En France et en Angleterre, c'est l'action centralisatrice et unificatrice du pouvoir royal qui a contribué de manière décisive à l'émergence de la Nation. Mais le sentiment national, présent chez une élite restreinte, s'est diffusé assez lentement. Il faut en effet attendre la fin du XVe siècle pour que l'idée de Nation devienne incontournable en France et en Angleterre. La guerre de Cent ans a soudé les populations dans l'adversité et contribué de manière décisive à l'émergence de l'identité nationale.
Dans d'autres pays, l'idée de Nation s'est développée en l'absence d'un cadre étatique unitaire. Ainsi en Allemagne, l'existence d'une langue et d'une culture commune a permis de concevoir la Nation allemande en l'absence de toute unité politique avant 1871. De même en Italie, le sentiment national a servi de ciment idéologique préalable à l'unification de l'Etat.
Donc afin de définir la nation, deux idéologie s’oppose : celle des allemands (Herder) qui donne une définition de la nation basée sur le sol et la langue commune, et celle des Français (Renan) qui définit la nation comme un sentiment, une volonté d’être ensemble.
La Nation est devenue depuis la Révolution française une notion juridique à part entière. L'article 3 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen explique :« le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément. » En appliquant ce principe on peut dire que la Nation est devenue la source des différents pouvoirs. La Nation relie ainsi l'Etat à la société en lui conférant une légitimité démocratique. Pour cette raison l'Etat et la Nation sont très souvent associés, au point que pour certains toute Nation a le droit de disposer d'un Etat et tout Etat doit s'appuyer sur l'existence d'une Nation. L'existence des Etats-nations apparaît dès lors comme une conséquence logique du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, dont le principe s'est imposé au vingtième siècle dans la conduite des relations internationales.
Mais l'idée de Nation a fait l'objet d'importantes remises en cause. Alors que la Révolution française avait mis en oeuvre une conception unifiée de la Nation, les inégalités sociales apparues avec la Révolution industrielle ont contribué à nourrir la critique de l'idée nationale. Pour les tenants de la théorie de la lutte des classes, l'idée de Nation masque les conflits d'intérêts qui opposent les classes sociales selon leur position dans le processus de production. L'égalité des droits dans le cadre national masquera ainsi l'inégalité de fait existant entre prolétaires et capitalistes dans les différents Etats. Aussi le mouvement révolutionnaire s'est-il construit comme un mouvement internationaliste, visant à la suppression des classes, de l'Etat,... et des Nations. Les régimes socialistes européens apparus après la Révolution de 1917 se sont cependant appuyés sur le fait national sans le remettre en cause : l'URSS était ainsi elle-même divisée en Républiques et en communautés autonomes correspondant aux différentes nations composant l'Etat soviétique.