A l’opposé, on peut considérer le monde inconnu, si vaste qu’il empêcherait d’acquérir le savoir total.
En réalité, l’un n’empêche pas l’autre et les deux manières de voir restent vraies et interdépendantes. Avec la différence que dans le premier cas l’approche est beaucoup plus optimiste que dans le deuxième cas.
Il est vrai qu’avec chaque nouvelle découverte des portes s’ouvrent et nous laissent la possibilité de poser des nouvelles questions notamment une parmi d’autres que nous ignorions beaucoup ou presque tout. Chaque pas en avant, quelque soit le sujet ou le domaine, ne fait qu’éloigner, selon moi, de notre portée la limite finale
du savoir absolu, cette frontière où vient se superposer l’horizon de l’ignorance.
Prenons en considération, des matières dont certains clament tout savoir.
Par exemple l’histoire. Celui qui dit en savoir tout n’est pas dans le vrai, car l’histoire n’est jamais totalement connue ou détaillée. Même avec l’aide d’une machine à remonter le temps, l’histoire ne pourrait être complétée que si nous l’avions vécue objectivement.
L’histoire telle qu’elle est présentée peut être suggestive. Elle dépend du jugement personnel, des courants politiques et des medias au moment où elle a pris forme
sous la plume des historiens. Selon son époque, elle a pu être censurée ou écrite pour un gain économique ou sous la menace d’une sanction ou pour alimenter des ambitions personnelles. A nous, elle est présentée comme un recueil et rassemblement de diverses perceptions. Pour chaque seconde que nous passons à lire l’histoire, plus de pages s’ajoutent à son livre.
Les sciences naturelles sont aussi très controversées. Nous ne sommes pas tous en accord sur plusieurs points concernant cette matière. Certains défendraient qu’elles sont purement une création de Dieu, d’autres soutiendrait la thèse de l’évolution sur plusieurs milliers d’années, comme la création d’Adam et Eve par opposition à la théorie de Darwin.
Prenons maintenant en considération le cas des traditions. Les différentes cultures mènent aux traditions différentes et l’éthique a ses spécificités dans chaque peuple. Ces traditions ne pourront pas être totalement apprises et connues par l’individu dans une vie humaine. On pourrait se baser sur les écrits mais il faudrait vivre dans l’environnement pour connaître toutes les subtilités.
Les domaines de la connaissance sont ainsi si vastes que cela serait de l’ordre du miracle de tout connaître et de tout apprendre dans une vie humaine. Nous sommes limités par les facultés du cerveau et le corps. A la connaissance faut-il encore ajouter la sagesse de s’en servir. Cette sagesse doit être également apprise. Avec chaque nouvelle découverte et l’application du savoir, des millions d’autres portes s’ouvrent.
Des découvertes et des inventions ont marquées tout le long l’histoire de l’humanité.
La découverte du feu, l’invention de la roue et la roue motorisée et les ordinateurs parmi d’autres, ont changé notre parcours.
Avant la découverte du feu (3), la vie devrait être rudimentaire. Pas d’outils à la disposition pour faciliter la chasse, la construction, l’agriculture et le transport maritime.
L’architecture, et les œuvres d’art comme les statues qu’on peut admirer dans les musées n’existeraient pas sans outils appropriés.
Nos ancêtres devaient vivre dans les grottes ou à la belle étoile, habillés de feuilles de plantes ou d’arbres, se nourrissant essentiellement des fruits et des légumes locaux.
Que les hivers devaient être éprouvants faute de pouvoir voler comme les oiseaux migrateurs.
L’invention de la roue (2), surtout la roue motorisée, fut un autre événement qui marqua l’histoire humaine. Initialement les charges et les poids étaient tirés ou portés par les animaux ou les hommes. Aujourd’hui différents véhicules et machines sont à notre disposition.
Au fur et à mesure que nous trouvions des moyens plus sophistiqués, plus performants et plus rapides, notre ambition et l’espoir du progrès nous ont poussés vers d’autres inventions et découvertes.
Qui ne rêve pas d’une voiture volante pour commencer?
Il se trouve que nous ne serons jamais satisfaits avec ce que nous avons et la curiosité nous conduit vers le progrès.
« Tout ce qui a pu être inventé a été inventé » a clamé Charles H. Duell en 1899. Cet homme a regardé les inventions, les unes les plus fabuleuses que les autres, et il a conclu qu’il ne restait plus rien à découvrir. Selon lui, la société était arrivée au summum de l’intelligence humaine ou sa saturation.
Heureusement les chercheurs ont continué les recherches et nous sommes arrivés à l’ère des ordinateurs. On les utilise pour dessiner des graphiques, écrire des documents, dans l’architecture, pour les calculs compliqués, le guidage des navettes spatiales et les armes de guerre intelligents.
Les chercheurs l’ont rendu plus malléable, plus compact, plus léger. L’ordinateur ouvra tant de nouvelles portes notamment à l’industrie du loisir et l’accès immédiat au monde de l’information (Web).
Le progrès, la découverte, l’invention et l’apprentissage ont continué et continuent. Avec chaque pas en avant nous avançons vers la connaissance totale mais cette ligne d’horizon ne s’atteint pas. On peut croire qu’on sait déjà tout mais l’inconnu reste si grand et nous restons avec beaucoup de questions sans réponse. Chaque nouvelle découverte, apporte une nouvelle rafale de questions et de cases vides. Alors plus nous avançons vers cette limite de la connaissance totale, plus elle s’éloigne.
Si le champ du savoir est limité (4), Il se trouvera un moment où tout peut-être connu. Cela peut s’avérer vrai dans le futur. Un jour, on pourrait explorer l’univers entier et tout savoir sur lui. On pourrait apprendre à soigner le cancer, le sida et en finir avec toutes les maladies mortelles. On pourrait encore enfinir avec la famine, la pollution ou encore la pauvreté dans le monde. Mais, selon moi, certains domaines restent en dehors de la portée de l’être humain. En imaginant que nous sachions tout sur le monde, l’univers, nous ne pourrons jamais savoir comment est la vie après la mort tant que nous l’aurions pas vécu.
Un jour j’ai appris que l’alphabet comportait 26 lettres. Je les ai toutes apprises. J’ai appris des milliers de mots crées à partir de ces 26 lettres, puis des phrases. J’ai appris d’autres langues, d’autres alphabets. En apprenant plus, je me suis rendu compte que la tâche de connaître toutes les langues devenait plus difficile voir impossible.
Afin de conclure, quand nous apprenons plus, nous sommes plus conscients de nos lacunes.
Ceci nous ramène à ce que Miller a mentionné. Chaque fois que nous élargissons le champ de la connaissance, oui, nous étendons l’horizon de l’ignorance.
Le Savoir total et absolu de l’univers, le moment et l’instant où l’horizon de l’ignorance se dissipe pour ne laisser la place qu’à un monde rempli de connaissances, n’est peut-être pas réservé à l’homme et à l’être humain.
« La sagesse trace des limites, même à la connaissance ». F. Nietzsche (1844-1900) (5), et la connaissance apporte l’humilité de reconnaître ses faiblesses.
Avançons vers ce Savoir, mais gardons à l’esprit que connaître rend le chemin à parcourir plus bosselé et plus long.
Nombre de mots : 1’427
Bibliographie :
(1)livres.fluctuat.net/henry-miller.html
(2)www.universalis.fr/encyclopedie/Z020867/INVENTION_DE_LA_ROUE.htm - 55k –
(3) eurekaweb.free.fr/vh1-feu.htm – Août 2008
(4) www.aide-en-philo.com/dissertations/notre-connaissance-reel-limite-savoir-scientifique-2346.html - 17k
(5) http://clementrosset.blogspot.com/2006/05/le-nietzschisme-de-clment-rosset.html
16.09.2008