« …la témérité n’est plus un défaut des bourgeois de Rouen… »
donc quand on rencontre les couples on se méfie déjà un peu de leur intégrité.
Ce doute est justifié dans une certaine mesure quand on commence à apprendre plus des caractères et histoires de ces personnages. Les premières sont M. et Mme Loiseau, qui sont evidement des « nouveaux riches », ayant fait fortune dans les affaires de vin, mais pas très honnêtement comme cette citation suggère :
« Il vendait à très bon marché de très mauvais vin… »
Il semble que M. Loiseau est aussi une célébrité locale, mais sa réputation est moins que honorable; il est tout à fait un « filou ». Partout le conte ce côté de son caractère se manifeste de plus en plus souvent; dans les scènes plus tardes il engage la soirée pendant que Boule de Suif est avec l’officier prussien :
« Saperlipopette ! je paye du champagne si l’on en trouve dans l’établissement. »
et partout la soirée il fait des blagues de mauvais goût sur ce qui se passe en haut, par example :
« Pourvu que nous la revoyions; qu’il ne l’en fasse pas mourir, le misérable! »
Quand le groupe quitte l’auberge, Loiseau pense qu’il vaut voler les cartes à jouer, bien qu’elles soient « engraissé par cinq ans de frottement ». Cet acte prouve qu'en dépit de sa richesse, il essaie toujours de faire plus de son situation.
Sa femme est aussi répugnant que lui, mais d’une façon très differente. Elle n’aime pas plaisanter ou s’amuser à n’importe quoi; elle a seulement deux intérêts: son argent et sa réputation.
« [elle] était l’ordre et l’arithmétique de la maison de commerce, qu’il animait par son activité joyeuse. »
Son avidité se manifeste même pendant la soirée, quand M. Loiseau offre à acheter le champagne, elle s’inquiete à cause des frais.
« Mme Loiseau eut une angoisse lorsque le patron revint avec quatre bouteilles aux mains. »
Sa vanité se manifeste chaque fois qu’elle parle de Boule de Suif; elle est evidement jalouse de sa beauté et de son caractère en général, donc elle la traite d'une façon méchante, surtout à la fin du conte quand elle dit :
« Heureusement que je ne suis pas à côté d’elle. »
et plus tard, quand Boule de Suif pleure à cause de leur traitement d’elle :
« Elle pleure sa honte. »
Le prochain couple sont M. et Mme Carré-Lamadon. Ils sont d’une classe sociale plus élevée que les Loiseau, et je pense que M. Carré-Lamadon est assez fier de sa position parce qu’il a beaucoup de titres, peut-être même quelques trop :
« …[il demeurait] propriétaire de trois filatures, officier de la Légion d’honneur et membre du Conseil général. »
A part de ceci on ne peut pas dire trop au sujet de Carré-Lamadon, sauf qu’il va avec la conspiration et que les circonstances de son mariage sont un peu mystérieux; on ne découvre jamais pourquoi il est marié à une fille si jeune.
Il est risible à dire que son épouse a aucun principes; il semble qu’elle n’est que « la consolation des officiers … en garnison. » Elle est plus d’une prostituée que Boule de Suif, et ceci est prouvé quand Mme Loiseau parle de comment l’officier devrait choisir un des trois femmes de classe plus élevée pour se satisfaire :
« Les yeux de la jolie MmeCarré-Lamadon brillaient, et elle était un peu pâle, comme si elle se sentait déjà prise de force par l’officier. »
Le dernier couple sont le comte et la comtesse de Bréville, encore d’une classe sociale plus élevée, mais au même temps d’une réputation même plus douteuse. Il semble que le comte a fait un enfant à la comtesse, donc il a été obligé de l'épouser; avant le mariage elle n’était que la fille d’un armateur. Et l’intrigue ne s’y arrête pas: on découvre aussi que la famille du comte est élevée seulement parce qu’un événement semblable s’était produit plusieurs années plus tôt.
« …le roy Henri IV … avait rendu grosse une dame de Bréville, dont le mari, pour ce fait, était devenu comte et gouverneur de province. »
Plus tard dans le conte, le comte joue un rôle très important en amenant Boule de Suif à se coucher avec l’officier par la ruse – il la persuade presque entièrement seul à la fin :
« Il exalta le service qu’elle leur rendrait, parla de leur reconnaissance… »
Le comte est aussi mauvais et égoïste que Loiseau, mais beaucoup plus subtile, et à la fin Boule de Suif est dupé par sa rhétorique.
Comme M. et Mme Carré-Lamadon, la comtesse ne s’involve pas trop dans la conspiration, mais comme eux elle est prêt à en faire partie pour gagner ce qu’elle veut: l’argent.