:
: 4.Les personnages principaux
:
: Les personnages de Boule de Suif représentent toute la société française. Il est clair que
: Maupassant a voulu montrer les diverses classes sociales et un riche éventail de types humains.
: Nous allons voir que les personnages sont associés en couple (Boule de Suif-Cornudet, les
: couples mariés et le couple de religieuse).
: a)Boule de Suif
:
: Identité : Tout le long de la nouvelle, elle est nommée par son surnom « Boule de Suif » qui fait
: allusion à son physique rond et gras : « suif » signifie graisse. Il faut attendre plusieurs pages
: (p.23) avant d’apprendre son vrai nom qui est Elisabeth Rousset. Ce simple détail indique
: qu’elle n’a pas sa place parmi la société « honnête » car le nom est une marque de respect. Le
: sien n’est prononcé que trois fois au cours de l’histoire, et en plus dans un contexte
: déshonorant, puisque c’est lorsqu’on lui demande si elle accepte de céder au désir de l’officier.
: Boule de Suif n’est pas qu’une prostituée de bas étage car elle a une maison à Rouen et une
: domestique. Elle est plutôt une « demi-mondaine » car ses clients devaient être des bourgeois.
: Elle vit donc de cet ordre social et de ses vices privés.
: Elle doit fuir Rouen à cause de l’arrivé des Prussiens.
:
:
: Portrait physique : Elle est petite, ronde de partout, grasse à lard, avec des doigts bouffis,
: étranglés aux phalanges, pareils à des chapelets de courtes saucisses, avec une peau luisante et
: tendue, une gorge énorme qui saillait sous sa robe, elle restait cependant appétissante et courue,
: tant sa fraîcheur faisait plaisir à voir. Sa figure était une pomme pivoine prêt à fleurir, et
: là-dedans s’ouvraient, en haut, deux yeux noirs magnifiques, ombragés de grands cils épais qui
: mettaient une ombre dedans ; en bas, une bouche charmante, étroite, humide pour le baiser,
: meublée de quenottes luisantes et microscopiques (p.16).
:
:
: Portrait morale : Maupassant ne la présente pas comme tout à fait stupide, elle est plutôt naïve et
: inconsciente jusqu’à la dernière scène de la malveillance fondamentale des autres voyageurs.
: Mais cette naïveté est la conséquence de sa nature généreuse, qui la pousse à faire confiance
: aux autres, et à vouloir les aider. On le voit bien lors du premier jour de voyage, lorsqu’elle offre
: toutes ses provisions à ses compagnons. Ce sacrifice n’est pas superflu pour elle : tout, dans son
: physique, indique une extrême gourmandise. Lorsqu’elle cède finalement à l’officier, c’est pour
: satisfaire les autres voyageurs. On sent qu’elle aurait résisté jusqu’au bout si elle avait été seule.
: Le prussien, qui « connaît bien la nature humaine » (p.32), l’a bien compris, et c’est pour cela
: qu’il retient tous les voyageurs. Il compte sur ces êtres faibles et lâches pour faire fléchir la
: généreuse et patriote fille corrompue.
: Boule de Suif a un respect sincère pour la patrie, l’Eglise et le trône qui devraient normalement
: représenter cette société « honnête » qui la méprise. Son patriotisme est tout à fait spontané. Elle
: doit fuir Rouen car elle a agressé physiquement un militaire prussien qui était venu réquisitionner
: son domicile. Cet acte montre son amour pour la France et sa haine contre l’ennemi. Cette haine
: de l’occupant s’exprime aussi par une agression verbale : elle demande à l’aubergiste de
: transmettre son refus formel à « cette crapule, à ce saligaud, à cette charogne de Prussien »
: (p.30). Elle manifeste également ses pudeurs patriotiques de manière symbolique. Lorsque
: Cornudet lui demande ses faveurs, elle refuse, non parce qu’il lui déplaît, mais à cause de la
: présence de l’Allemand. Enfin, lorsque l’officier fait descendre les voyageurs de la diligence,
: c'est elle qui descend la dernière, voulant par ce geste défier ce militaire impertinent.
: Le paradoxe le plus amusant de Boule de Suif est son respect religieux. Dans la diligence, elle
: propose de la nourriture aux deux religieuses d’une voix « humble et douce » (p.19). Ce sont
: également les arguments de la religieuse, habillement sollicités par Mme de Bréville, qui semblent
: finalement faire céder Boule de Suif. Enfin, elle se rend à l’église et explique à ses compagnons
: que « c’est si bon de prier quelquefois » (p.34). Sa piété apparaît donc sincère. Elle contraste
: avec les prières mécaniques des religieuses et la religiosité hypocrite de la comtesse, qui n’hésite
: pas à abuser de la religion pour pousser Boule de Suif dans les bras du prussien.
: En politique, Boule de Suif est bonapartiste. Elle s’emporte violemment quand Cornudet attribue
: les malheurs de la France à « cette crapule de Badinguet » (p.21). Elle exprime son mépris « les
: polissons comme vous ». « Vous » s’adresse à Cornudet et aux personnes qui ont trahi
: l’empereur : les républicains.
: Son conservatisme social paraît invraisemblable car il est rejeté et marginalisé par l’ordre social
: même qu’elle admire et respecte. A la fin de la nouvelle, elle se retrouve complètement à l’écart
: des autres voyageurs après avoir obtenu leur libération en cédant à l’officier. Ces êtres
: hypocrites et ingrats, qui « l’avaient sacrifiée d’abord, rejetée ensuite » (p.40), ne lui offre même
: pas à manger. Le dernier mot de la nouvelle est « ténèbres ». Au premier degré, il s’agit bien sûr
: de la nuit qui est tombée, mais symboliquement, ces ténèbres traduisent la tristesse et la solitude
: de cette victime.
:
:
: Rôle : Boule de Suif est le personnage principal. Cette prostituée permet aux autres voyageurs
: de quitter Tôtes. Boule de Suif symbolise la résistance contre l’occupant.
:
:
: Conclusion : Son personnage est construit sur une apparence contradictoire entre sa vie de
: prostituée et son attachement au patriotisme, à l’Eglise et à l’empereur. C’est une victime qui
: nous inspire la pitié et la compassion. Cette fille corrompue paraît bien plus honnête que les
: bourgeois de la société dite « honnête ».
: b)Cornudet
:
: Identité : Cornudet est essentiellement défini par ses opinions politiques. C’est un démocrate,
: ennemi du régime impérial et de la bourgeoisie qui s’y est ralliée, d’où son surnom « Cornudet le
: démoc » (p.15). A priori, il apparaît plus sympathique que les autres personnages et le fait qu’il
: soit lui aussi marginal le rapproche de Boule de Suif. D’ailleurs, celle-ci s’appelle Elisabeth
: Rousset et Maupassant a doté Cornudet d’une barbe rousse. L’auteur veut peut-être ainsi
: symboliser le rapprochement entre ces deux personnages. Mais en définitive, Cornudet est un
: faible qui trahit également Boule de Suif.
:
:
: Portrait morale : Maupassant insiste sur le côté vain et ridicule de Cornudet. Il est déteste la
: bourgeoisie, alors qu’il est lui-même un fils de bourgeois, qui a hérité d’ « une assez belle fortune
: ». Ses actes révolutionnaires se résultent surtout à de grands discours et sa bravoure devant
: l’ennemi est assez superficielle. Il s’est contenté des pièges et dresser des barricades, pour
: s’enfuir comme les autres dès que les Prussiens arrivent.
: A la fin de la nouvelle, au lieu de défendre Boule de Suif et d’affronter directement les bourgeois
: qui la laissent pleurer dans son coin, il se contente de les narguer en chantant La Marseillaise. Ce
: chant exprime un patriotisme révolutionnaire. D’une part les fiers couplets font honte aux
: bourgeois de leur lâcheté, et d’autre part, ils leur lancent un défi d’extrême gauche. Mais ce défi
: ne satisfait que l’amour-propre de Cornudet car il ne fait rien pour changer la situation de Boule
: de Suif. La vanité de son patriotisme se remarque lorsqu’il considère celui de Boule de Suif d’un
: air fier et un peu dédaigneux. Lorsque Maupassant dit « Les démocrates à longue barbe ont le
: monopole du patriotisme comme les hommes en soutane ont celui de la religion » (p.21), il veut
: montrer que la foi républicaine de Cornudet est aussi hypocrite et présomptueuse que la foi
: religieuse du clergé.
: Cornudet montre peu de solidarité envers Boule de Suif sans doute parce qu’elle a refusé ses
: avances. Celle-ci, en effet lui refuse l’entrée de sa chambre par « pudeur patriotique ».
: Autrement dit, la femme « facile » ne veut pas se prostituer en présence de l’occupant prussien.
: Lorsque Cornudet déclare aux voyageurs qu’ils ont commis une « infamie » en poussant Boule
: de Suif dans les bras de l’Allemand, Loiseau comprend qu’en fait Cornudet est jaloux. Même si
: c’est le jugement d’un personnage vulgaire et méprisable, il ne manque pas d’une certaine
: vraisemblance. Malgré son sentiment de supériorité morale, Cornudet est certainement aussi
: égoïste que les bourgeois qu’il haït.
:
:
: Rôle : C’est un révolutionnaire patriotique qui ne fait rien pour défendre Boule de Suif car il est
: lâche.
:
:
: Conclusion : Cornudet est un révolutionnaire patriotique qui déteste la bourgeoisie, mais il
: n’aide pas Boule de Suif à cause de sa lâcheté et de sa jalousie
: c)Les couples de la « bonne » société
:
: Nous allons voir les couples qui forment la « bonne » société par ordre croissant de niveau
: social. Nous allons commencer par le moins raffiné de ces ménages, les Loiseau.
:
: Les Loiseau
:
: Identité de M.Loiseau : Contrairement à M.Carré-Lamandon qui est un grand bourgeois dans
: l’âme, Loiseau est un homme du peuple, sans dignité ni éducation. C’est seulement sa réussite
: financière qui l’a rangé du côté des bourgeois, il n’est en fait qu’un « parvenu ».
:
:
: Portrait morale de M.Loiseau : On voit lors du dîner final, son goût pour les plaisanteries
: sexuelles. Cela révèle sa nature vulgaire. On remarque aussi qu’il ne sait pas se tenir, il est le
: premier à crier famine dans la diligence. C’est le seul moment de la nouvelle où il se montre
: amical. En effet il exprime sans honte cette faim que tous les autres voyageurs ressentent, et son
: côté simple, qui contraste avec l’attitude hautaine des autres bourgeois, l’amène à accepter la
: nourriture et le rhum que les autres dédaignent.
: Maupassant insiste sur sa bassesse morale. Même ses amis le considère comme un « fripon
: madré ». Le vin qu’il vend est plusieurs fois qualifié de médiocre. Il n’a aucun scrupule
: patriotique, et compte bien exiger au Havre le paiement, par l’armée française, de l’infâme
: piquette qu’il lui a vendue.
: Il se montre particulièrement bas lorsque, bouillant de rage et d’impatience devant le refus de
: Boule de Suif, il propose aux voyageurs de la livrer « pieds et poings liés » à l’officier prussien.
: La ruse et la malhonnêteté font à ce point partie de son caractère qu’il ne peut s’empêcher de
: tricher aux cartes avec la complicité de son épouse.
:
:
: Portrait morale de Mme Loiseau : Sa femme est d’un caractère aussi méprisable que lui, bien
: qu’elle soit différente. Si M.Loiseau est, dans ses meilleurs moments, bon vivant et convivial,
: Mme Loiseau est dure et sèche. Son « âme de gendarme » (p.32) ne comporte pas un atome de
: générosité ni d’humour. On le voit bien quand son mari, par plaisanterie, dit aux voyageurs, que
: sa faim est telle qu’il paierait cent francs pour un simple jambonneau. Mme Loiseau a un geste
: de dépit car elle est tellement avare qu’elle ne comprend les blagues au sujet de l’argent. Sur un
: point, elle lui ressemble : elle est aussi peu scrupuleuse que son époux, et s’entend très bien avec
: lui pour tricher aux cartes (p.29).
:
:
: Portrait physique des Loiseau : La différence de caractère entre ces deux époux se reflète dans
: leur physique : alors que Loiseau est petit, gras et rougeaud, sa femme est grande et tout son
: corps n’est qu’une « dure carcasse » (p.26).
:
:
: Rôle : Les Loiseau participent à la « conspiration » pour faire capituler Boule de Suif.
:
:
: Les Carré-Lamandon
:
: Identité et portrait morale : M.Carré-Lamandon : Plus riche que les loiseau, les
: Carré-Lamandon sont aussi, comme dit Maupassant, d’une « caste supérieure ». Ce sont de «
: vrais » bourgeois, avec toute l’éducation et la tenue que ce statut implique. Mais là encore, ce
: n’est qu’une apparence.
: Industriel normand, riche et respecté, M.Lamandon-Carré est un homme qui vit constamment
: dans l’hypocrisie. Durant le régime impérial, il a fait figure d’opposant politique, mais, comme
: nous le dit Maupassant, c’est uniquement pour se faire « payer plus cher son ralliement » (p.14).
: Il n’a donc pas de véritables et honnêtes convictions politiques. Son seul intérêt est l’argent et le
: prestiges social.
: Cette absence de convictions entraîne chez lui de flagrantes contradictions internes. Si, d’une
: part, il admire le panache militaire, ce grand commerçant déplore, d’autre part, que l’armé coûte
: aussi cher à l’Etat, et emplois de manière « improductive » quantité de bras que l’on pourrait
: utiliser pour « de grands travaux industriels » (p.25). A travers lui, Maupassant critique
: l’ambiguïté idéologique de la grande bourgeoisie marchande.
: Mme Carré-Lamandon : L’auteur décrit Mme Carré-Lamadon comme jeune et jolie. Elle
: montre beaucoup de dédain à l’égard de Boule de Suif mais elle n’est guère plus vertueuse que
: la prostituée. En effet, la « jolie Mme Carré-Lamandon » est « la consolation des officiers de
: bonnes familles envoyés à Rouen en garnison »(p.15). Cette phrase en dit long. Elle trompe
: probablement son mari, qu’elle n’a sans doute épousé que pour son argent, avec des hommes
: plus jeunes que lui. En plus, sa faiblesse pour les jeunes officiers est confirmée quand elle dit que
: l’officier prussien lui paraît « pas mal du tout » (p.32), et c’est là de sa part un jugement de «
: connaisseur ». Malgré sa façade de respectabilité bourgeoise, elle est aussi légère, sinon plus,
: que Boule de Suif.
:
:
: Rôle : Ils représentent la bourgeoisie commerçante. Ils participent à la débauche de Boule de
: Suif.
:
:
: Les Bréville
:
: Identité : Après la petite puis la grande bourgeoisie, Maupassant nous présente, avec le comte et
: la comtesse de Bréville, le plus haut niveau social, celui de l’aristocratie.
:
:
: Portrait morale du comte : Ces nobles sont aussi hypocrite et lâche que les bourgeois. Malgré sa
: noblesse, M. de Bréville n’a pas de courage et d’honneur. Maupassant nous le présente comme
: un « diplomate », il est issu de « trois générations d’ambassadeurs » (p.52). Ce trait, qui n’est
: pas négatif en soi, équivaut, chez le comte, à une attitude lâche et soumise. Loin d’approuver le
: courage de Boule de Suif, il encourage celle-ci à céder au prussien car « il ne faut jamais résister
: au plus forts » (p.23). Cette lâcheté érigée en philosophie est d’autant plus méprisable que le
: comte se vante d’être un descendant de Henri IV, à qui il s’efforce même de ressembler
: physiquement. Mais la seul marque de supériorité que possède le comte est le contrôle qu’il a
: de lui-même, et de son esprit d’initiative. C’est lui qui s’impose naturellement comme la tête de
: la « conspiration » destinée à faire fléchir Boule de Suif. Il possède également l’art de la parole,
: que ce soit pour parler à l’officier prussien, à ses compagnons ou à Boule de Suif, il sait toujours
: employer les mots et le ton adapté à la situation. Mais il n’est qu’un homme de discours. Chez
: lui, la noblesse n’est que forme et apparence.
:
:
: Portrait morale de la comtesse : La comtesse excelle aussi dans l’art de paraître. Elle a « grand
: air », comme le précise Maupassant, ce qui lui a permis, bien qu’elle soit noble de naissance,
: d’être acceptée par l’aristocratie normande. Vis-à-vis de Boule de Suif, elle sait se montrer
: aimable, mais cette attitude trahit avant tout de la condescendance et un énorme complexe de
: supériorité.
: Comme le comte, elle a le sens de l’initiative, et c’est elle qui a l’idée d’utiliser des arguments
: tirés de la religion pour faire céder Boule de Suif. Très rusé, elle amène la religieuse à dire que
: Dieu serait tout disposé, vu les circonstances, à pardonner à Boule de Suif son « péché ». Cette
: grande dame, comme les autres, finit par s’amuser « comme une folle » des plaisanterie
: obscènes de Loiseau, lors du dîner final (p.38).
:
:
: Rôle : Ils représentent l’aristocratie et il participe aussi à la débauche de Boule de Suif.
:
:
: Conclusion :
: Ces couples qui représentent la « bonne » société apparaît bien moins respectueux que Boule de
: Suif qui est une prostituée. Ils sont hypocrites, lâches, insolents, égoïste et dénués d’honneur et
: de vrai patriotisme. Cela montre que leurs valeurs ne sont qu’une apparence car ils sont en
: réalité méprisable. Il y inversement des valeurs dans cette nouvelle.
: d)Les deux religieuses
:
: A travers les deux religieuses, Maupassant fait une caricature de l’hypocrisie et de la dévotion à
: la religion. Il devait mettre des personnages du clergé dans la nouvelle car la religion officielle set
: de base idéologique et de justification à la domination des classes supérieures qui sont
: représenter par les trois couples. C’est la « bonne » société qui a « de la Religion et des
: Principes » (p.15).
: La plus âgée des religieuse est présentée comme très masculine, alors que la plus jeune, sa «
: chère sœur Saint-Nicéphore » est « mignonne » (p.35) et fragile, d’un aspect maladif. Elles
: forment donc presque un couple. Elles ressemblent à des automates et semblent déshumanisées
: lorsqu’elles récitent leur prière. Elles ont des réflexes d’esclaves : lorsque le prussien fait
: descendre les voyageurs de la diligence, elles descendent en première, en « saintes filles habituée
: à toutes les soumissions » (p.22). La plus âgées des deux est très masculine car elle a passé sa
: vie dans l’armée à soignant les blessés sur le champ de bataille. C’est « une vraie bonne sœur
: Ran-tan-plan » (p.36), elle a une âme de soldat.
: C’est elle qui achève de vaincre la résistance de Boule de Suif en affirmant qu’un péché est vite
: pardonné s’il est accompli pour des motifs louables. Sa philosophie morale est très habile.
: e)L’officier prussien
:
: L’officier est un symbole de la « goujaterie naturelle du militaire victorieux » (p.29). Toute son
: attitude est caractérisée par la tyrannie arbitraire. Il ne prend même pas la peine d’expliquer son
: refus : « che ne feux pas…foilà tout » (p.29). Maupassant fait de lui une caricature impitoyable.
: Il imite son accent allemand. Physiquement, l’officier est ridiculement guindée, il est serré dans
: son uniforme « comme une fille dans son corset » et sa moustache est « démesurée » comme
: son arrogance (p.22).
: f)Les aubergistes
:
: Le couple de Follenville, qui sont les aubergistes de Tôtes, sont la caricature des petits
: bourgeois issus du peuple, sans grande éducation comme les Loiseau. D’ailleurs Loiseau
: sympathise avec eux. Mais ils sont plus sympathiques que les Loiseau car ils n’ont pas de
: prétentions. Le « bon sens » paysan de Mme Follenville, lorsqu’elle confie aux voyageurs son
: opinion sur la guerre et l’armée prussienne, impressionne M.Carré-Lamandon. Il se peut que
: Maupassant exprime son propre point de vue à travers elle.
: En revanche, le gros Follenville est assez lâche et la franchise avec laquelle sa femme parle à des
: étrangers l’inquiète. Il lui conseille à plusieurs reprises de se taire. D’autre part, il joue le rôle du
: messager de l’officier prussien quand il demande à Boule de Suif de la part de celui-ci si elle
: veut bien céder à son chantage. Cela le rend passivement complice du vainqueur tyrannique. Il
: ne se préoccupe pas du malheur de la France et de l’infortune de Boule de Suif, tout ce qui
: l’intéresse, c’est de préserver son auberge et ses intérêts personnels. A cet égard, il appartient
: bien à la même catégorie que Loiseau, Carré-Lamandon et Bréville.
: g)Les autres personnages
:
: Il y a les soldats, le cocher et le bedeau de Tôtes.
: Maupassant ne se prive pas de critiquer les soldats de l’armée française peu glorieuse. Malgré
: leur défaite, il sont toujours orgueilleux. Un an plutôt, ils se montraient aussi arrogant que les
: prussiens vis-à-vis des Rouennais. Les officiers sont des « fanfarons ». Quand eux simples
: soldats, ils ont des « airs de bandits » (p.9) et sont des « pillards débauchés » qui font plus peur
: à leurs propres officiers qu’à l’ennemi. Ils sont incompétents sur le plan militaire.
: Par contraste, les Prussiens ont l’apparence d’une armée puissante et disciplinée, mais ces
: qualités les déshumanisent. Ils ne sont pas des individus, mais une simple « masse noire » et des
: « flots envahisseurs » (p.10).
: Le cocher est un personnage passif qui obéit sans poser de questions lorsqu’on l’interdit de
: repartir de Tôtes
: Le bedeau est décrit ironiquement comme les deux religieuses par Maupassant. Cela prouve
: l’antipathie de Maupassant pour l’Eglise Ce « vieux rat d’église » admire sans réserves les
: soldats allemandes. (p.27). Il utilise le même argument que Mme Follenville : « ce sont les
: grands qui font la guerre » (p.27). A ses yeux, les soldats ennemis sont des victimes de leurs
: dirigeants, autant que les Français occupés. Cette attitude conciliante vient de sa bêtise et de sa
: lâcheté.
:
:
: 5.Les thèmes principaux
:
: Les thèmes principaux sont l’argent, la nourriture, la guerre, le réalisme, l’argumentation et
: l’hypocrisie.
: a)L’argent
:
: L’argent joue un rôle capital dans cette nouvelle car c’est une satire des classes supérieures de
: la société. Quoique très différents par leur éducation et leurs opinions politiques, Loiseau,
: Carré-Lamandon et Bréville sont unis par l’argent.
: L’argent les rend « frères », même s’il n’y a aucune fraternité entre eux. Ces trois homme unis
: par « un instinct conservateur », constituent une alliance anormal, car pendant la révolution
: (environ 80 ans plus tôt), ils auraient été ennemis. En effet, le comte représente l’aristocratie et
: les deux autres la bourgeoisie commerçante.
: Maupassant prouve que les idées et les valeurs de chaque classe sont secondaires par rapport à
: la fortune, qui est la seule véritable distinction des individus. Ils appartiennent tous les trois à « la
: grande franc-maçonnerie de ceux qui possèdent » (p.17). Leur richesse proviennent de sources
: différentes. Loiseau s’est enrichi par le commerce, Carré-Lamandon par l’industrie, et le comte
: par héritage.
: Maupassant nous présente des attitudes différentes par rapport à l’argent. Cornudet est le plus
: généreux, il a dépensé son argent pour ses amis républicains. A l’opposé, Mme Loiseau est
: d’une extrême avarice, et ne supporte même pas que l’on plaisante de l’argent. Son mari est
: plus généreux car c’est lui qui offre le champagne lorsque les voyageurs célèbrent la capitulation
: de Boule de Suif (p.37). Entre ces deux extrêmes, M.Carré-Lamandon donne l’image d’un
: gestionnaire prudent comme il convient à un homme d’affaire respectable. Il a constitué un
: capital au cas où la guerre l’oblige à se réfugier en Angleterre.
: Conclusion : Maupassant présente la bourgeoisie normande comme très lâche et très avare. «
: Emasculés par le commerce » (p.10), les Rouennais n’osent refuser de payer le tribut de guerre
: qu’exigent les prussiens. Mais plus ils sont riches, plus ils souffrent de voir leur argent passer
: entre les mains des vainqueurs.
: b)La nourriture
:
: Les repas sont importants dans Boule de Suif parce qu’ils rythment le temps de l’histoire et
: parce qu’ils constituent le lien social entre les personnages.
:
:
: La nourriture comme un lien social
: Ce sont en effet les repas qui permettent aux voyageurs de communiquer. Pendant le voyage en
: diligence, c’est la faim qui pousse les voyageurs à parler de nourriture. Plus tard, quand Boule
: de Suif partage ses provisions avec eux, ils se sentent obliger de lui parler, malgré le mépris
: qu’ils éprouvent pour elle. Maupassant insiste beaucoup sur ce 1er repas en diligence pour
: installer un contraste frappant avec le repas final où les voyageurs très ingrats dégustent leurs
: repas froids, sans en offrir à la malheureuse Boule de Suif, qui a oublié d’emmener des
: provisions.
: A l’auberge, c’est au cours des repas, que les voyageurs argumentent pour pousser Boule de
: Suif à céder au caprice du prussien. Les repas en commun forment un idéal pour leur entreprise,
: ils parlent autour de la table sans s’adresser à Boule de Suif en particulier. Cette technique est
: très efficace car elle permet d’influencer la courtisane sans pour autant la heurter de front.
:
:
: Boule de Suif comparé à de la nourriture
: Symboliquement, Boule de Suif est de la nourriture car elle est comparé à un objet à
: consommer quand ils la livrent « en pâture » à l’officier. Le narrateur compare son corps à
: divers produits cosmétiques. Elle est « grasse à lard » et « appétissante ». Ses doigts sont pareils
: à « de courtes saucisses ». Sa figure ressemble à « une pomme rouge »(p.16). La métaphore de
: Boule de Suif comparée à de la nourriture est confirmée par l’une des plaisanteries de Loiseau
: qui propose de manger de « manger le plus gras des voyageurs ». Ces comparaisons enlèvent
: toute dignité à cette victime, que l’on traite comme un objet à consommer.
: c)La guerre
:
: Maupassant consacre les premières pages de son récit à une description très réaliste de la
: guerre.
: Au niveau métaphorique, toute la « conspiration » des voyageurs pour amener Boule de Suif à
: céder au désir du prussien est comparée à un combat militaire. On le voit bien dans ce passages
: :
: « Chacun convint du rôle qu’il jouerait, des arguments dont il s’appuierait, des manœuvres qu’il
: devrait exécuter. On régla le plan des attaques, les ruses à employer, et les surprises de l’assaut
: pour forcer cette citadelle vivante à recevoir l’ennemi dans la place (p.33)
: Cette métaphore est continué jusqu'à la capitulation de cette « citadelle vivante » qu’est Boule
: de Suif. Les arguments de la religieuse font « brèche » (p.35) dans sa résistance. Cette
: résistance est comparée au rempart d’une forteresse qui s’effondre sous les coups de l’ennemi.
: Cette métaphore de la guerre est ironique car ces lâches, qui s’abaissent devant l’ennemi en
: réalité, deviennent des stratagèmes quand il s’agit de s’attaquer à plusieurs à Boule de Suif qui
: est une malheureuse isolée.
: Enfin le « viol » de Boule de Suif est un symbole du « viol » de la France par les prussiens. Ce
: mot paraît peut-être exagérer car Boule de Suif se rend d’elle même mais c’est à cause de la
: violence morale qu’elle subit. On voit bien qu’à la fin, Boule de Suif offre l’image d’une femme
: violée car elle est « troublée, honteuse » et se sent «souillée par les baisers de ce Prussien »
: (p.39).
:
:
: d)Le réalisme
:
: Boule de Suif est une nouvelle réaliste car l’histoire est située dans l’Histoire ( la guerre de
: 1870) et le cadre géographique est fidèle. Ce n’est pas un hasard si Maupassant a choisi la
: Normandie parce sue c’est sa région natale qu’il connaît très bien et toutes les localités citées
: (Rouen, Dieppe, Tôtes) pourraient très bien constituer, en réalité, les étapes d’un voyage en
: diligence.
: Rien dans cette nouvelle n’est invraisemblable ou irrationnel. Les événements s’y déroulent dans
: un ordre logique et les actions de chaque personnage y sont justifiées par des mobiles précis et
: intelligibles. Par exemple, nous savons pourquoi les voyageurs ont quitté Rouen. Boule de Suif
: fuit pour sa sûreté car elle a agressé un militaire prussien et elle risque donc de se faire arrêter.
: Ce détail explique peut-être pourquoi c’est à elle que l’officier prussien demande les faveurs.
: Quand il a vérifié l’identité des voyageurs, il a su qu’elle s’appelait Elisabeth Rousset comme la
: femme que recherchent ses compatriotes à Rouen. Il sait que Boule de Suif risque de recevoir
: une punition sévère et conclut que la peur l’amènera à se donner à lui. En plus, il sait peut-être
: que c’est une femme galante. Ainsi les causes de la conduite du prussien sont expliquées.
: Il y a de nombreuses descriptions. Les personnages et les lieux sont décrits en détail. Les
: individus sont définis par rapport à leur milieu social, leur profession et leur place dans la société.
: Chaque personnage représente un échantillon d’un type social.
:
:
: e)L’argumentation
:
: Les voyageurs argumentent pour pousser Boule de Suif à capituler. Ils vont utiliser quatre
: stratégies : la flatterie, les exemples héroïques, l’argument religieux et de la charité.
: C.Conclusion
:
: Dans cette nouvelle réaliste, Maupassant a une vision pessimiste de la société. Il dénonce la
: bassesse de la « bonne » société qui est égoïste, lâche, hypocrite et sans honneur et sans aucun
: sens patriotique. La crise qu’ils viennent de subir n’a pas changé leur caractère. Quand à Boule
: de Suif, elle est toujours aussi exclue et méprisée à la fin qu’elle l’était au début malgré son
: sacrifice. Cela montre que le niveau social ne fait pas la valeur morale. Boule de Suif apparaît
: bien plus respectable que la société dite « honnête ». Nous voyons bien que Maupassant est
: pour Boule de Suif et qu’il cherche à nous faire ressentir la compassion pour cette marginale qui
: est pathétique. Cette nouvelle ressemble à La Folle.