Malgré cela, ma traversée n’a pas était facile. Une nuit, j’ai réussi à me glisser parmis les exports d’oranges à un port marocain et grimper à bord d’un bateau qui partait pour Marseille, tout en échappant à l’attention des responsables de surveillances. En arrivant au port marseillais, les gendarmes français m’ont vu et m’ont demandé de leur montrer ma carte d’identité. Certes je n’avais ni papier ni argent mais j’avais dix-sept ans, ce qui indiquait que selon l’ordonnance de 1945 et la Convention internationale des droits de l’enfant, je ne pouvais pas être expulsé. Ils m’ont donné une adresse, 3, boulevard de la Liberté, où se trouvait l’association Jeunes Errants. Là-bas il y avait pleins de jeunes comme moi. J’ai trouvé un article sur l’association qui disait qu’elle a vu passer près de 600 ados, presque tous maghrébins. Cet article m’a également rappelait un détail important :
« Notre première tâche est de leur faire comprendre qu’à 18 ans la France ne voudra plus d’eux. C’est parfois brutal ».
Pendant presque deux mois, j’avais une chambre, deux tickets par jour pour les repas, 50 francs d’argent de poche par semaine et une carte de métro. Tout ça jusqu'à mes 18 ans, le 26 février. J’ai dû m’échapper du petit hôtel familial avant d’être expulsé du pays.
Je me contente maintenant de laver la vaisselle et le sol dans une cuisine sans fenêtre à longueur de journée. Le restaurant m’héberge, au grenier. Pour moi c’est la seule solution parce qu’avec la discrimination envers les immigrés que je témoigne, je sais qu’il m’est pratiquement impossible de trouver un autre logement.
Lorsque Charles Pasqua est devenu ministre de l’Intérieur après les élections législatives de 1993, il a choisi de fermer la porte aux immigrés. Il a annoncé que :
« La France a été un pays d’immigration, elle ne veut plus l’être. »
Les « lois Pasqua » ont empêché les nouveaux venus en situation régulière d’amener leurs familles en France. Il a aussi modifié le code de la nationalité. J’ai consulté le document juridique modifié en 1993 et pour les jeunes étrangers comme moi il y a eut des changements.
« Alors qu’ils devenaient automatiquement français a leur majorité, ils devront désormais en manifester la volonté. »
Charles Pasqua a aussi traqué les mariages blancs en renforçant les procédures d’acquisition par le mariage.
« L’étranger(ère) ayant épousé un(e) Français(e) doit faire preuve de deux ans de mariage (contre six mois auparavant). »
Pour me régulariser il faudrait que je me marie. Je suis résident en France et je n’ai jamais commis de délits grave. Si j’épousai ma petite amie, Laure, j’acquerrai la nationalité française.
J’aimerais pouvoir me sentir accepté et travailler dans ce pays sans avoir besoin de cacher mes croyances. Hélas, l’attitude ici envers les immigrés n’est pas désirable. Quand il y a des crises économiques, la France nous tient responsable. Quand le chômage s’empire, la France nous tient responsable. Michel Rocard a dit : « Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde. » pourtant c’est bien nous, les immigrés des pays du Maghreb, qui permettons aux employeurs d’avoir une main-d’œuvre bon marché.
« Le clandestin est une bonne affaire : salaire réduit, pas de charges sociales, docilité absolue. »
Nous menons des vies proche de l’esclavage mais la dispute au niveau de l’emploi continue.
J’avais entendu de nombreuses histoires à propos des salaires français. Il existe ce qu’on appelle le SMIC, ce qui signifie que les employeurs ne peuvent pas vous payer moins que les taux horaire minimum.
« Depuis le 1er juillet 2000, le SMIC est porté à 42,02 F (soit 6,40591 euros) de l’heure au lieu de 40,72 F, soit une augmentation de 3,2% pour tous les salariés de plus de 18 ans, y compris les salariés agricoles. »
Pour les jeunes âgés entre 17 et 18 ans le taux horaire est 37,82 francs. Malheureusement, j’ai découvert que ce genre de loi n’est pas valables pour les émigrés et les contrats à durée indéterminée ne sont pas mieux. Ces contrats sont sensés réduire le nombre de chômeurs parmis la société française mais je ne pense pas que ce soit une solution à long terme. Ils nous offrent un travail mais peuvent terminer le contrat dès qu’ils le souhaitent. Il est tellement difficile d’économiser lorsque on travaille dans ces conditions mais je sais bien que mes parents gagnent encore moins d’argent que moi. Il faut donc que je continue à leur envoyer ce que je peux pour payer les frais des soins médicaux d’Esmanur.
J’ai entendu à la radio l’autre matin, une émission politique qui disait qu’environ 15% des Français votent pour le Front National.
« Les motivations qui ont poussé 15% des Français à donner leurs voix à l’extrême droite demeurent : chômage élevé, sentiment d’insécurité croissant dans certaines banlieues, peur que suscitent la mondialisation et l’intégration européenne… ». Un pourcentage important de la population marseillaise est d’origine maghrébines ce qui fait que, malheureusement, beaucoup de personnes dans la région choisissent de voter pour le Front National. J’observe une peur parmis les Français que je rencontre et parfois même une haine envers les immigrés. Jean-Marie Le Pen nous fait part de ses sentiments : « Deux millions d’étrangers, c’est deux millions de chômeurs de trop. » Je trouve que son attitude est raciste et ignorant. Son slogan (« La France aux Français ») est menaçant. Nous sommes des personnes comme lui et nous ne méritons pas d’être traiter ainsi. Bruno Mégret affirme que « Le Pen et sa minorité raciste ne sont pas capables de gagner les élections » mais il fait de même, parfois même pire. Il a commencé l’allocation municipale de naissance où il offrait 5’000 francs aux parents de tous nouveaux nés à condition qu’ils soient français. Cela est maintenant illégal mais la préférence nationale et la xénophobie persistent. Ses discours sont impardonnables : « Pourquoi se battre pour la préservation des espèces animales et accepter dans le même temps la disparition des races humaines par le métissage ? ».
Je voudrais pouvoir m’intégrer parmis les français mais comment faire pour combattre l’ambition de ces hommes politiques qui ne font qu’encourager le racisme ? Comment se déroulera mon avenir en France ? De plus, il y en aura toujours certains qui ne m’aimeront pas à cause de ma culture, mes coutumes et mes croyances et d’autres simplement parce que je suis différent et d’ailleurs. Si j’ai des enfants ici je serai obliger de les envoyer à une école laïque où ils n’auront pas le droit de porter le foulard. Malgré cela, je ne compte pas oublier mon passé, mon but, ni mon pays et je continuerai mes pratiques tout en travaillant pour sauver Esmanur.
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Bibliographie
Livres :
- Emmanuel Vaillant, « L’immigration », Les essentiels Milan, 1996 Editions MILAN.
- Guy Michaud et Alain Kimmel, « Le nouveau guide France », 1996 Hachette.
Journaux :
- The Independent, « New National Front prepares to oust Le Pen », 21 janvier 1999
- The Times, Thomas Sancton, « France’s Double Trouble », 8 février 1999
Magazines :
- Les Clés de L’actualité, Alain Morice, « Immigration : la fermeture des frontières en question », 14 janvier 1998
- Phosphore, « Le Pen-Mégret : La Haine », février 1999
- Les Clés numéro 331, J.-F. C., « Le combat des chefs », 24 décembre 1998 au 6 janvier 1999
- Les Clés de L’actualité, J.-F. C., « Port du foulard : l’école partagée »
- L’express, Julien Kostrèche, « Le port des enfants sans papiers », 2 juillet 1998
- Phosphore 183, juin 1996, « Immigration : drame des clandestins »
- Phosphore 224, éditorial, « Immigrés : Le gâchis »
Fichier :
- Key Ideas for French A-Level topics
Internet :
L’express, 2/7/1998, “Le port des enfants sans papiers”
Key Ideas for French A-Level topics
Les Essentiels Milan, Emmanuel Vaillant, 1996“L’immigration”
Les Essentiels Milan, Emmanuel Vaillant, 1996“L’immigration”
Phosphore 183, Immigration, “Drame des clandestins”
Phosphore 183, Immigration, “Drame des clandestins”
Phosphore, février 1999, “Le Pen-Mégret _ La haine”
Keys Ideas for French A-level topics
Les Clés n° 331, 24 décembre 1998- 6 janvier 1999, “Le combat des chefs _ politique, Front National”
Les Clés n° 331, 24 décembre 1998- 6 janvier 1999, “Le combat des chefs _ politique, Front National”