L'humanisme de la Renaissance contraste singulièrement avec la scolastique moyenageuse et incarne un profond renouveau artistique marqué par la redécouverte des modèles antiques ou encore par le retour en force des repré

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L’humanisme de la Renaissance contraste singulièrement avec la scolastique moyenageuse et incarne un profond renouveau artistique marqué par la redécouverte des modèles antiques ou encore par le retour en force des représentations de la nature.  Le paysage, bien qu’ayant du mal à se faire tout d’abors reconnaître comme genre à part entière acquiert progressivement ses lettres de noblesse.  Cependant, les artistes utilisent souvent des prétextes, parfois mythologiques, pour pouvoir se concentrer sur un paysage particulier.  Nous nous proposons de faire l’étude du tableau de Nicolas Poussin intitulé Paysage avec un homme poursuivi par un serpent.  De nombreux paysages peints par Poussin mettent en effet l’accent sur un certain type de relation entre l’homme et son environnement.  Le paysage, non envisagé comme une simple description, semble être le lieu où les personnages sont en proie à leur destin.  Ici, nous pouvons voir le serpent comme un rappel de la mort même dans un environnement le plus idyllique, faisant ainsi référence à un célèbre poème de Virgille.  Le tableau est une huile sur toile, non signée, de petites dimensions 64.8x79.9cm.  La datation cependant nous est inconnue mais on attribue traditionnellement les paysages à la période de maturité (1642-1652) dans l’œuvre de Poussin. L’œuvre aurait donc été réalisée en 1648 dans le cadre d’une commande pour Cassiano Del Posso. Cependant, des découvertes récentes sur les premiers paysages de l’artiste nous invitent à une datation plus précoce de ce tableau.  Les dates de 1633-1635 sont même avancées par certains spécialistes.  Au Musée des Beaux Arts de Montréal depuis 1975, ce tableau est référencé sous le numéro d’inventaire 1975.15 et occupe une place de choix dans le musée puisque c’est l’un des premiers purs paysages de l’artiste.

        Débutons notre étude par une biographie de l’artiste, Nicolas Poussin, considéré par beaucoup de spécialistes comme « le plus grand des peintres français du XVIIe siècle »  Nicolas Poussin naquit en 1594 dans le hameau de Villers en Normandie.  Il semble que, très jeune, l’artiste ait reçu une très solide éducation.  Lisant couramment le latin, le jeune Poussin se passionne pour des classiques de Virgile à Tite-Live.  Cela exercera une forte importance dans l’inspiration du futur artiste.  Des rudiments de peinture lui furent également inculqués.  Les peintres tels que Noël Jouvenet, jeune artiste de la région de Rouen, disent avoir enseigné au jeune Poussin les principes de la peinture.  Vers 1613, Poussin décide de se rendre à Paris où il parvient à être introduit dans les salons de Marie de Médicis.  C’est là le premier contact du peintre avec la peinture italienne.  Poussin aurait d’ailleurs fait peu après un voyage à Florence mais n’aurait pu se rendre à Rome.  En 1612-1614, des documents nous indiquent que le peintre aurait séjourné dans l’atelier du peintre Lorrain Georges Lallemant et aurait cotoyé le célèbre portraitiste Ferdinand Elle.   La première commande que le peintre reçoit est celle de six grandes toiles en l’honneur de la canonisation des saints fondateurs de l’ordre jésuite.   L’artiste goûte alors à ses premiers succès et se lie d’amitié avec Le Cavalier Martin, poète qui saura se montrer un des ses plus fidèles protecteurs.  En 1623, Poussin reçoit la commande pour La Mort de La Vierge destinée à l’un des autels de Notre-Dame.  Dès 1624, l’artiste déjà renommé, entreprend un voyage pour Rome, capitale culturelle d’une importance majeure.  Poussin se trouve rapidement au sein de l’Académie de Saint-Luc, regroupement d’artistes.  Grâce à de grands appuis, Poussin parviendra notamment à bien intégrer le milieu des collectionneurs romains.  On pense que sa production profane, parfois même érotique, daterait de son voyage à Rome.  Le Triomphe d’Ovide du Palais Corsini à Rome en est un exemple.  En 1627, Poussin, grâce à la formidable œuvre, La Mort de Germanicus, se voit attribuer une commande pour l’autel Saint-Pierre de Rome.  Ce sera Un martyre de Saint Erasme.  Dès 1630, toujours à Rome, Poussin cesse de fréquenter les courtisanes romaines, se marie et vit désormais une vie paisible.  Il décide alors de renoncer aux commandes prestigieuses pour se consacrer aux tableaux d’amateurs.  Les commanditaires feront surtout partie de son cercle d’amis.  On note la présence de Cassiano Del Pozzo pour qui Poussin effectuera plus tard Paysage avec un homme poursuivi par un Serpent ainsi que la première série des Sept Sacrements.  Possédant désormais une réputation internationale, Poussin reçoit plusieurs commandes de France, notamment une du Cardinal Richelieu pour les quatre célèbres Bacchanales qui furent livrées en 1636.  Ensuite, vers 1640, Poussin est rappelé à Paris dans le cadre d’un grand programme de mécénat visant à attirer en France les plus grands peintres.  Poussin reçoit de Louis XIII et de la Cour tous les honneurs mais croule sous le poids des incessantes commandes pour le Louvre, la Nouvelle Imprimerie Nationale, le Noviciat des Jésuites avec le célèbre Miracle de Saint François-Xavier.  Pourtant épuisé, Poussin montre le désir de retourner à Rome, autorisation que le roi lui accorde.  Débutent alors dès 1642 pour Poussin, les années paisibles de la maturité.  Succédant à Urbain VIII, Le Pape Innocent X montre peu d’intérêt envers l’art et semble hostile envers les artistes étrangers.  Poussin se lie d’amitié avec Charles Le Brun qui séjourne alors brièvement à Rome.  Il entreprend également une série de paysages dès 1647-1648.  C’est d’ailleurs pourquoi certains spécialistes pensent que Paysage avec un homme poursuivi par un serpent daterait de 1648.  Cependant, à cette date, Poussin effectue surtout des paysages pour Fréart de Chantelou, admirateur français et non plus pour Dal Pozzo qui serait le commanditaire du Paysage avec un homme poursuivi par un serpent.  C’est pourquoi certains spécialistes préfèrent dater l’œuvre vers 1633-1635, années de l’épanouissement romain du peintre.   Les dernières années de la vie du peintre seront surtout entachées par la maladie et les deuils.  En 1657, le Cardinal Del Pozzo, fidèle mécène, meurt et l’année 1664 est marquée par la mort de sa femme.  Poussin élu en 1657 Prince de l’Académie Saint-Luc, refuse cet honneur et vit plutôt retiré.  Sa dernière œuvre Apollon et Daphnée restera inachevée.  Le peintre s’éteint le 19 novembre 1665.  Revenons maintenant à note œuvre et penchons nous plus particulièrement sur l’analyse historique et matérielle de l’œuvre.

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        La peinture, huile sur toile, fut acquise en 1975 par le Musée des Beaux Arts de Montréal au sein de la Collection Permanente.  Le Musée a acheté le tableau de la Collection de Sir Anthony Blunt, historien d’art réputé.  Grand amateur des paysages de Poussin, Blunt qualifie Paysage avec un homme poursuivi par un serpent de l’un des premiers « purs paysages » de l’artiste.  Cette œuvre qui occupe une place maîtresse au Musée a été achetée 2 millions de dollars grâce à un fond spécial de remplacement à la suite d’un vol survenu au musée en 1972.  Il s’agit là ...

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