Le journal Métro a pour but le reportage de l’actualité qui est facile à lire, qui donne les faits nécessaire et qui se retient de donner des opinions fortes. Ils ont réussi avec ce politique pendant les premiers jours du conflit, mais quand la dispute est devenue plus sérieuse, on a vue une tendance de soutenir pour la France et les opinions de Jacques Chirac et son gouvernement.
TROISIEME PARTIE
J’ai suivi la situation en Irak depuis septembre dans les journaux français, anglais et autant que possible, américains. La conclusion qui est claire pour moi est que les Etats-Unis ont été très agressifs pendant la campagne en faveur de la guerre. Dès le début, les Etats Unies étaient le pays le plus partisan du désarmement de l’Irak. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, ils ont mené une guerre contre le terrorisme et en janvier 2002, George Bush parlait d’une liste des pays qui formait un « axe du mal ». L’Irak était sur la liste. C’était juste une question de temps avant que les Etats-Unis agissent. En septembre 2002, lorsque l’Irak a donné son accord aux nouvelles inspections, c’était moins d’une semaine après que le congrès américain ait donné à George Bush le droit d’utiliser l’armée américaine si nécessaire. Est-ce que c’était juste une coïncidence que toutes les propositions pour la résolution des Etats-Unis incluaient les articles qui autorisant n’importe quelle force nécessaire pour s’assurer que Irak se conforme aux espoirs de l’ONU ? George Bush avait le pouvoir et il n’avait pas peur de l’utiliser. Toutefois il ne considérait pas les espoirs d’autres pays comme la France. Ils était fixé sur la guerre, alors il a du trouver une autre raison pour la faire. Cela explique peut-être le grand nombre de critiques que les Etats-Unis ont dirigé vers les inspections.
Toutefois, ce n’était pas uniquement contre l’Irak que les Etats Unies dirigeaient leur agression. Les Etats-Unis ont cédé à beaucoup de demandes de la France pour la résolution 1441 mais cela ne leur plaisait pas. Quand la France a continué de défier les Etats-Unis en demandant plus du soutien pour les inspecteurs, les Etats-Unis étaient très critiques. La France a admis qu’elle n’était pas entièrement satisfaite du rapport que l’Irak avait fourni. Les Etats-Unis ont répondu qu’il y avait « des omissions assez larges pour y passer un tank » (Libération, 15 décembre 2002, page 8). Quand la France a demandé plus de ressources pour les inspecteurs, les Etats-Unis ont montré qu’ils avaient perdu le peu de patience qu’ils avaient. La colère de George Bush est évidente quand il a demandé : « Combien de temps nous faut-il pour voir clairement qu'il ne désarme pas ? » (Le Monde, 22 janvier 2003). Les insultes sont devenues moins cachées quand le ministre de la défense, Donald Rumsfield a appelé la France et l’Allemagne « la vieille Europe » à la fin de janvier. Pendant cette période d’attaque la réponse de la France était de rester calme. Explication pour ce choix est difficile. Peut être Jacques Chirac est devenu conscient du fait que la France devenait de plus en plus isolée et ne voulait pas éloigner les Etats Unies et en particulier Grande Bretagne. Jacques Chirac a des grands espoirs pour l’Europe, il veux peut être un jour que l’Europe ait le puissance des Etats Unies aujourd’hui, il ne voudrait pas compromettre la position de l’Europe avec des mots forts contre les Etats Unies ou Grande Bretagne.
CONCLUSION
Quand j’ai décidé de mon sujet il y a plusieurs mois, je n’imaginais pas qu’il deviendrait si important. Beaucoup de choses ont changé depuis septembre : la résolution 1441 a été finalement créée, il y a eu des inspections de l’ONU pour la première fois depuis 1998 et les relations entre des pays qui composent le conseil de sécurité n’ont jamais été aussi mauvaises. Sans aucun doute l’événement le plus important a été la guerre. Contre les espoirs de plusieurs pays comme la France et l’Allemagne, la coalition des Etats-Unis et de la Grande Bretagne a attaqué et libéré l’Irak. Les douze prochains mois verront beaucoup de changements. Beaucoup de questions ont besoin de réponses. Comment le nouveau gouvernement irakien va-t-il être créé ? Le programme de pétrole contre nourriture va-t-il continuer ? Les discussions ont déjà commencé mais pour le moment les Etats-Unis ne semblent pas être aussi enthousiastes que le reste du monde à l’idée que les pays européens jouent un grand rôle dans la reconstruction de l’Irak.
Une des plus grandes questions est quel est l’avenir de l’ONU ? Pour la future crédibilité de l’ONU George Bush devrait peut-être changer d’avis, sinon le pouvoir de l’ONU va être considéré comme nul. Si les Etats-Unis ne suivent pas les règles de l’ONU, pourquoi les autres pays devraient-ils les suivre? Et finalement, tous les journaux ont écrit sur les problèmes entre différents pays pendant les six derniers mois et en particulier entre la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Jacques Chirac et Tony Blair ont été très prompts à déclarer qu’il n’y aurait pas de grande division. Les prochains mois vont révéler la vérité.
BIBLIOGRAPHIE
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« Washington ignore l'opposition franco-allemande à une guerre en Irak », 23 Janvier 2003
« Le couple franco-allemand irrite Washington » 23 Janvier 2003
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« La France veut "le désarmement par la paix" », 5 Février 2003
« Irak : une possible nouvelle résolution » 9 février 2003
« Paris et Berlin préparent un plan d'inspections renforcées », 10 Février 2003, GEORGES MARION ET CLAIRE TREAN
« La France est devenue la cible préférée des attaques de l'administration Bush et de ses partisans » 11 Février 2003, PATRICK JARREAU
« Les Européens pressent Saddam Hussein de désarmer », 18 Février 2003, LAURENT ZECCHINI
« En Grande-Bretagne, le groupe de Rupert Murdoch s'obstine à attaquer la France » 28 Février 2003, MARC ROCHE
« Les Etats-Unis et la France sont au bord d'une crise diplomatique » 10 Mars 2003, PATRICK JARREAU
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« Paris tente d'enrayer la machine de guerre américaine », 21 janvier 2003, ALEXANDRINE BOUILHET
« Bush plus va-t-en-guerre que jamais », 23 janvier 2003, JEAN-LOUIS TURLIN
« États-Unis-Europe : faut-il croire à la fracture ? », 24 janvier 2003, JEAN-LOUIS TURLIN
« L'insulte faite à l'Europe », 24 janvier 2003, MICHEL SCHIFRES
« La France en position inconfortable », 27 janvier 2003, LUC DE BAROCHEZ
« Le Parlement européen opposé à une action unilatérale », 30 janvier 2003
« Irak : la France pourrait utiliser son veto au Conseil de sécurité », 4 Février 2003
« La France veut renforcer les inspections de l'ONU », 06 février 2003, LUC DE BAROCHEZ
« La France dans la ligne de mire des critiques américaines », 07 février 2003, JEAN-JACQUES MEVEL
« Powell accuse ouvertement Paris et Berlin », 12 février 2003
« La France veut empêcher une résolution autorisant la guerre », 12 février 2003, LUC DE BAROCHEZ
« Les Quinze n'excluent plus un recours à la force », 18 février 2003, PIERRE BOCEV et PHILIPPE GELIE
« Jacques Chirac en première ligne pour dire non à la guerre », 11 mars 2003, LUC DE BAROCHEZ
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« Pour ou contre la guerre », 3 Octobre 2002, VINCENT HUGEUX, PHILIPPE COSTE
« Qui veut la paix... », 28 Novembre 2002, DENIS JEAMBAR
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« Résolution contre l'Irak : les Nations désunies », 25 octobre 2002, p. 13, ROUSSELOT Fabrice
« Irak: Paris ne cède rien à Washington », 28 octobre 2002, p. 12, ROUSSELOT Fabrice
« Dernière chance pour l'Irak », 8 novembre 2002, p. 10, ROUSSELOT Fabrice
« Washington critique la liste des armes remise par l'Irak », 15 décembre 2002, p. 8, RICHE Pascal
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« Chirac: "Rien ne justifie aujourd'hui une guerre" », 11 Février 2003
« Chirac choisit de s’exposer », 12 Février 2003, PHILIPPE GOULLIAUD et MICHEL LECLERCQ
Autres sources
United Nations 1441, 7 Novembre 2002
The New York Times
DOSSIER DE PRESSE
Libération
MONDE, samedi 19 octobre 2002, p. 6, 7
Irak : la résolution de la France
A l'ONU, les Etats-Unis acceptent un texte moins radical.
ROUSSELOT Fabrice
«Pour dire les choses simplement, commente un diplomate, la France a fait reculer Washington.» Après cinq semaines de bagarre à l'ONU, Paris peut se prévaloir d'une victoire diplomatique à New York. Vendredi, la délégation américaine aux Nations unies a fait circuler un nouveau projet de résolution sur l'Irak au sein des cinq membres permanents du Conseil de sécurité. Ce nouveau texte renonce à inscrire un recours automatique à la force contre le régime de Saddam Hussein en cas de non-coopération de celui-ci avec les inspecteurs de désarmement de l'ONU. Il avalise la «démarche en deux temps» préconisée par la France, et prévoit une nouvelle consultation du Conseil de sécurité avant toute intervention militaire éventuelle.
Echanges intenses.
Le changement de ton est radical pour Washington. Dans leur premier projet de résolution, présenté avec les Britanniques, les Américains stipulaient que «tout membre des Nations unies pouvait utiliser toutes les mesures nécessaires» sous-entendu la guerre , pour forcer Saddam Hussein à coopérer. Cette mention a tout simplement disparu, et a été remplacée par deux paragraphes. Dans le paragraphe 9, il est proposé que le chef des experts en désarmement, Hans Blix, transmette un rapport à l'ONU en cas de tout manquement de Bagdad à ses enga gements. Le paragraphe 10, lui, prévoit une réunion immédiate du Conseil de sécurité afin de considérer «les moyens de rétablir la paix et la sécurité internationales» (lire ci-contre).
Le texte de compromis américain est le résultat d'échanges intenses entre la France et les Etats-Unis. C'est le 9 septembre en effet, avant même l'intervention du président George W. Bush à l'ONU, que Jacques Chirac avait exposé son plan en deux temps sur l'Irak, dans une interview au New York Times. Le président français s'élevait contre toute idée d'attaque unilatérale contre Bagdad, et évoquait la nécessité de rédiger une première résolution sur le retour des inspecteurs en désarmement, puis de s'en remettre à l'ONU avant un recours à la force.
Depuis, malgré la pression de Washington, la délégation française aux Nations unies, menée par l'ambassadeur Jean-David Levitte, n'a pas dérogé à cette ligne, soutenu par deux autres membres permanents du Con seil de sécurité avec droit de veto, la Russie et la Chine. Vendredi au sommet de la Francophonie à Beyrouth (lire page 9), Jacques Chirac a réaffirmé sa position. «Dans le monde moderne, le recours à la force ne saurait être qu'un ultime recours, a-t-il déclaré. Il ne saurait être admis qu'en cas de légitime défense ou de décision des instances internationales compétentes. Qu'il s'agisse de faire respecter ses obligations sur l'Irak, de relancer le processus de paix israélo-palestinien ou de régler les conflits en Afrique, la même logique du droit doit nous inspirer.»
Certes, tout n'est pas réglé pour autant. Les négociations qui vont se poursuivre à l'ONU porteront notamment sur les huit autres articles du projet américain, c'est-à-dire les nouvelles conditions des missions d'inspection de désarmement. Selon plusieurs sources diplomatiques, les Américains se sont engagés à ce qu'aucune autre formule dans la résolution ne permette un recours direct à la force. Mais Français, Russes et Chinois s'opposent toujours, par exemple, au souhait de Washington que les inspecteurs soient accompagnés d'un encadrement militaire ou de représentants des membres permanents du Conseil de sécurité, lors de leurs visites sur les sites sensibles. «Il y a encore pas mal de points de détails à régler et souvent le diable est dans les détails», remarque-t-on de source diplomatique.
Discours de fermeté.
Malgré ses concessions, l'administration Bush a continué jeudi et vendredi à marteler un discours de fermeté. Jeudi après-midi à New York, le secrétaire d'Etat Colin Powell a fait référence à la résolution du Congrès américain accordant à George W. Bush le droit d'intervenir, assurant que «les Etats-Unis n'ont pas besoin d'une autre autorité pour agir s'ils se sentent menacés».
Les Américains soulignent en outre que leur projet ne fait pas explicitement référence à la nécessité d'«une seconde résolution» pour une éventuelle attaque. Mais, à en croire de nombreux diplomates, «si on revient devant le Conseil de sécurité avant un recours à la force, les Américains seront les premiers à réclamer une seconde résolution».
Si les choses se déroulent sans accroc, le Conseil pourrait voter pour ou contre la nouvelle résolution américano-britannique avant la fin de la semaine prochaine. Hier, tout le monde se félicitait à New York du fait que les Nations unies aient enfin trouvé une «certaine unité» sur la question irakienne. «Attention, le danger de guerre n'est pas écarté si Saddam Hussein fait la forte tête, prévenait toutefois un diplomate. On est passé d'une possible guerre unilatérale à une possible guerre multilatérale dans laquelle la France et la Russe seraient impliquées au même titre que les Etats-Unis. Il ne faut pas l'oublier.».
Libération
MONDE, dimanche 15 décembre 2002, p. 8
«Trous de mémoire» à charge pour Bagdad
Washington critique la liste des armes remise par l'Irak.
RICHE Pascal
La liste des armements remise par Badgad à l'ONU est «pleine de trous» : c'est le message que diffuse depuis vendredi, sous couvert d'anonymat, des responsables de l'administration Bush. Elle com porte «des omissions assez larges pour y passer un tank», affirme même, menaçant, l'un d'entre eux, cité par le New York Times. «Les Américains ont commencé à préparer le procès à charge», déclarait vendredi un diplomate européen. Les fuites, visiblement bien contrôlées, sur les omissions irakiennes renforcent le sentiment que Washington est déterminé, quoi qu'il arrive, à lancer une offensive militaire contre l'Irak. La Maison Blanche a en effet longtemps répété que la remise de la liste serait la «dernière chance» offerte à Saddam de prouver sa bonne foi, précisant que «toute omission importante» serait considérée comme une «violation patente» des obligations irakiennes, au sens de la résolution 1 441.Prudence. Selon le New York Times, le document irakien ne dirait mot sur la disparition d'agents biologiques et chimiques, sur laquelle enquêtaient les inspecteurs de l'ONU avant que Saddam Hussein mette fin à leur travail en 1998. Il s'agit notamment d'armes au gaz sarin. De même, le chapitre du rapport consacré au nucléaire ne donnerait aucune explication sur le fait que Bagdad ait tenté d'acheter de l'uranium en Afrique. Il ne chercherait pas non plus à justifier l'acquisition de matériel pouvant servir à l'enrichissement d'uranium. A Vienne, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed El-Baradei, a indiqué que beaucoup de documents fournis par l'Irak sur ses programmes nucléaires étaient anciens et que les récents sont «peu significatifs».Pour les «faucons» américains, Bush a déjà de quoi constater la «violation patente» et commencer à bâtir une coalition militaire. Mais la Maison Blanche ne veut pas aller plus vite que la musique. Son porte-parole, Ari Fleischer, a affirmé vendredi qu'il fallait encore travailler «soigneusement» sur la liste. Dans une interview diffusée vendredi par ABC, Bush s'applique à afficher la plus grande prudence. Bush juge qu'il est «trop tôt» pour affirmer que son rapport est mensonger. Lorsque la journaliste, Barbara Walters, insiste : «Que vous dit votre instinct ?», le président ne s'avance guère plus : «Je ne veux rien préjuger sur le rapport.» Il explique qu'il a conscience que s'il prend la décision d'aller à la guerre, cette décision entraînera la disparition d'«êtres aimés», mais il conclut : «Si des troupes sont engagées en Irak, c'est que j'aurais décidé qu'une action militaire peut sauver plus de vies.» Mais l'administration ne fait rien pour laisser croire qu'une autre issue existe. La semaine dernière, une source du département d'Etat confiait : «Pour l'instant, nous ne travaillons sur aucun autre scénario que la confrontation militaire.».
Une nouvelle étape est franchie menant à une guerre contre l'Irak
Pour la France, on ne peut conclure à ce stade à une « violation patente »
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 21 Décembre 2002
« ON NE PEUT PAS conclure aujourd'hui à la violation patente par l'Irak de la résolution 1441. La déclaration de 11 000 pages que Bagdad a fournie n'a pas levé les doutes que nous avions. Mais on ne peut pas aller aujourd'hui au-delà de ce constat », indiquait-on jeudi 19 décembre de source autorisée à Paris. Le fait que des dirigeants américains aient utilisé cette expression de « violation patente », et provoqué de la sorte une forte poussée de tension à New York, relève, selon cette source, « de leur stratégie de pression sur l'Irak » et ne signifie pas qu'ils aient décidé de déclencher une intervention militaire. Quant à la France, contrairement à ce qu'affirmait l' International Herald Tribune jeudi, « ce n'est pas aujourd'hui qu'elle va prendre une décision de cette nature ; elle gardera jusqu'au bout sa liberté d'appréciation ». « Il ne se passera rien de plus au Conseil de sécurité » à ce stade, ajoute-t-on. Les inspecteurs n'ont fait jeudi « qu'une évaluation préliminaire » et ils vont à présent poursuivre leur travail. « Il serait urgent, souligne-t-on néanmoins, que l'Irak comprenne le message, qu'il comprenne qu'une pleine coopération de sa part est requise. »
Le document fourni par Bagdad n'est pas satisfaisant pour les autorités françaises, qui lui reprochent de ne fournir aucun élément sur ce qui s'est passé depuis le départ de la précédente mission d'inspecteurs en désarmement, fin 1998. Par ces lacunes, l'Irak a fait « une faute d'appréciation » : « Les conséquences risquent d'être plus graves, si les inspecteurs découvrent des armes ou installations prohibées, que si Bagdad les avait déclarées. » Mais Paris s'en tient à son interprétation de la résolution 1441 : c'est aux inspecteurs qu'il revient de procéder aux vérifications là où le doute persiste et en cas de refus de coopérer de la part de l'Irak, c'est au Conseil de sécurité qu'il reviendrait d'en apprécier la portée et de décider des mesures à prendre.
Mercredi déjà, le ministre des affaires étrangères, Dominique de Villepin, avait souligné que la réunion du Conseil de sécurité prévue pour le lendemain n'était qu' « une étape » vers l'objectif du désarmement de l'Irak. « Pour la France, la clé du dispositif [de la résolution 1441], c'est l'exigence de coopération de l'Irak ». Le ministre britannique de la défense avait exprimé la même position : « La résolution 1441 indique clairement que ce ne sont pas seulement des trous dans le dossier mais des obstructions délibérées de l'Irak à l'égard des inspecteurs » qui constitueraient une « violation caractérisée » .
Jeudi, M. de Villepin a commenté l'inventaire fourni par l'Irak de ses programmes d'armement : « Il y a des zones d'ombre, et nous faisons confiance à Hans Blix et Mohamed El Baradei pour compléter cette déclaration, pour vérifier sur le terrain les informations qu'elle contient. » « Le recours à la force n'a de sens que si la coopération de l'Irak s'avère impossible », a-t-il redit. « Nous assumons nos responsabilités dans le cadre du Conseil de sécurité. Il est évident que si la communauté internationale décidait d'agir, la France tiendrait ses engagements. »
CLAIRE TREAN
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 18.01.03
• LE MONDE | 21.01.03 | 13h05
Irak : la France menace d'utiliser son veto contre une guerre américaine
Le Conseil de sécurité s'est profondément divisé, lundi 20 janvier, à une semaine du rapport que doivent présenter les inspecteurs du désarmement de l'Irak. Alors que les Etats-Unis estiment que "le temps est compté" et déploient des troupes supplémentaires dans la région, la France a sèchement signifié qu'elle s'opposerait à ce stade à toute opération militaire. "Aujourd'hui, rien ne justifie d'envisager l'action militaire. (...) Le travail des inspecteurs est satisfaisant", a déclaré le ministre des affaires étrangères, Dominique de Villepin, soutenu par l'Allemagne, la Chine et la Russie. La France brandit la menace d'utiliser son droit de veto au Conseil pour bloquer une résolution américaine qui ouvrirait la voie à la guerre. Washington a paru surpris par cette opposition, Colin Powell annonçant de nouvelles "conversations".
New York (Nations unies) de notre correspondante
La guerre contre la guerre a commencé au Conseil de sécurité des Nations unies. Avant même d'entendre le rapport que doivent faire le 27 janvier les inspecteurs de l'ONU, la France a fait connaître son opposition, lundi, à la faveur d'une réunion ministérielle consacrée à la lutte antiterroriste. "Rien ne justifie aujourd'hui d'envisager une action militaire", a déclaré Dominique de Villepin, en rejetant l'"aventure" et le "raccourci militaire" que proposent les Etats-Unis. D'autres pays, l'Allemagne et la Chine, ont aussi confirmé clairement leur position. Si le débat de l'après-27 janvier paraissait imprécis, la journée de lundi l'a fait sortir du flou.
L'idée d'une réunion au sommet sur le terrorisme avait été lancée par la France, début janvier, pour rappeler que l'Irak n'est pas le seul problème de la planète. Lundi, Dominique de Villepin a profité de la conférence de presse réservée au président en exercice du Conseil pour faire entendre l'opposition de Paris à l'interruption des inspections en Irak, dans ce que le Washington Post a joliment qualifié de "version diplomatique de l'embuscade".
Devant un auditoire peu habitué à entendre agiter à pareille allure des concepts tels que le droit, la justice, la morale et la solidarité, toutes notions dont la France s'estime "comptable sur le plan international", M. de Villepin a répété ce qu'il avait dit la veille en privé au secrétaire d'Etat, Colin Powell : "Prêtons attention aux peuples du monde." Il semblerait que les Français aient été agacés que certaines rumeurs, à Washington, aient porté au compte des nécessités de la politique intérieure française les réticences de Paris à tirer les mêmes leçons que l'administration Bush du manque de coopération "active" des Irakiens.
Le ministre a donc longuement expliqué (interviews au New York Times, à la BBC, à la télévision publique, etc.) pourquoi la France dit non aujourd'hui à toute guerre en Irak et pourquoi elle estime que toute intervention poserait une question de "légitimité". Les inspections se déroulent de manière satisfaisante, a-t-il estimé. Le choix qui se présente est soit de permettre aux inspecteurs de poursuivre leur mission, soit d'"avancer, parce que nous serions impatients, dans la voie de l'intervention militaire". "Nous disons : "Soyons prudents". Le monde est malade. Le monde est en grand désordre."
"LE RISQUE DE LA PAIX"
La France utiliserait-elle son droit de veto ? a immédiatement demandé un journaliste, prenant la mesure du clash qui s'annonce à l'ONU. Le ministre a fait comprendre que rien n'était exclu. "Croyez bien qu'en matière de respect des principes, nous irons jusqu'au bout", a-t-il dit. M. de Villepin a enfin fait quelques mises au point à l'adresse de "nos amis américains". "C'est une chose que de décider d'une intervention. C'est autre chose que de régler les problèmes", a-t-il indiqué. "Il faut prendre le risque de la paix."
Au même moment, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, exposait lui aussi sa position. D'entrée, il a minimisé les concessions sur le régime d'inspections faites le même jour par les Irakiens.
"L'Irak ne répond qu'aux pressions", a-t-il expliqué. M. Powell est apparu sur la défensive, presque las. Pendant son discours devant le Conseil, il s'est écarté du texte préparé d'avance pour appeler le Conseil à ses responsabilités. Trois fois, il a répété la même expression ("shrink", rétrécir) pour expliquer que la communauté internationale, après avoir voté à l'unanimité la résolution 1441, ne pouvait pas subitement se "dérober" à ses responsabilités. Dans sa conférence de presse, il a assuré que les Etats-Unis n'avaient "pas l'intention d'envahir ou d'attaquer l'Irak", mais c'était un lapsus, il était interrogé sur la Corée du Nord.
Pendant ses entretiens bilatéraux, M. Powell a pris bonne note des positions de ses interlocuteurs mais il a aussi dressé la feuille de route du Conseil. Après le rapport qu'effectueront MM. Blix et ElBaradei, a-t-il dit, le débat devra continuer le 29 janvier à l'ONU et dans les jours suivants. Il y aura "de nombreuses conversations" entre les ministres des affaires étrangères et "au niveau des chefs d'Etat".
Le projet américain semble être de vouloir amener le Conseil à se prononcer sur un défaut de coopération irakien à l'aide d'une deuxième résolution. Le ministre allemand des affaires étrangères, Joshka Fischer, a répété, lundi, que l'Allemagne ne voterait pas un tel texte. "L'Irak coopère sur le terrain et nous sommes dans la bonne direction, a-t-il souligné ; une attaque militaire contre le régime de Bagdad pourrait présenter des risques considérables et imprévisibles pour la lutte mondiale contre le terrorisme."
Le ministre chinois, Tang Jiaxuan, a été, lui aussi, très clair sur le soutien sans faille que son pays apporte aux inspecteurs de l'ONU. Le 27 janvier ne doit être, selon lui, que le "début" de leurs travaux. Si l'on ajoute la Russie, le Mexique et la Syrie, 6 pays sur les 15 du Conseil sont donc sur une ligne clairement favorable à la poursuite des inspections.
Colin Powell a reçu en revanche le soutien du ministre britannique, Jack Straw. S'il y avait clarification à effectuer côté anglais, elle l'a été. Comme son homologue américain, M. Straw a mis en doute les ouvertures irakiennes, lesquelles ne l'ont guère "impressionné". "L'Irak doit cesser ce jeu du chat et de la souris", a-t-il dit. Il a souligné la préférence de Londres pour une décision rassemblant le Conseil de sécurité mais estimé que, dans le cas contraire, les pays intéressés devraient se réserver le droit d'intervenir sans l'aval de l'ONU, "comme nous l'avons fait au Kosovo".
Corine Lesnes
États-Unis-Europe : faut-il croire à la fracture ?
Donald Rumsfeld dénonce la «vieille Europe» Jacques Chirac et le chancelier allemand Gerhard Schröder ont tenté hier de calmer le jeu après les acerbes critiques de Donald Rumsfeld contre Paris et Berlin. Le chancelier Schröder a souligné que l'Allemagne ne pourrait accepter «une légitimation de la guerre» en cas de vote au Conseil de sécurité de l'ONU dont elle est membre non permanent depuis le 1er janvier. Une position que la France, membre permanent a approuvée. La Maison-Blanche a voulu minimiser la polémique en soulignant que la France restait une alliée des États-Unis et que la position de Paris sur une éventuelle participation à une coalition militaire contre l'Irak n'était pas encore arrêtée. «Le président a clairement dit qu'il était important de travailler en contact étroit avec nos alliés et pour l'Irak de recevoir des signaux aussi peu équivoques que possible», a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Ari Fleischer. «Les États-Unis pensent que les Nations unies sont un canal utile», a-t-il ajouté, ajoutant toutefois que «ce n'était pas le seul». De son côté, Moscou a réitéré son opposition à une opération armée contre l'Irak sans l'aval de l'ONU. Dans une conversation téléphonique, le président russe Vladimir Poutine a insisté auprès de George W. Bush pour que «les conclusions des inspecteurs internationaux (...) constituent le critère essentiel dans l'évaluation de la situation».
New York : de notre correspondant Jean-Louis Turlin
[24 janvier 2003]
Le Figaro
Tempête dans un verre d'eau ? La Maison-Blanche et le secrétaire d'État Colin Powell ont tenté, hier, de calmer les remous provoqués de l'autre côté de l'Atlantique par les remarques de Donald Rumsfeld reléguant la France et l'Allemagne à l'arrière-garde de «la vieille Europe».
Le chef de la diplomatie américaine a corrigé le tir de son collègue du Pentagone qui avait manifestement cherché, la veille, à marginaliser l'opposition franco-allemande à une guerre imminente en Irak : «Les idées divergent (NDLR : selon les pays) en ce moment sur la façon de procéder (...). Nous écoutons les autres (...). Il y a un moyen d'avancer si nous restons unis», a dit Colin Powell lors d'un point de presse au département d'État tandis que son homologue britannique Jack Straw, qu'il venait d'accueillir, estimait encore possible une solution «pacifique» à la crise irakienne.
Sur le fond, rien n'a changé. La Maison-Blanche ne renonce pas à faire rentrer les récalcitrants dans le rang : «Le président a confiance que l'Europe entendra l'appel», a dit hier son porte-parole Ari Fleischer, tout en reconnaissant qu'«il est entièrement possible que la France ne soit pas sur la même ligne».
Bref, Washington tient à préserver les chances, aussi fragiles soient-elles, de parvenir à un consensus au Conseil de sécurité des Nations unies sur les conséquences à tirer du rapport que présenteront lundi les chefs des inspecteurs. Donald Rumsfeld avait bien failli les saboter.
Le franc-parler du chef des militaires s'accommode mal des nuances du langage diplomatique. Ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l'Alliance atlantique, Donald Rumsfeld a parlé du «problème» posé par la position de la France et de l'Allemagne au sein de l'Otan, pour aussitôt douter de sa représentativité dans une organisation qui intègre aujourd'hui des pays de l'ancien bloc soviétique et incarnent «la nouvelle Europe».
«Vous pensez à l'Europe en tant que France et Allemagne», a-t-il expliqué devant la presse étrangère mercredi à Washington. «Pas moi. Je crois que ça, c'est la vieille Europe. Si vous considérez l'Europe de l'Otan dans son ensemble aujourd'hui, le centre de gravité se déplace à l'Est. Et il y a beaucoup de nouveaux membres qui ne sont pas avec la France et l'Allemagne, mais avec les États-Unis», a précisé le secrétaire à la Défense en pensant sans doute à la Pologne, qui vient de commander des avions militaires aux Américains plutôt qu'à Dassault.
Le message ne s'adressait pas seulement aux Européens. Donald Rumsfeld a annoncé que désormais, tous les points de presse du Pentagone seraient accessibles en Irak grâce à l'opération «Commando Solo», un avion des forces spéciales de type EC 130 capable de transmettre des signaux TV et radio partout dans le monde. La machine de guerre propagandiste est lancée.
Elle s'accompagne d'une mobilisation sur le front diplomatique que l'initiative de Dominique de Villepin lundi à l'ONU, dans le cadre de la réunion sur le terrorisme, a peut-être précipitée. Le secrétaire d'État Colin Powell l'a jugée «malheureuse» sur les antennes de la chaîne PBS mercredi soir, estimant que son collègue français avait transformé cette réunion en forum sur l'Irak. Façon élégante d'avouer qu'on s'est fait piéger. Mais la France a peut-être poussé son meilleur interlocuteur dans le camp des faucons, estiment certains observateurs américains.
L’Express
jeudi 30 janvier 2003
Irak: huit pays européens apportent leur soutien à Washington
Les dirigeants de huit pays européens, à l'exception notable de la France et de l'Allemagne, apportent jeudi dans une lettre commune un soutien puissant à la ligne défendue par Washington et Londres sur l'Irak, plus que jamais sous la menace d'une attaque militaire américaine. D'intenses consultations diplomatiques se sont engagées mercredi à l'Onu sur le dossier irakien, Londres et Washington allant jusqu'à signifier à Saddam Hussein que la partie était "finie" et qu'il n'avait d'autre choix que plier pour éviter une guerre. Cependant, selon l'ambassadeur de France aux Nations Unies, Jean-Marc de La Sablière, une majorité de pays membres du Conseil de sécurité continue à vouloir laisser plus de temps aux inspecteurs en désarmement de l'Onu, avec qui l'Irak a promis de coopérer plus activement. Le Conseil de sécurité des Nations Unies était réuni à huis clos, deux jours après un bilan sévère dressé par les inspecteurs en désarmement sur le travail mené sur le terrain, et une semaine avant que Washington vienne présenter ses preuves contre le régime irakien. Les Etats-Unis et la Grande Bretagne ne sont pas parvenus à convaincre le Conseil que le "temps de l'action diplomatique est presque terminé", comme l'a déclaré l'ambassadeur américain, John Negroponte, ou qu'il était temps que Bagdad réalise que "le jeu est fini", comme a estimé plus directement son collègue britannique, Jeremy Greenstock. Seules l'Espagne et la Bulgarie, selon des diplomates ayant participé aux consultations à huis clos, se sont prononcées dans le sens de Washington. Au contraire, le représentants des onze autres pays membres du Conseil, se sont, selon ces mêmes sources, accordé pour souligner que l'Irak devrait coopérer mieux et plus activement avec les inspecteurs mais que les inspections étaient utiles et qu'il ne fallait pas y mettre fin. En marge de la réunion, l'ambassadeur irakien à l'ONU, Mohamed Al-Douri, a assuré que son pays avait l'intention de "coopérer activement" avec les inspecteurs.
Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, selon des rumeurs insistantes circulant dans les couloirs de l'Onu, pourraient "s'estimer contraints" de déposer une résolution ouvrant la voie à une opération militaire, peut-être à l'issue d'un bref délai -une ou deux semaines- en forme d'ultimatum. Dans une lettre parue jeudi dans le quotidien londonien Times, les dirigeants de la Grande-Bretagne, l'Espagne, l'Italie, le Portugal, la Hongrie, le Danemark, la Pologne et la République tchèque estiment que la crédibilité des Nations unies est en jeu, dans la crise irakienne. "Nous ne pouvons pas permettre à un dictateur de violer systématiquement ces résolutions. Si elles ne sont pas respectées, le Conseil de sécurité perdra sa crédibilité et la paix mondiale en pâtira", écrivent les signataires. "Notre force réside dans l'unité", indique la lettre, ajoutant que le rapport des inspecteurs en armements de l'Onu publié lundi a confirmé le comportement du président irakien Saddam Hussein fait de "tromperie, dénégation et de refus de se conformer" aux injonctions internationales.
• LE MONDE | 01.02.03 | 13h08
• MIS A JOUR LE 04.02.03 | 08h46
Une seconde résolution sur l'Irak divise Européens et Américains
George Bush n'accepterait un nouveau vote du Conseil de sécurité de l'ONU qu'à condition qu'il ne retarde pas ses préparatifs de guerre.
Washington de notre correspondant
Les Etats-Unis estiment qu'ils n'ont pas besoin d'un nouveau vote du Conseil de sécurité de l'ONU pour attaquer l'Irak. "La résolution 1441 nous autorise à agir", a déclaré George Bush, vendredi 31 janvier, après un entretien avec Tony Blair à la Maison Blanche. Cependant, le président américain n'a pas écarté l'hypothèse d'une seconde résolution, "si cela envoie un nouveau signal à Saddam Hussein". Il a précisé qu'il n'est pas question, à ses yeux, de recommencer des négociations comme celles de l'automne, qui ont abouti au vote unanime du Conseil de sécurité sur la résolution 1441. "Les Etats-Unis résisteront à toute tentative pour retarder ce processus pendant des mois", a prévenu M. Bush.
Le premier ministre britannique a plaidé pour une seconde résolution, car il est important, a-t-il dit, que les Nations unies fassent preuve d'unité, comme lors du vote du 8 novembre. Tony Blair a exprimé son accord avec la position américaine sur des points essentiels. Il a expliqué que la résolution 1441 donnait à Saddam Hussein "une dernière occasion de désarmer" et que le rapport de Hans Blix au Conseil de sécurité, le 27 janvier, "a montré que ce n'est pas ce qu'il fait". Dès lors, a-t-il dit, l'Irak "est en violation de la résolution de l'ONU". Dans ces conditions, il n'est plus question d'évaluer le comportement de Saddam Hussein, mais de décider de la marche à suivre pour y mettre fin.
M. Blair et M. Bush ont rejeté dans les mêmes termes la nouvelle invitation adressée par Bagdad aux chefs des inspections, Hans Blix et Mohamed ElBaradei, qui se sont déjà rendus dans la capitale irakienne les 19 et 20 janvier. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne considèrent cette incitation comme une nouvelle manœuvre de retardement, une tentative pour "jouer les mêmes jeux que depuis le début", a dit M. Blair. M. Bush a répété que la résolution ne prévoit pas de "négociations" entre les dirigeants irakiens et les inspecteurs, ceux-ci étant seulement chargés de vérifier les preuves de désarmement que devrait leur présenter Bagdad.
Les chefs des inspections ont répondu aux Irakiens qu'ils ne retourneront pas à Bagdad tant que les demandes qu'ils ont faites ne seront pas satisfaites. Sans partager le point de vue américain sur l'attitude de l'Irak et sur les conséquences qu'il convient d'en tirer, M. Blix a indiqué qu'il ne demandera pas davantage de temps pour les inspections alors que l'Irak ne coopère pas. "Je serais content d'avoir davantage de temps, mais je ne plaiderai pas pour cela", a-t-il dit à New York.
M. Bush a indiqué que l'exposé que fera le secrétaire d'Etat, Colin Powell, au Conseil de sécurité, mercredi 5 février, "montrera clairement que Saddam Hussein trompe le monde ou essaye de le tromper". Dans un entretien publié vendredi par le New York Times, M. Blix s'est déclaré en désaccord avec le gouvernement américain, particulièrement sur le soupçon d'infiltration des inspections par les Irakiens, mais il a répété que ces derniers n'apportent pas la coopération qui permettrait aux inspecteurs de dire si, oui ou non, Bagdad détient encore ou cherche à produire des armements interdits. L'hebdomadaire Newsweek a affirmé, vendredi, sur son site Internet, que M. Powell fera état, à l'ONU, de communications interceptées par l'Agence nationale de sécurité (NSA), le service américain spécialisé dans l'espionnage électronique, selon lesquelles des responsables irakiens organisent le déplacement et la dissimulation des matériels recherchés.
Dès lors que chacun convient que l'Irak ne respecte pas la résolution 1441, la décision d'employer la force va de soi pour les Etats-Unis et pour la Grande-Bretagne. Le gouvernement américain estime que la France, en plaidant, en fait, pour un retour à la politique d'endiguement, méconnaît la résolution qu'elle a elle-même contribué à rédiger et votée. Le 8 novembre, le Conseil de sécurité n'a pas décidé de renvoyer en Irak des inspecteurs - au nombre de 108, a répété, vendredi, M. Bush - pour que leur présence "gèle" les programmes d'armement de Saddam Hussein, selon le mot employé par le ministre français des affaires étrangères, Dominique de Villepin, le 20 janvier. L'objet de la résolution 1441 est le désarmement, soit volontaire, soit contraint.
La seconde résolution, envisagée par M. Bush et pour laquelle insiste M. Blair, mettra Jacques Chirac en demeure de choisir. Dans l'avion qui l'amenait à Washington, M. Blair a déclaré, aux journalistes qui l'accompagnaient, qu'il "croit possible" le vote d'une seconde résolution. Officieusement, la Maison Blanche a indiqué que le ralliement de la France est, pour Washington, un objectif important. Le premier ministre britannique doit s'entretenir avec le président français, mardi 4 février. M. de Villepin sera au Conseil de sécurité le lendemain. Une conversation téléphonique est prévue entre M. Bush et M. Chirac, mais la date n'en est pas fixée.
Patrick Jarreau
Irak : la France pourrait utiliser son veto au Conseil de sécurité
Le président Jacques Chirac a déclaré mardi au Touquet, en présence de Tony Blair, qu'il décidera «le moment venu et compte tenu des circonstances» si la France utilisera son droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Irak. Il a réitéré qu'«une guerre c'est toujours la plus mauvaise des solutions». «Nous estimons qu'il y a encore beaucoup à faire sur le plan du désarmement par des moyens pacifiques», a ajouté M. Chirac. Le président a reconnu une approche différente du problème irakien avec Tony Blair, mais commune concernant le désarmement de l'Irak qui «doit être conduit au sein du conseil de sécurité de l'ONU». En outre, les deux pays ont pour «objectif» d'avoir «en permanence un porte-avions européen disponible», de manière à renforcer «la coopération européenne en matière de sécurité et de défense».
Avec AFP
[04 février 2003]
Le Figaro
Le 25ème sommet franco-britannique, mardi au Touquet (Pas de Calais), devrait consacrer un renforcement de la coopération en matière de défense, de contrôle des frontières ou d'éducation, même si ces sujets risquent d'être éclipsés par les divergences sur la crise irakienne.
Le président Jacques Chirac a accueilli en fin de matinée le Premier ministre britannique Tony Blair dans cette station balnéaire de la Côte d'Opale sur la Manche, très prisée par les Anglais.
Sur la place de l'Hôtel de Ville, bâtiment de style anglo-normand de 1931, les deux dirigeants ont pris un bain de foule. Plusieurs centaines de personnes, agitant de petits drapeaux français et britanniques, leur ont réservé un accueil chaleureux.
Arrivé quelques instants auparavant, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin avait également serré les mains de partisans. MM. Chirac, Blair et Raffarin ont ensuite eu leur premier entretien au cours duquel ils devaient évoquer la situation en Irak, à la veille d'une réunion cruciale du Conseil de sécurité des Nations Unies. Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a promis de faire une démonstration «convaincante» que l'Irak a toujours des armes de destruction massive.
Principal allié des Etats-Unis, Tony Blair devrait informer Jacques Chirac de ses entretiens avec le président américain George W. Bush, vendredi à Washington. Alors que la France affirme que «rien ne justifie aujourd'hui une guerre», le Premier ministre britannique espère convaincre le président français de soutenir le vote par l'ONU d'une deuxième résolution visant à autoriser une action militaire contre l'Irak.
A la veille du sommet, Jean-Pierre Raffarin a prévenu: «Nous avons fermement l'intention de conserver notre autonomie» sur l'Irak.
Toutefois, Paris et Londres sont déterminés à ne pas laisser leur désaccord sur l'Irak altérer leur relation. «Ce n'est pas un sommet sur l'Irak», soulignait mardi un porte-parole de Tony Blair, en égrénant les autres sujets bilatéraux sur lesquels les deux pays ont des liens étroits.
Ainsi, en matière de défense, la France et la Grande-Bretagne entendent promouvoir l'engagement de l'Union européenne dans la gestion des crises et renforcer substantiellement leurs capacités militaires. A cette fin, elles annonceront la constitution d'une force navale européenne, formée d'un porte-avions et de son escadre en permanence en état d'alerte, selon la presse britannique.
Selon le Times (conservateur), l'Italie et l'Espagne, qui disposent chacune d'un porte-avions, seront associées à cette force navale, les quatre pays coopérant pour établir le calendrier des entraînements, de la maintenance et des réparations.
Selon le Daily Telegraph (droite), «l'objectif sera d'avoir en permanence un porte-avions européen disponible». Le sommet devrait également adopter une déclaration sur l'Afrique prévoyant un renforcement de la coopération franco-britannique en faveur du développement, de la bonne gouvernance et de la paix. Les ministres des Affaires étrangères seront chargés d'effectuer une visite conjointe dans la région des Grands Lacs, a-t-on appris de source française.
La France veut empêcher une résolution autorisant la guerre
Luc de Barochez
[12 février 2003]
Le Figaro
Patiemment, la France continue à édifier pierre par pierre un fragile rempart contre la guerre en Irak. Elle a enregistré hier le ralliement de la Chine, après ceux de l'Allemagne et de la Russie. Parallèlement, elle a concrétisé sa démarche pour une alternative pacifique en diffusant ses propositions de renforcement des inspections auprès des chefs des inspecteurs et de ses partenaires du Conseil de sécurité de l'ONU. Enfin, elle a fait diffuser comme document du Conseil de sécurité la déclaration franco-germano-russe publiée avant-hier.
L'idée est de susciter un maximum de ralliements à la revendication d'une poursuite de la mission des inspecteurs en désarmement. La France espère que si le «camp de la paix» s'étoffait suffisamment dans les jours qui viennent parmi les quinze pays membres du Conseil de sécurité, au point de constituer une minorité de blocage d'au moins six ou sept pays, cela pourrait décourager les États-Unis et la Grande-Bretagne de présenter rapidement un projet de résolution ouvrant la voie à la guerre. Une résolution, pour être adoptée, doit en effet recueillir neuf voix favorables (et ne faire l'objet d'aucun veto).
Pour convaincre les chefs des inspecteurs, dont la coopération est indispensable, et pour emporter l'adhésion des pays non membres permanents du Conseil de sécurité, les diplomates français ont présenté un argumentaire de 4 pages. Ce texte, qui n'a pas de caractère officiel («non papier», disent les diplomates), détaille les propositions exposées le 5 février à New York par le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin. Elles visent à accroître l'efficacité des inspections en les rendant «plus intensives, plus directives et plus intrusives» :
Triplement du nombre des inspecteurs. Jusqu'à présent, à peine la moitié des sites identifiés ont été visités. Les inspecteurs sont au nombre de 119 en Irak, pour des séjours d'environ 3 mois. Environ 250 autres, déjà formés, attendent de les relever. En allongeant la durée des séjours, en mobilisant les experts restants et en en formant de nouveaux, un triplement «pourrait être réalisé rapidement».
«Étoffement significatif» du corps de sécurité qui assure la protection des locaux des inspecteurs. Les gardes (qui ne sont pas des Casques bleus) seraient utilisés pour surveiller des sites suspects ou garder en permanence ceux qui ont déjà été inspectés.
Diversification des types d'inspecteurs, en y incluant des experts douaniers, des analystes comptables et des archivistes.
Création d'équipes mobiles de contrôle douanier pour patrouiller les zones frontalières, notamment dans l'ouest du pays, pour s'assurer de l'absence d'importation de biens prohibés.
Intensification de la surveillance aérienne avec l'emploi de deux Mirage IV français, d'Antonov russes et de drones allemands, outre les avions américains U2 que l'Irak vient d'accepter.
Création d'un centre de renseignements pour collecter et traiter les informations issues des services de renseignement nationaux.
Installation à Bagdad d'un coordonnateur permanent des inspections.
Après-demain, les chefs des inspecteurs, Hans Blix et Mohamed ElBaradei, doivent présenter au Conseil de sécurité un nouveau rapport sur leurs activités. Paris espère qu'ils reprendront à leur compte tout ou partie des idées françaises. Elles ne nécessitent pas l'adoption d'une nouvelle résolution pour être appliquées. Les pays qui, comme la France, souhaitent que les inspecteurs puissent continuer à travailler jusqu'au désarmement complet de l'Irak, verraient leur position renforcée.
Du point de vue américano-britannique, la proposition française présente l'inconvénient majeur d'autoriser le maintien de Saddam Hussein, dont l'éviction est l'un des buts de guerre de Washington. A Paris, on fait remarquer que la communauté internationale n'a pour objectif officiel que le désarmement de l'Irak.
La France exclut dans l'immédiat toute possibilité de compromis avec les États-Unis, constatant que Washington ne laisse d'autre choix à ses alliés que de souscrire à la guerre ou d'affronter les foudres américaines. La tentative de mettre les États-Unis en minorité au Conseil de sécurité apparaît comme la réponse du berger à la bergère. Elle est risquée, Washington pouvant encore tordre quelques bras parmi les membres non permanents. Si c'était la France qui était mise en minorité, elle n'aurait plus à sa disposition que le recours au veto pour empêcher une résolution de guerre. Un choix cornélien.