Selon les pluralistes, chacun d’entre nous est confronté à la multiplicité des valeurs. Ces valeurs peuvent être en conflit les unes avec les autres. On pense ici au principe d’incompatibilité développé par Isaiah Berlin. Les nombreuses valeurs qui nous entourent ne peuvent pas toutes être combinées ou se réaliser simultanément. En effet, bien qu’on puisse faire des compromis, les valeurs incompatibles ne peuvent, simultanément, se réaliser pleinement et parfaitement. Comment pourrait-on vouloir, à la fois, une liberté absolue et une égalité parfaite? Ces deux valeurs sont incompatibles puisque plus la liberté est grande et plus le contrôle des forts sur les faibles est aisé. Isaiah Berlin résume cette situation en employant un exemple imagé : « La liberté pour le brochet est la mort pour les petits poissons ». La liberté des uns se développe donc, dans ce cas, en parallèle avec l’asservissement de l’autre. Vouloir voir se réaliser, en même temps ces deux valeurs serait comme vouloir concilier vertu païenne et charité chrétienne. Nos choix doivent donc nous servir à départager les valeurs avec lesquelles nous avons le plus d’affinité. Le but que nous devons viser est la réalisation d’un compromis, un juste milieu qui correspondrait à une voie imparfaite qui permettrait la réalisation limitée de chacune des deux valeurs considérées. Or, pouvons nous être pleinement satisfaits d’une solution imparfaite qui nous force à faire le tri dans nos choix, à laisser de côté certaines valeurs qui pourtant peuvent nous être chères? Là se situe tout le problème de ce que Berlin appelle le « moral loss » ou perte de valeurs que nous avons dû, pour réaliser le compromis, abandonner. Dans cette logique, il semble qu’un épanouissement humain complet ne soit qu’une pure chimère métaphysique. Le pluralisme s’avère donc proche de nous, de notre vie quotidienne puisque nous sommes constamment confrontés à nos choix, à une multiplicité des valeurs. I. Berlin décrit un monde dans lequel les concessions font partie de la routine de notre existence. Voyons donc en quoi cette réalité plurielle s’oppose à la recherche d’un Idéal, d’un Bien Commun et quels sont les dangers qui découleraient d’une telle option et les implications qui en résulteraient en ce qui concerne notre liberté de choix.
Fondamentalement, le pluralisme est caractérisé par une opposition à l’idéal platonicien moniste qui pose principalement le postulat que toutes les vraies questions doivent avoir une réponse et une seule. D’après ce principe, il existe un chemin viable qui nous conduirait à ces vérités, une voie unique d’appréhension de la vérité. De plus, toutes les grandes vérités doivent pouvoir être compatibles entre elles pour former un ensemble cohérent. Mais la recherche d’un souverain Bien ne reviendrait-elle pas à outrageusement simplifier la complexité humaine et la multitudes des situations qui nous entourent? De plus, soumettre tous les choix des individus à un idéal reviendrait à maximiser le sentiment de « moral loss » que nous avons lorsque nous devons élaborer des compromis et donc faire des concessions. En ne considérant qu’une solution, nous augmentons le nombre d’options que nous négligeons. Par conséquent, selon les pluralistes, un humain qui se dévouerait entièrement à la quête de la perfection, d’un Idéal devrait sacrifier sa faculté de jugement, d’exprimer ses choix pour les orienter tous dans une même direction. On risque ainsi d’aboutir à une aliénation de nos choix. Or, notre capacité de recul, de réflexion, de jugement par rapport à nos choix étant altérée, cela peut constituer une grave atteinte à la liberté des sociétés et être un prétexte pour légitimer toutes formes d’abus.
« Une croyance, plus que toutes les autres, est responsable du massacre d’individus (…). Il s’agit de la croyance selon laquelle il existerait, dans le passé comme dans le futur, dans les révélations divines ou dans l’esprit d’un penseur, dans les fondements de l’Histoire ou de la Science, ou encore dans le cœur simple d’un homme bon et honnête, une solution finale. »
On remarque bien ici l’emploi du terme « solution finale » qui n’est pas sans nous rappeler les mesures prises par les nazis pour mettre en œuvre l’extermination des Juifs. On voit clairement jusqu’où peut aller la promotion d’un Idéal forcément exclusif et intolérant envers la multiplicité des valeurs. Se départir de sa faculté de choisir en pesant le pour et le contre peut nous amener à considérer des options politiques dangereuses, contraires à l’expression même de notre liberté. Cela étant dit, une interrogation tout de même demeure : si nous tolérons une diversité de choix, acceptons les valeurs des autres
même si nous n’adhérons pas aux mêmes principes, notre liberté ne peut-elle pas être menacée par certains de ces choix? En effet, faut-il, en étant fidèle à un esprit de pluralisme tolérer certains choix, notamment politiques, qui peuvent se retourner contre nos valeurs? Nous touchons ici aux potentiels dangers du relativisme. En effet, ne poser aucun ensemble de valeurs comme seules et vraies, ne pourrait-il pas engendrer l’acceptation de valeurs perverses qui seraient profondement incompatibles avec notre mode de pensée?
Un relativisme extrême reviendrait à reconnaître qu’il n’y a ni erreur ni vérité. Nietzsche affirme notamment qu’on peut très bien se rendre compte d’une erreur relative à un choix que nous avons fait avec conviction dans le passé. L’individu, lorsqu’il réalise son erreur rejette généralement ses croyances et choix antérieurs et croit, qu’en ayant réalisé sa faute, il peut louer la Raison qui vient de remporter un triomphe. Il compte désormais orienter toutes ses actions dans la même nouvelle direction. Or, nous dit Nietzsche, pourquoi préfèrer aujourd’hui notre nouvelle attitude soit-disant raisonnable à nos erreurs passées? En effet, peut-être nos choix passés nous étaient, à l’époque, aussi nécessaires et vraisemblable que notre vérité présente? L’Idéal, fruit de la raison, apparaît, pour Nietzsche, comme une aliénation de la vie. Il accorde en effet la primauté à la volonté de puissance qui s’exprime en nous, au flux de la vie qui devrait guider nos actions. Au cours de sa vie, l’homme apparaît sans cesse changeant, et pareil au ruisseau de Parménide qui présente toujours un nouvel aspect, l’homme a une multitude d’identités et « ne cesse jamais d’être un autre ». La liberté dans ses choix reviendrait à assumer ses choix, sachant qu’il n’y a ni erreur ni vérité, puisque celles-ci sont relatives à notre état à un moment donné de notre vie. Pourtant, bien que cette vision ait l’avantage d’englober la diversité humaine et la multitude d’options qui s’offrent à nous en otant le caractère rigide des lois morales, des risques peuvent en découler. Aller au delà du Bien et du Mal en acceptant une liberté infinie de choix pourrait entraîner certains dysfonctionnements sociaux graves. Voyons quelle solution pourrait être apportée pour assurer le maintien de la multitudes valeurs tout en posant certaines bornes.
Isaiah Berlin nous présente une possibilité pour régler notre dilemme. Tout en étant pluraliste et en étant donc opposé à l’affirmation de valeurs rigides présentées comme vraies et uniques, il admet qu’il existe, par l’expérience, un minimum de valeurs qui sont partagées par tous et qui nous permettent de distinguer ce qui est humain de ce qui ne l’est pas. Ainsi un homme qui, pour mettre fin à son ennui, ne fait aucune différence entre donner un coup de pied dans un caillou et tuer toute sa famille, ne peut voir ses choix reconnus et validés par la société. En effet, ses valeurs ne sont pas intelligibles pour l’esprit humain et nul ne peut comprendre un tel mécanisme comportemental. À travers notre expérience sociale, on peut voir qu’il existe des critères indépendants au travers desquels on peut juger un choix. Berlin affirme donc l’existence d’un monde de valeurs qualifiées de « locally commensurable » afin que l’on puisse exclure certaines valeurs inhumaines de notre grille de choix. Certains analystes voient que le problème causé par l’incommensurabilité des valeurs tient plutôt du fait que certaines valeurs sont incomparables. Ils préfèrent donc invoquer le principe d’« incomparability ». La nature même de certaines valeurs en exclue la possiblité de les comparer rationnellement entre elles. Revenons au concept développé par Berlin. Il trouve, de cette manière, un moyen de créer un compromis qui permet de conserver un maximum de liberté de choix sans toutefois sombrer dans un relativisme le plus complet et tolérer des valeurs dépassant les limites de l’humanisme et qui pourraient, si acceptées, menacer notre liberté et la cohésion sociale. Il parle en effet du principe d’ « incommensurabilité universelle » en vertu duquel nous pouvons affirmer nos valeurs, critiquer les injustices tout en ne déclarant pas le caractère final et éternel de nos valeurs. Il écrit notamment que nous ne devons pas, par exemple, juger, le peuple hébreu en se basant sur les critères de la Grèce Antique. Par ailleurs, nous ne pouvons jamais nous départir de notre droit de rejeter ou critiquer les choix et les valeurs dont se réclament certaines personnes. Nous conservons notre esprit critique, notre liberté de choix tout en observant une certain humanisme dans les valeurs choisies. Cela semble être un parfait compromis. Cependant, liberté et choix sont-ils toujours faciles à concilier? La liberté de choisir peut parfois nous mettre dans des situations embarrassantes et poser bien des dilemmes.
Pour J.P.Sartre, le choix est une caractéristique de la vie et même si nous choisissons de ne pas choisir nous faisons déjà un choix. Cela va dans le sens de sa célèbre affirmation qui peut, à première vue, sembler paradoxale : « Nous sommes condamnés à être libres. » On voit bien ici clairement que sa conception de la liberté n’a rien à voir avec la possibilité de faire ce dont nous avons envie. La liberté est plutôt vue comme une lourde tâche, une responsabilité que nous avons à assumer. Sartre va même plus loin en consacrant une importance majeure aux choix que nous faisons puisque, à travers eux, à travers nos choix existentiels, nous définissons notre être, notre essence, qui nous sommes. C’est pourquoi, l’existence, dans la philosophie existencielle, précède l’essence. Dans cette logique, une personne n’est pas altruiste parce qu’elle est habitée par un sentiment de bonté mais, en choisissant d’agir avec bonté, de répéter, de multiplier des actes de bonté, elle acquiert le statut de personne altruiste. Nous créons donc, par nos choix successifs, notre propre identité. On pourrait dire que nous sommes nos choix. Cependant, cela n’est pas une activité facile puisque l’homme, à sa naissance est seul, abandonné. On pourrait comparer cet état initial à une page blanche. Il a, durant sa vie, l’obligation de créer, de se définir, d’écrire des lignes sur le livre de sa vie. Cela constitue une responsabilité majeure et, avec un tel fardeau, l’homme éprouve parfois un sentiment d’angoisse. Étant donné que nous n’avons pas décidé de venir au monde, nous n’avons pas eu d’autre choix que d’assumer notre liberté, liberté qui consiste à nous affirmer à travers nos choix existentiels, de notre naissance à notre mort. Sartre, évidemment, ne reconnaît pas de conditionnement social possible. En effet, en dépit de la société, de la famille, des valeurs que l’on nous a inculquées, nous sommes toujours libres de nos choix et nous devons en assumer la totale responsabilité. Or, cette responsabilité décrite par Sartre est prise au sens large puisqu’elle désigne la responsabilité existentielle de nos actes en général. Si nous nous plaçons dans un cadre sociétal, cette responsabilité des individus est strictement codifiée par des lois. Cela nous amène au délicat problème de la justice et à la légitimité de son rôle pour contraindre nos décisions.
L’institution de la justice au sein de la société présente divers buts. Tout d’abord, elle se doit d’exister de manière légitime et crédible pour pouvoir juger et ensuite punir et isoler ceux qui enfreignent les lois fondamentales de la société. On pense à des crimes comme le meurtre ou le vol. Si la justice est bien rendue, elle se doit d’avoir une fonction dissuasive pour décourager ceux qui seraient enclins à commettre certains crimes. Cela peut se manifester de manière symbolique ou plus brutale comme la peine de mort. Le but visé est le maintien de la cohésion sociale et la reproduction des valeurs fondatrices de la société. En fixant les libertés de chacun, la justice restreint notre liberté initiale mais nous procure une nouvelle liberté en assurant le respect de nos choix si ceux-ci sont légaux. Aristote distingue deux types de justices : la justice distributive, qui correspond principalement à la répartition des honneurs et richesses entre les membres de la communauté politique, et la justice corrective visant à punir les crimes et divers offenses.
Reprenons la distinction faite par Aristote et voyons, tout d’abord comment il est possible d’interpréter la justice corrective et son lien sur notre liberté de choix. Différentes visions de la justice ont été proposées dans un cadre philosophique. Pour Nietzsche, « ce n’est que par la moralité des mœurs et la camisole de force sociale que l’homme a été vraiment rendu prévisible. » La justice, selon lui, tire en effet son origine de la relation entre créanciers et débiteurs. En instaurant l’institution des prêts d’argent, les créanciers ont veillé à mettre en place des mesures pour s’assurer du bon remboursement des prêts consentis. Ils employèrent des moyens punitifs très cruels et violents pour ceux qui ne pouvaient rembourser, créant ainsi, dans l’esprit des gens, le sens du devoir. Les faibles ont progressivement intériorisé ce sentiment de devoir, cette notion de faute s’ils ne soumettaient pas aux règles du jeu. La cruauté est ensuite devenue symbolique, la cruauté physique étant inutile puisque la notion de devoir avait été intériorisée. Cette intériorisation des valeurs s’est ensuite transformée en ce que Nietzsche appelle l’idéal de la faiblesse. Cela permettait aux faibles de se conditionner pour plus facilement accepter leur situation de dominés. Nietzsche met en cause les principes chrétiens qui représentent le mieux la sublimation des valeurs de l’idéal ascétique. La morale apparaît donc, dans ce contexte, comme une création des faibles pour donner, de manière illusoire, un sens à leurs choix, qui ne sont d’ailleurs pas libres du tout. Selon cette conception, on voit que le but de la justice, des valeurs morales, des idéaux, est de consoler les faibles de leur sort. Évidemment, une telle vision est très controversée. Abordons maintenant le cas de la justice distributive et voyons en quoi elle peut influencer ou conditionner nos choix.
John Rawls tente, dans son analyse, de combiner justice sociale et efficacité économique. Il affirme, conformément aux principes libéraux, que tous les citoyens doivent avoir un égal accès aux libertés de base : liberté d’expression, de réunion, de conscience, de pensée, liberté de la personne. Cependant, un autre principe s’applique quand il s’agit de la liberté des revenus. En effet, la répartition des richesses et des revenus n’a pas besoin d’être égale pour être conçue de manière à être à l’avantage de chacun. La solution doit être d’assurer une excellente mobilité sociale. Les positions de responsabilité et d’autorité doivent être accessibles à elles. Cela permet effectivement d’éviter que le peuple ait le sentiment d’un immobilisme social, de l’existence d’un club élitiste fermé, inaccessible. Ainsi, la société est égalitaire sur le plan des libertés fondamentales et, avec la mobilité sociale, les inégalités économiques sont gérées de manière à profiter à chacun. Dans une société ouverte, les citoyens sentent que leurs aspirations, leur désir de grimper les échelons, leurs choix peuvent se réaliser. D’après cette théorie, les inégalités sociales ne sont pas un obstacle à la liberté. Approfondissons cette notion et voyons quel régime politique pourrait permettre, de la meilleure manière possible, de concilier liberté des citoyens et opportunités maximales de pouvoir mener leurs choix à bien.
Le pluralisme permet de combiner la reconnaissance d’une multitude de valeurs, la tolérance des valeurs d’autrui, l’importance de l’éventail des choix sans toutefois tomber dans un relativisme complet en admettant que certains choix sont socialement inacceptables. Isaiah Berlin croit que, pour lui, le libéralisme est le régime politique qui s’accommode le mieux avec les principes philosophiques pluralistes. Le libéralisme, en consacrant l’importance des libertés individuelles, du choix des citoyens, de la mobilité sociale, la séparation des pouvoirs, la souveraineté du peuple, semble l’option qui est le plus en accord avec ses convictions. Cependant, il admet que d’autres puissent avoir des opinions divergentes puisque, bien évidemment, il ne considère pas le libéralisme comme une finalité mais comme un choix personnel. Cela ne l’empêche pas de critiquer d’autres visions mais tout en connaissant la contingence de cette option. George Crowder avance pourtant un argument qui mérite réflexion : les pluralistes, en reconnaissant une multitude de valeurs, de croyances ne souscrivent pas automatiquement à l’idéologie libérale puisqu’ils peuvent toujours poser la question : pourquoi ne pas choisir une option autre que le libéralisme? Le débat reste ouvert.
La structure sociale, les lois, peuvent être une condition d’épanouissement de la liberté, des choix individuels puisque, même s’il s’agit d’un cadre contraignant, l’individu peut, si ses choix sont légaux, être assuré de leur respect et de leur reconnaissance par la société. La multitude de valeurs rend notre tâche de choisir plus difficile, surtout que tout choix implique une perte puisqu’on doit forcer négliger une option. Notre exercice difficile est donc de faire des compromis qui offrent une solution la plus satisfaisante possible. Il semble que si nous choissisons de poursuivre un idéal, nous nous départissons de notre esprit critique envers certaines valeurs qui sont, le plus souvent, intolérantes. Notre mission de faire des choix au cours de notre vie n’est pas des plus faciles surtout si l’on se place dans la perspective existentialistes qui fait de nos choix successifs les responsables de la création de notre identité. Cependant, il est difficile de ne pas admettre que les individus ne soient pas socialement conditionnés et qu’ils soient entièrement responsables de leurs choix. Marx mettait notamment l’accent sur l’importance des conditions matérielles qui déterminent les valeurs que nous défendons. Selon lui, la société détermine la conscience et non la conscience qui détermine la société. Cet argument fut corroboré par certaines études sociologiques, notamment celles du sociologue français Pierre Bourdieu. Il a en effet, remarqué que des gens de condition modeste sont plus enclins à apprécier l’art figuratif puisqu’ils comprennent mieux cette forme d’art. Les personnes ayant un niveau de scolarisation plus élevé et des conditions de vie meilleures ont plutôt tendance à préférer l’art abstrait auquel elles s’identifient plus. Nos choix ne semblent donc pas fortuits mais la marque d’une certaine influence sociale apparaît. Isaiah Berlin, bien que libéral, affirme néanmoins que les choix de l’individu ne sont pas tous arbitraires et peuvent s’expliquer par l’échelle de valeurs de cette personne. Celle-ci est intimement liée aux valeurs des autres qui composent la société, à la nation, au parti, à la classe auxquels nous appartenons.
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