Sainsbury, distributeur anglais, et sa politique d'externalisation des SI

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Sainsbury, distributeur anglais, et sa politique d'externalisation des SI

INTRODUCTION        2

I. SAINSBURY ET L’EXTERNALISATION        

A) Les objectifs du changement        

B) Le choix et la mise en place de l’externalisation        

C) Les avantages de l’externalisation        

II. SAINSBURY ET SA RUPTURE DE CONTRAT (CAUSES, CONSEQUENCES)        

A)        Causes        

B)        Conséquences        

III. ELARGISSEMENT THEORIQUE SUR LES ECHECS D’EXTERNALISATION DES SI/TI        

A) Un coût difficile à supporter        

B) Un vrai risque stratégique        

C) Dangers dus aux prestataires        

D) Les pièges du contrat        

E) Les difficultés de l'après-contrat        

F) Les dangers de l’externalisation « offshore »        

Introduction

Par externalisation des technologies de l'information (TI), il faut entendre le fait de confier à un tiers la gestion et l'exploitation des actifs et activités de systèmes d'information.

Si nous avons choisi de consacrer une étude aux risques inhérents à l'externalisation des TI, c'est d'abord parce que les enquêtes et les études de cas au niveau mondial montrent que les dépenses qui y sont liées sont en pleine expansion. Les exigences de l’e-business sont telles, et les délais des nouveaux projets technologiques si courts, que bien des entreprises préfèrent recourir aux services de spécialistes. L’externalisation des TI représentait, au plan mondial, un marché approchant les 150 milliards de dollars en 2004.  

Les organisations externalisent leurs systèmes d'information pour de multiples raisons - réduction des coûts face à une pression concurrentielle intense, difficulté à convaincre des enjeux de la fonction informatique ou désappointement face aux performances du service informatique de l'entreprise. Mais l'externalisation de cette fonction reflète également des changements plus profonds dans l'organisation et la gestion des entreprises. En effet, la nécessité d'innover rapidement et de réduire les coûts, alliée à la déréglementation et aux progrès de la technologie et des techniques de production, a amené les entreprises à se recentrer de plus en plus sur leurs métiers. A titre d'exemple, British Airways a annoncé, en 1996, sa volonté d'économiser 1,6 milliard de dollars d'ici à l'an 2000. Son P.D.G., Robert Ayling, a déclaré, à cet égard, que British Airways aurait recours à l'externalisation chaque fois qu'une entreprise extérieure pourrait gérer une fonction de manière plus efficace.

I. Sainsbury et l’externalisation

A l’aube du troisième millénaire, l’entreprise Sainsbury, créée en 1869, a opéré avec succès un certain nombre de changements jugés nécessaires à la survie du groupe. Avec plus de 535 magasins, 238 stations essence, et 145 000 employés offrant leurs services à 13 millions de clients par semaine, elle a connu une réussite fulgurante et constitue l'une des plus grandes et plus anciennes chaînes d'épicerie détaillantes de Grande-Bretagne.

Sainsbury a cependant vu s’éloigner sa position de leader lorsqu’ont commencé à s’effriter plusieurs de ses forces concurrentielles, comme son rendement par exemple. Les coûts augmentaient plus rapidement que les revenus et le bénéfice et, en conséquence, Sainsbury a pris un retard considérable sur les leaders de l'industrie. Pendant les années 90, l’entreprise a dû faire face à des concurrents plus forts et plus solides, appartenant à deux catégories distinctes: ceux qui misaient sur la valeur, comme Tesco et ASDA/Wal-Mart ; et ceux qui fondaient leurs opérations sur la qualité et le service, comme Waitrose et Marks&Spencer.

Sainsbury a adopté une position intermédiaire sur le marché en s’intercalant entre les deux et a ainsi mis une pression de plus en plus importante sur les ventes. En 2000, avec un déclin décevant du cours des actions contre toutes les prévisions du marché, et une chute de 23.3% de ses bénéfices d'exploitation, l’entreprise a reconnu qu’un changement radical devait être opéré afin d’améliorer son rendement commercial.

A) Les objectifs du changement

Ce changement radical a été mené par Peter Davis, cadre supérieur du groupe de Sainsbury. Davis et le Conseil d’Administration identifièrent trois secteurs nécessitant un changement fondamental: les magasins et le service à la clientèle, la chaîne d'approvisionnements, et les SI/TI. À la fin de l’année 2000, l’entreprise a entamé un effort ambitieux, en définissant un Programme de Transformation.

Pour les trois secteurs cités précédemment, le Conseil a articulé le programme autour de six objectifs stratégiques principaux:

1. Se différencier sur le marché et fournir une valeur toujours croissante aux actionnaires ;

2. Augmenter nettement l'expérience d'achat de la clientèle grâce à une compréhension claire des consommateurs cibles et du modèle de fonctionnement et de fourniture de services de chaque magasin ;

3. Modifier l’expérience d'achat des clients en opérant un changement radical au niveau des rôles des directeurs de magasin et de leurs équipes ;

4. Simplifier l’acte d’achat et améliorer l'efficacité des vendeurs en supprimant tous les processus et activités qui n’ajoutent aucune valeur à l'expérience des clients ou aux actionnaires;

5. Créer une organisation et une infrastructure à rendement élevé plus rigoureuse et orientée « client », où la qualité n'est pas négociable ;

6. Accroître les nouvelles possibilités et opportunités au niveau de l'e-commerce, des réseaux de distribution B2B et B2C, en maximisant les synergies du groupe.

En bref, l’entreprise a visé à transformer toutes ses opérations commerciales essentielles. Pour mener à bien cette transformation, le conseil a jugé que les systèmes technologiques exigeaient également un changement radical.

B) Le choix et la mise en place de l’externalisation

Sainsbury a estimé que les transformations envisagées au niveau des SITI et des secteurs reliés, de par leur envergure et leurs deadlines, ne seraient simplement pas réalisables sans l’aide d’un prestataire extérieur parmi les meilleurs mondiaux. Sainsbury s’est ainsi adressé à Accenture, dont la réputation pour la livraison et la gestion de systèmes en a fait le choix évident, pour les aider à concevoir et à mettre en application un système d’informations pouvant guider et soutenir la future croissance de l’entreprise. Les deux entreprises ont conclu un contrat d’externalisation de transformation des SI/TI garantissant à Sainsbury des réductions de coûts SI/TI immédiat, dès le premier jour. Le contrat, évalué comme le contrat le plus important dans le domaine des SI/TI au Royaume-Uni, exigeait d’Accenture la livraison des systèmes de technologie d’information dans trois larges secteurs définis par Davis et le Conseil d’administration:

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clients et magasins;

commerce et chaîne d'approvisionnements ;

services de maintenance et infrastructure des technologies d’information.

Selon Maggie Miller, la CIO de Sainsbury, "parmi les solutions alternatives, il existe effectivement beaucoup de fournisseurs capables de faire de l’externalisation de livraison de services. Mais en les examinant de plus près, ils sont très peu nombreux à pouvoir réaliser une externalisation de transformation telle que nous la désirions ; Accenture était le choix évident."

Comme le prévoyait cet accord innovateur en terme d’externalisation, 780 employés permanents des SITI furent transférés de Sainsbury à Accenture, en plus des 300 salariés ...

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