ailleurs, Manuel, il connaît la couleur de mes yeux. Et puis, tes compliments, il me semble que je les ai déjà entendus…
Mo : Tu es ma Belle au Bois dormant !…
My : Continue de rêver, Momo ! Tiens, voilà le magasin où je dois aller ! (Attendrie et flattée tout de même) Je ne veux pas être si dure…Ne désespère pas ! Peut-être que tu seras le successeur de Manuel un jour… Qui sait ? (elle disparaît dans le magasin)
Mo : Ah, quelle salope !