L'expression en France (sous quelque forme qu'elle soit) bénéficie-t-elle de trop de liberté ?

Un deuxième argument que les opposants utilisent est que, bien que l’opinion publique ait changé, elle reste toujours assez stable : il n’y a que 15% entre les deux opinions, ce qui n’est pas du tout une majorité. Presque la moitié des gens ne sont toujours pas favorables à ce changement. Si on pousse trop fort pour le changement de la loi maintenant, on risque une augmentation du soutien pour les groupes extrêmistes comme le Front National. Cependant il existe aussi un autre argument qui dit que si on donne le droit de vote aux étrangers il peut aider l’intégration. Il peut être considéré comme une arme contre le racisme, car alors chacun est considéré comme l’égal d’autrui.

Il est vrai que presque la moitié des gens sont toujours contre un changement mais si on regarde le graphique ci-dessous, on peut voir que depuis 1996 l’opinion publique française s’est inversée. Aujourd’hui beaucoup plus d’opinions sont en faveur du changement que le contraire : une évolution qui, si elle continue, serait bientôt une majorité.

 Sondage CSA, publié dans la lettre de la citoyenneté

L’opinion publique n’est pas la seule à avoir changé. Ces dernières années, il y a eu plusieurs propositions pour une loi qui accorderait le droit de vote aux élections municipales aux étrangers. A ce jour elles ont toutes échoués à cause d’un manque de soutien gouvernemental. Cependant jusqu’à récemment ces propositions ont été soutenues pour la plupart par les partis de gauche. Il faut aussi dire que des propositions plus récentes avaient eu également le soutien de certains membres des partis de droite. Au cours des trois dernières années, des gens comme Nicolas Sarkozy (avant qu’il ne devienne Ministre de l’intérieur) Gilles de Robien, Dominique Paillé et Yves Jégo se sont prononcés en faveur de ces propositions, ou ont dit ne pas être «  choqués », par l’octroi du droit du vote aux non communautaires.

Un quatrième argument  souvent utilisé est la nationalité. Il est relativement facile d’obtenir la nationalité française, donc, si ont habite en France depuis longtemps, si on a l’intention de rester en France, si on a des enfants, si on travaille en France, pourquoi refuser d’adopter la nationalité française ? Une explication est que le besoin de garder sa propre nationalité est plus fort que le besoin de s’intégrer. On peut aussi parler de raisons politiques : si le pays d’origine de l’étranger était en conflit avec la France ce dernier pourrait se sentir déchiré.  Un autre argument politique contre le droit de vote aux étrangers est la réciprocité. Comme Robert Del Picchia a souligné, la situation n’est pas égale si des gens d’un pays peuvent voter en France alors que les Français ne peuvent pas voter dans l’autre pays. Pourtant, « Le progrès de la démocratie en France n'a pas à être conditionné par le progrès de la démocratie ailleurs  » (rapport fait par M. Noël Mamére le 26 Avril 2000). C’est-à-dire que la politique française ne serait pas influencée par l’environnement politique de l’étranger.

Un autre argument politique utilisé par l’opposition est la menace d’une déstabilisation de la politique locale mais on trouve de nombreux exemples de pays où les étrangers ont le droit de vote, sans problèmes. Au Royaume-Uni par exemple tous les ressortissants du Commonwealth sont éligibles pour voter dans toutes les élections sauf les élections européennes. On peut faire un parallèle entre cette situation et la situation au niveau français, ce qui conforte l’argument en faveur du droit de vote élargi pour les résidents non communautaires.

Les non communautaires participent à tous les autres aspects de la vie française : ils jouent un rôle dans la communauté, ils payent les impôts, ils font partie des comités scolaires ou universitaires et ils peuvent être élus comme représentants syndicaux. Ils ont de multiples responsabilités dans la communauté locale. Comme j’ai dit au début de cette dissertation, ce sont des citadins mais pas des citoyens.

Quand j’ai commencé ma recherche pour cette dissertation mon opinion personnelle était que les étrangers ne devaient pas avoir le droit de vote, mais après avoir considéré tous les aspects de la question, mon opinion a un peu changée. J’ai découverte que la question est plus compliquée qu’il ne semble à première vue. Il y a en fait beaucoup d’arguments forts pour le droit de vote. Par exemple est-ce que c’est vrai qu’un résident qui a habité en France pendant 20 années n’a pas de voix active dans les affaires de la communauté. Une complication d’importance est le fait que les communautaires puissent voter. Peut être que la question à poser devrait être : « Aurions-nous dû donner le droit de vote aux élections municipales aux membres des pays d’Europe » ? Est-ce que c’est les communautaires qui bénéficient  de trop de liberté ?

Bibliographie

Livres

Bockel, Alain. L’immigration au pays des Droits de l’homme.

Bouamama, S. Cordeiro, A. Roux, M. La citoyenneté dans tous ses états.

Crettiez, Xavier. Sommier, Isabelle. La France Rebelle.

Sources Internet

Vote des étrangers : l’opinion évolue, Jeudi 25 Septembre 2003

Rapport sur le droit de vote aux étrangers, fait par M. NOËL MAMÈRE le 28 avril 2000

Le droit de vote des colonisés et des étrangers en France,

Sondage par CSA

Mémoire sur le droit de vote des étrangers

Ligue des droits de l’Homme

Journaux

Regards sur l’actualité. Janvier 2003. P.69-81.