La police n’est pourtant pas infaillible. Le film La Haine – de Mathieu Kassovitz – alerte à un autre point de vue. Il est très impressionnant car il aborde un sujet à controverse : le racisme dans la police. Il illustre les problèmes des rapports entre la police et le peuple des banlieues, où un cercle vicieux se forme : si les agents de police ne se sentent pas respectés des banlieusards, ceux-ci souffrent à leur tour d’un manque de respect de la part de la police. Ceux que la police devrait protéger deviennent alors ses victimes. Comme dit un des personnages du film « Qui nous protège de vous ? »
Il existe aussi les bavures. Tel est le cas d’un jeune maghrébin qui a été abattu par la police a Paris. Bien sûr, de la légitime défense à la bavure, il n’y a qu’un pas. Confronté à des circonstances stressantes et appelé a décider immédiatement, le policier peut avoir le réflexe de tirer son arme. Il n’empêche que de tels incidents incitent le public à se demander si la police les protège effectivement et surtout si elle est vraiment impartiale.
L’organisation même de la police en freine l’efficacité. Je pense qu’il y a, comme dans toute institution française, trop de bureaucratie et de rigidité dans le système hiérarchique. De plus, la diversification des forces rend la communication entre elles difficile et parfois elles s’opposent. Ainsi des enquêtes piétinent ou même n’aboutissent pas et on peut dire qu’il y a alors négligence.
A mon avis, un seul corps de police, plus souple dans sa hiérarchie, comme dans le système britannique, serait plus efficace car il y aurait moins de barrières à la communication entre différents services s’ils répondaient tous au même règlement et une hiérarchie plus souple permettrait aux agents de prendre des décisions informées sur le terrain au lieu d’attendre les recommandations de leurs supérieurs.
Par ailleurs, trop de policiers effectuent encore des tâches ne relevant pas de strictes missions de sécurité et qui pourraient être accomplies par des personnels non policiers, d’autant plus que les effectifs diminuent. On pourrait alors mettre davantage de personnel sur le terrain pour mieux répondre aux problèmes nouveaux comme l’accroissement de la délinquance. La loi d’orientation et de programmation relative à la sécurité (LOPS) de janvier 1995 visant à mieux répartir les effectifs a été une démarche dans ce sens mais elle demeure insuffisante.
De plus, la police française reste pauvre face à ses homologues étrangers. Ses outils de travail sont mal adaptés aux besoins actuels du métier. L’image du gendarme français est associée à son arme a feu mais je trouve cette image démodée car un revolver n’est guère approprié face aux attroupements subits des banlieues. Quant aux équipements lourds, la police française est une des plus mal équipées. Par exemple, elle ne possède aucun hélicoptère alors que son utilité a été prouvée dans la surveillance et le maintien de l’ordre.
C’est sans doute dans son esprit et ses procédés que la police a le plus besoin de modernisation. Certes, des efforts ont été faits pour mieux protéger la société actuelle. La réforme d’octobre 1999 visait à ‘intégrer’ près de 3000 CRS pendant six mois dans les banlieues sensibles mais elle n’a pas été adéquate car le fonctionnement des CRS en unité n’est pas adapté à la mobilité des jeunes délinquants. Je crois fermement qu’une police à mission préventive, plus proche du public et mieux formée en psychologie serait préférable à une traditionnelle ‘force de l’ordre’.
En conclusion, je pense que la police française peut mieux faire pour protéger ses citoyens grâce à un apport de technologies nouvelles, une meilleure distribution de ses ressources humaines, une police de proximité mieux formée et un changement fondamental dans les relations police-peuple. Il faudrait d’abord regrouper les différents services en un seul corps pour mieux les diriger. Je pense aussi que l’interdépendance entre le citoyen et l’état fait que la police ne peut pas changer tant que les attitudes de la société demeurent les mêmes. Il faut donc s’efforcer d’apporter des changements profonds dans la société et les idées qui la gouvernent. Il existe notamment des tensions raciales spécifiques à la France qu’il est nécessaire de résoudre, mais il s’agit là d’une mission politique. Il faut alors admettre que l’efficacité de la police est la responsabilité de tous.
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Bibliographie
Adresses
Articles
L’Humanité 16.11.99
22.04.00
Le monde diplomatique août 1997
Le Nouvel Observateur août 1999
Livres
« Les essentiels milans : La Police en France »
Christophe Soullez & Luc Rudolph
Crimes et Délits constatés en France en 2000
par les services de polices et de gendarmerie (chiffres définitifs)
La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen
Protection, i.e. protection physique de l’individu et des libertés publiques. Comme sécurité, peut être perçue comme « un état : celui d’une absence de danger ; une politique : des mesures visant a créer une absence de danger ; un sentiment de sécurité. » « La Police en France » Christophe Soullez & Luc Rudolph
a) Article 2 de la Déclaration universelle des droits de l’homme « la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. »
b) Article 12 « La garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique. Cette force est donc instituée pour l’avantage de tous et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée. »
Ministère de l’Intérieur - direction générale de la police nationale - Crimes et Délits constatés en France en 2000 par les services de police et de gendarmerie (chiffres définitifs)
http://www.statistics.gov.uk
Ma mère est française et je passe tous les étés dans ma famille française.
« La Police en France » Christophe Soullez & Luc Rudolph
Le Nouvel Observateur août 1999
Le Nouvel Observateur – ibid.
La Police Française consiste en trois forces publiques principales : la Police Nationale (la plus importante ; zones urbaines et périurbaines ; maintien de l’ordre public, de la prévention de crimes et des enquêtes judiciaires) – la Gendarmerie (zones rurales ; ses missions sont proches de celles des policiers) – les polices municipales (moins nombreuses ; délinquance urbaine).
Enquête sur le meurtre en France de Caroline Dickinson (1996). L’enquête a été critiquée par la presse pour son manque de direction et de coordination qui aurait conduit à la négligence d’une piste importante dès le départ.
« La Police en France » Christophe Soullez & Luc Rudolph
Projet Jospin de « police de proximité » ; son objectif : « établir un contact permanent entre la police et la population, en facilitant l’identification par les habitants des policiers responsables de la sécurité dans leurs quartiers, en les responsabilisant et en accentuant leur polyvalence. » L’Humanité - 16.11.99