Tout être humain a comme but premier la conservation de soi. Les deux passions en l’être raisonnable qui peuvent affecter le sentiment de conservation de soi sont la douleur et le danger. C’est fondé sur ces passions en particulier que le sublime fonctionnera. La passion que fera ressurgir en nous le sublime est l’étonnement (le mot « astonishment » en anglais englobe mieux l’idée). En agissant sur nos idées de dangers et de douleurs, le sublime a comme but de nous pousser en béatitude. Burke croyait que les muscles des yeux et des oreilles étaient plus délicats et sensibles que ceux du reste du corps et que le relâchement de ces muscles, après un effort d’exaltation était ce qui produisait le plaisir. Ce qui conduit à 2 niveaux d’analyses : le niveau sémantique (danger, peur, terreur) et le niveau mécanique (relâchement d’une tension musculaire).
Il y a plusieurs différentes sources de sublime. D’abord, Burke nomme la terreur. Celle-ci est « l’appréhension de la douleur ou de la mort ». La terreur n’a pas de dimension. Un serpent peut être petit, mais incroyablement venimeux et éveillera en nous tout autant, sinon plus de terreur qu’un éléphant. Ensuite, il y a l’obscurité. Celle-ci est une grande source de sublime puisque dans l’obscurité, « nous ne connaissons pas l’étendu du danger » L’obscurité est un lieu sans prise qui nous effraie puisqu’elle est si incertaine. Le pouvoir est une importante source de sublime pour Burke, mais celle-ci a besoin d’être clairement expliquée. Le pouvoir, dans cette situation, doit être indomptable. Un bœuf domestiqué est très fort, mais son pouvoir ne nous effraie pas : nous ne ressentons ni possibilité de douleur, ni danger. Ainsi, le bœuf domestiqué perd toute sublimité. Le taureau, par contre, est un animal dangereux qui peut exploser à n’importe quel instant et blesser. Là, il y a sublimité. Burke donne un exemple intéressent à la page 114 : certains chiens peuvent être plus puissants que des loups. Mais cette puissance nous est asservie car les chiens nous sont loyaux. C’est pourquoi le loup, malgré le fait qu’il pourrait avoir moins de pouvoir que le chien, est une plus grande source de sublime. Le pouvoir, l’obscurité et la terreur font, tous trois, naître en nous un sentiment de danger, de petitesse. Une grande privation est le prochain élément sublime que citera Burke. Les grandes privations nous ébahissent puisqu’elles sont marquées par un silence et une vacuité sensibles. La grandeur de dimension englobe plusieurs éléments différents. On pourrait d’abord penser à une énorme montagne. Celle-ci nous impressionne puisque par sa grandeur, elle nous impose un sentiment de petitesse et devant quelque chose d’aussi magnifique, nous nous sentons comme minables. Une grandeur de dimension peut aussi signifier l’infini, la vacuité de l’espace. Pour Burke, l’infini est une répétition du même. « Chaque fois que la même idée se répète plusieurs fois, l’esprit, par une sorte de mécanisme, se la représente encore longtemps après la disparition de sa cause ». L’infini artificiel est caractérisé par la succession et l’uniformité. On trouve l’infini artificiel surtout dans l’art (musique, poésie). La magnitude n’est pas nécessairement dans l’infini artificielle car, de toute façon, il faut se rappeler une idée très importante : le sublime n’est pas dans l’objet que l’on voit, mais dans l’expérience que l’on en fait. Une autre source de grandeur dont fait par Burke est la difficulté. Celle-ci a trait au pouvoir, mais cette fois à un pouvoir passif qui se place contre nous. Stonehenge est l’exemple que cite l’auteur. Un travail qui a exigé une force si immense nous place dans une position de respect obligé et en fait une expérience sublime. Finalement, la lumière excessive et la soudaineté sont aussi des sources de sublime. Le soleil, par exemple, n’est pas sublime probablement puisque nous sommes habitués à sa présence, mais un éclair qui tranche le ciel au milieu de la nuit est un événement sublime étant donné le danger, la force et la soudaineté de l’expérience.
Ainsi, pour Burke, il a 3 états de conscience : le plaisir, la douleur et l’indifférence. La douleur étant le plus fort de ces 3 états (la pire souffrance est source d’un plus grand malheur que le plus grand plaisir est source de bonheur) c’est sur cet état de conscience qu’est fondé le sublime. Burke fonde l’ « astonishment » comme principe suprême du sublime (l’admiration, la vénération et le respect sont des effets inférieurs), mais celui-ci repose sur deux passions : le danger et la douleur. Pour qu’un objet, un sujet ou un lieu nous fasse vivre une expérience sublime, nous devons être stressés par le danger, pris par surprise, être ébahis ou avoir peur d’un danger. C’est sur ces passions qu’agit le sublime et c’est pour cela que nous aimons le vivre. Burke y verra deux portes d’analyse : sémantique (le sentiment de peur, de danger) et mécanique (le relâchement du stress et la sensation de délice qui suit l’expérience sublime).
Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau, BURKE, recueil. P.81
Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau, BURKE, recueil. P.82
Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau, BURKE, recueil. P.83
Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau, BURKE, recueil. P.102
Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau, BURKE, recueil. P.103
Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau, BURKE, recueil. P.120