La beauté selon Hutcheson.

                  Il y a deux types de beautés : originelle ou comparative. La beauté absolue est cette beauté que nous saisissons immédiatement dans un objet sans le comparer à autre chose. Un beau visage, un bel animal, une belle chanson, etc. Toutes ces beautés sont des beautés absolues. La beauté comparative (ou relative) est la beauté que l’on ressent en voyant un objet qui comporte des ressemblances à un autre : l’art imitatif par exemple.

        La beauté, pour Hutcheson, c’est « l’uniformité au sein de la variété ». Il commence par décrire comment cette vision s’applique à des formes géométriques. Un carré, par exemple est plus beau qu’un triangle puisque à uniformité égale, la variété augmente. Un octogone est plus beau qu’un hexagone pour la même raison. Maintenant, qu’arrivera-t-il si la variété demeure la même, mais l’uniformité augmente ? Un triangle isocèle est plus beau qu’un triangle scalène et le triangle équilatérale est plus beau que le triangle isocèle. Comme preuve de cette thèse, Hutcheson cite l’exemple des enfants. Ceux-ci, même à un très bas âge, préfèrent les formes uniformes aux pierres (par exemple), malgré le fait qu’aucun des deux n’est plus utile pour eux. Qu’est-ce que l’uniformité dans la variété dans le monde qui nous entoure ? Hutcheson donne une série d’exemples en ce qui a trait aux astres, aux plantes, aux animaux, aux oiseaux, etc. Dans tous les cas, on voit très bien ce qu’il tente d’expliquer. Qu’est-ce que la beauté d’une plante, par exemple. C’est que toutes les plantes d’une même espèce sont uniformes entre elles, elles sont toutes très similaires, mais qu’il y a une incroyable complexité dans chaque plante ou même entre les espèces de fleurs. La variété des couleurs présente dans le règne botanique est incroyablement belle. L’uniformité des fleurs d’une même espèce est aussi très belle. Quand il parle des astres, nous les voyons comme ayant une forme sphérique ce qui est l’uniformité parfaite et leur ellipse est parfaite et constante depuis des milliards d’années. La multiplicité des astres et la différence dans leur luminosité créent leur variété. Ainsi, encore une fois la beauté des astres est charmante à cause de la multiplicité dans la variété.

        C’est ainsi donc qu’Hutcheson définit la beauté : comme l’uniformité dans la variété. Pour arriver à cette conclusion, il définit d’abord ce que sont les sensations et ce que sont les sens. Voyant que l’on ressent le plaisir nécessairement et immédiatement comme par l’entremise d’un sens, Hutcheson pose la thèse des sens internes; sens que les animaux n’ont pas ou sinon utilisent moins. Ils voient comme nous (ou mieux), ils entendent comme nous (ou mieux), mais ils ne semblent pas avoir un sens du goût, de l’élégance ou de la beauté. Comme la connaissance extensive d’un objet ne rajoutera rien à notre plaisir sensible, il conclut qu’il y a plaisir rationnel et plaisir sensible et que les deux sont indépendants. La raison n’ayant rien à avoir avec le plaisir sensible, celui-ci devrait être perçu par une autre faculté, soit le sens interne.