Le droit des sociétés

Introduction

Dans notre système juridique, il n'existe pas de notion juridique d'entreprise contrairement au système anglo-saxon, c'est-à-dire un concept qui permettrait de soumettre au même régime juridique tous les éléments composants une entreprise (patrimoniaux, extra patrimoniaux) ce qui permettrait de céder une entreprise.

Une des raisons pour laquelle il n'y a pas de concept réside dans la notion de patrimoine en droit français. Dès qu'on est une personne au sens juridique on possède certains droits et aussi un patrimoine ; le patrimoine c'est à la fois l'ensemble des droits et obligations d'une personne à un moment mais c'est aussi l'ensemble des droits et obligations qu'elle pourra posséder par la suite (c'est un potentiel).Si toute personne a un patrimoine, elle ne peut en avoir qu'un seul car le droit français ignore la notion de patrimoine d'affectation. La conséquence est que l'entreprise est un élément du patrimoine de l'entrepreneur permis les autres éléments de son patrimoine et il n'a pas pu la soumettre à un régime juridique particulier. C'est également la raison pour laquelle l'entreprise est rattachée au droit de propriété de l'entrepreneur.

Cette prohibition du patrimoine d'affectation c'est d'abord estompé par l'apparition des sociétés unipersonnelles ; mais c'est également la possibilité pour l'entrepreneur individuel de déclarer insaisissable sa résidence principale ce qui est à la fois une exception remarquable au droit de gage général des créanciers sur la patrimoine de l'entrepreneur individuel.

Si on veut affecter une partie de ses biens à son activité professionnelle, il va falloir constituer un être juridique nouveau qui va posséder un patrimoine différent de ceux des membres qui la compose. C'est la raison pour laquelle la seule façon d'appréhender l'entreprise au sens juridique et de s'intéresser à sa structure. L'entreprise pouvant être individuelle ou sous forme de personne morale.

Concernant l'entreprise individuelle, elle se caractérise par le fait qu'il n'y a aucune dissociation entre la personne de l'entrepreneur et l'entreprise elle-même.

Concernant la personne morale, elle peut prendre différentes formes :

. L'entreprise sous forme de société : il y a deux grandes catégories de sociétés : les sociétés civiles dont l'objet social est de nature civile et qui n'ont pas choisi la forme d'une société commerciale

2. Les sociétés commerciales par la forme qui sont des sociétés soumise au régime juridique et aux obligations notamment comptables des commerçants quel que soit la nature de leur activité. Etant entendu que l'adoption d'une telle forme de société est obligatoire dès lors que l'activité est commerciale.

3. L'entreprise peut prendre la forme d'une association dont l'objet principal doit être un but d'intérêt général et donc non lucratif. Il existe deux grandes formes d'association : L'association loi 1901 qui fait l'objet d'une simple déclaration à la préfecture et qui ne possède qu'une capacité juridique réduite et notamment elle ne peut pas recevoir de dons ou d'aide. L'association reconnue d'utilité publique qui a une pleine capacité juridique et donc peuvent recevoir des dons.

4. L'activité entreprenariale peut aussi prendre la forme d'un GIE qui possède un but spécifique qui consiste à améliorer ou a augmenter l'activité économique de ses adhérents qui conserve leur indépendance pour leur propre activité. C'est la seule personne morale qui possède un équivalent européen GEIE (groupement européen d'intérêt économique).

Les règles générales applicables aux sociétés

CHAPITRE 1 : La constitution des sociétés

La société est à la fois une structure d'entreprise, une personne morale et surtout un contrat dont les bases sont dans le droit des sociétés.

La société comprend des éléments qui découlent de ces différents caractères.

Section 1 : Les éléments constitutifs des sociétés

I - Les éléments communs à tous les contrats

Eléments 1 : Le consentement des associés

Celui-ci ne doit pas être vicié et doit être réel (non simulé). Si un contrat de sociétés est utilisé pour dissimuler un autre contrat, la société sera déclaré fictive.

Eléments 2 : La capacité juridique

Dans toutes les sociétés, l'associé doit avoir la capacité juridique civile et s'il ne l'a pas, ce sera ses représentants qui exerceront les droits attachés à la qualité d'associé. En revanche, dans certaines sociétés, les associés ont la qualité de commerçant, ce qui interdit leur accès aux incapables ou aux étrangers.

En ce qui concerne les époux, ils peuvent être tous deux associés dans toutes les formes de société mais selon leur régime matrimonial et la nature du bien apporté au capital, la capacité d'un époux peut être réduite.

Par ailleurs, une personne morale peut être associée dans une société mais elle devra être représentée par une personne physique.

Eléments 3 : L'objet de la société

L'objet d'une société doit exister et il doit être licite. Il ne doit pas être contraire à l'ordre public et aux bonnes mœurs.

C'est donc l'activité de la société, il est défini par les statuts de la société, et pour des raisons pratiques, il est souvent très large.

L'objet social va déterminer la capacité de la société et surtout les pouvoirs des dirigeants de la société, puisque ceux-ci peuvent toujours agir dans la limite de l'objet social. Toute clause des statuts qui limitent leur pouvoir est inopposable au tiers.

Eléments 4 : La cause

C'est la raison pour laquelle on s'associe. Dans son sens objectif, la cause est la même pour tous les associés et c'est le but lucratif. Dans son sens subjectif c'est la raison qui est propre à chaque associé et dans ce cas la cause peut être illicite.

II - Les éléments spécifiques aux contrats des sociétés

Ils sont contenus dans la définition de la société donnée par l'article 1832 du code civil.

" La société est instituée par deux ou tout associés qui conviennent par un contrat d'affecter à une entreprise commune des biens ou leur industrie en vue de partager les bénéfices ou de profiter de l'économie qui peut en résulter. Les associés s'engagent à contribuer aux pertes ".

Dans les cas prévus par la loi, elle peut être instituée par l'acte de volonté d'une seule personne.

Eléments 1 : Le caractères institutionnel

Lorsqu'un contrat présente un caractère institutionnel, cela veut dire qu'il produit des effets juridiques obligatoires auxquelles les parties ne peuvent pas se soustraire même d'un comment accord. Cela représente, la volonté du législateur de considérer la société comme étant la structure normale de l'entreprise et en raison de l'importance socio-économique de l'entreprise, il n'est pas possible de laisser un tel contrat à la totale liberté des associés. Néanmoins, l'apparition de la Société par action simplifiée a permis de retrouver les principes de liberté contractuelle du code civil. Lorsqu'on crée une entreprise on a très peu de liberté contractuelle. On a crée la SAS pour permettre aux entreprises françaises de faire ce qu'elles veulent dans les statuts.

Eléments 2 : La pluralité d'associés

Le terme d'associés est un terme générique qui vise toute personne qui a fait un apport dans une société qui manifeste une " affectio societatis " et qui participe aux résultats. En contrepartie, l'associé détient soit des parts sociales soit des actions.

La loi impose qu'il y ait deux associés minimum dans une société en raison de son caractère contractuel. L'article 1832 alinéa 2 permet de créer une société avec un associé unique (L'URL et l'ASAS).Le nombre d'associé n'est pas limité sauf dans la SARL ou la limite est de 50 associés.

Concernant la qualité d'associé, la situation des époux obéi à un régime juridique particulier en fonction de leur régime matrimonial. S'ils sont mariés sous le régime de la séparation de biens, seul l'époux qui a fait l'apport à la qualité d'associé et les titres lui reste propre. S'ils sont mariés sous le régime de la communauté, la solution est identique lorsque l'apport est fait par un époux avec ses biens propres. En revanche, si l'apport se fait avec des biens communs, seul l'apporteur a la qualité d'associé mais la valeur des titres tombent en communauté.

Enfin lorsque l'apport est fait par un époux avec des biens communs dans une société ne sont pas librement négociable (toutes les sociétés sauf les SA).L'époux doit avertir son conjoint de l'apport qu'il fait. S'il n'a pas été averti, il peut demander la nullité de l'apport pendant 2 ans. S'il a été averti, il peut alors revendiquer la qualité d'associé pour la moitié des titres acquis. Si la revendication a lieu au moment de l'apport, le conjoint devient associé. Cependant si elle est postérieure à l'apport, on peut lui opposer les dispositions d'une cause d'agrément figurant dans les statuts de la société.

Eléments 3 : le caractère contractuel

Cf : Voir paragraphe I " Les éléments communs à tous les contrats "

Eléments 4 : " l'affectio societatis "

C'est un élément psychologique qui illustre la volonté des associés de collaborer ensemble comme des associés et sur une base égalitaire. Cette notion a deux conséquences :

. Il ne peut pas y avoir de lien de subordination entre la société et les associés. En principe, tous les associés ont les mêmes droits dans une société.

2. " L' affectio societatis " suppose une participation effective des associés à la vie de la société et notamment dans le cadre de l'assemblé des associés qui est l'organe souverain dans une société.

L'affectio societatis est souvent absent d'abord dans les grandes sociétés dans le capital est divisé en un très grand nombre d'actions et où l'on constate un absentéisme des petits porteurs lors des assemblées générales et aussi dans les petites sociétés, dont le capital est détenu majoritairement par un seul associé. Par ailleurs, la disparition de l'affectio societatis est un évènement douloureux qui peut entraîner la disparition anticipée de la société mais le plus souvent dans la pratique judiciaire, elle se manifeste par une action en justice en abus de majorité ou en abus de minorité.

Eléments 5 : " les apports "

Dans une société il est possible de faire 3 types d'apports :

. Les apports en numéraire : cela consiste à apporter de l'argent dans le capital de l'entreprise. Cela présente un intérêt particulier dans certaine société car il suffit d'en libérer une partie au moment de l'apport, le reste devant être libéré dans les 5 ans.

La constitution du capital d'une société comporte deux phases :

- la souscription qui consiste à promettre de faire tel apport

- la libération qui consiste à faire réellement l'apport que l'on a promis.

2. Les apports en nature : on peut apporter dans un capital tous biens meubles ou immeubles, corporels ou incorporels. La libération d'un tel apport est immédiate. Cet apport peut être fait en pleine propriété ou en usufruit. Ces apports en nature doivent faire l'objet d'une estimation puisqu'ils déterminent à la fois les droits de l'associé dans la société et les droits des créanciers de la société. Ces apports, sont évalués par les associés à la suite de l'intervention d'un commissaire aux apports qui est désigné par le président du tribunal de commerce. Les huissiers sont responsables pendant 5 ans de l'évaluation retenue. L'apport de certains biens suppose le respect de certaines formalités. Pour un droit de brevet intellectuel, il faut faire une mention auprès de l'INPI.

3. L'apport en industrie : c'est l'engagement pris par un associé d'effectuer un travail pour le compte de la société en raison de ses compétences personnelles en relation avec l'objet social. Ce travail est rémunéré par une part du bénéfice. Ce type d'apport est une convention entre la société et l'associé. Il ne participe jamais à la formation du capital social. C'est la raison pour laquelle ce type d'apport est interdit dans les sociétés de capitaux. De plus, ce type d'apport n'est pas représenté par des parts sociales sauf dans les SARL. Enfin, ce type d'apport doit être évalué dans les statuts de la société de même que le niveau de responsabilité de l'associé quant au passif de la société. A défaut d'évaluation les droits et les obligations de l'associé sont similaires à ceux de l'associé qui a le moins apporté dans la société.

Eléments 6 : Le but du contrat

Le premier but est le partage des bénéfices qui se traduit pour les associés par la perception de dividende.

Le deuxième but c'est de profiter d'économies, il s'agit ici de permettre de dissocier la société d'autre personne morale et notamment des associations.

Ainsi, lorsque l'on créée une personne morale dans le but premier (voire unique) de faire profiter ces membres d'économies et lorsqu'on a adopté une structure autre que la société cette structure pourra être requalifiée en société notamment sur le plan fiscal. Ce qui distingue véritablement l'association de la société c'est que la première doit avoir pour but principal la défense d'un intérêt général rien n'interdisant ensuite que ses membres profitent d'économie.

Eléments 7 : La contribution aux pertes

Comme ils participent au résultat, les associés doivent également contribuer aux pertes et toutes clauses contraires dans les statuts est nulles en vertus de la prohibition des clauses léonines. La vocation des associés aux bénéfices et aux pertes fixées dans les statuts détermine leur responsabilité en principe, elle est fixée au prorata de la détention du capital par l'associé mais il est possible de prévoir une répartition différente à la condition bien sur que cela ne constitue pas une clause léonine.

La société comme personne morale

CHAPITRE 1 : La naissance de la société

I - Les formalités de constitution

La formalité de constitution d'une société comporte 2 étapes :

. La rédaction et la signature des statuts

Les statuts d'une société doivent être établit par écrit et par acte authentique ou sous seing privé.

Ces statuts doivent comporter quelques mentions obligatoires telles que la forme de la société (SA, SARL etc...), le montant du capital social, la dénomination sociale (l'appellation de la société), le montant des apports et leurs descriptions (en nature, en numéraire etc...), l'objet de la société et enfin la durée de la société (99 ans renouvelable).

Tous les associés doivent signer les statuts et à partir de là, la société est constituée. Pendant et avant la période de rédaction des statuts, un certain nombre d'acte peuvent être accomplit pour le compte de la société en formation (recrutement, location etc...) qui seront en principe reprit par la société ; à défaut (si les actes ne sont pas repris) ceux sont les fondateurs qui en sont responsable personnellement.

2. L'immatriculation de la société

D'une façon générale, l'existence d'une personne morale est subordonnée à l'accomplissement d'une formalité de publicité. En ce qui concerne la société, les publicités ont pour objet l'information des tiers et surtout l'acquisition de la personnalité morale.
Join now!


Les formalités sont les suivantes :

. Le paiement des droits auprès de l'administration fiscale.

2. L'insertion d'un avis de constitution dans un journal d'annonces légales.

3. Demande d'immatriculation d'une société déposée au greffe du tribunal de commerce.

4. L'immatriculation auprès du registre du commerce et des sociétés. C'est à partir de là que la société acquiert la personnalité morale. La loi ne prévoit aucun délai pour s'immatriculer.

5. Un avis publié BODAC (bulletin officiel des annonces civiles et commerciales).Les dirigeants se voient remettre un certificat d'immatriculation par le greffier qui leur permet ...

This is a preview of the whole essay