Le travelling inachevé rédempteur dans The Last Samouraï (2003)

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Le travelling inachevé rédempteur dans The Last Samouraï (2003)

Par Elie Yazbek

Le travelling se trouve directement relié à une affirmation idéologique dans le cinéma américain, notamment dans The Last Samouraï. Ce film, réalisé par Edward Zwick en 2003, évoque l’histoire d’un capitaine de l’armée américaine au chômage, Nathan Algren (joué par Tom Cruise), qui se retrouve au Japon à la fin du XIXème siècle pour entraîner une milice à l’art du combat occidental. Cette milice doit combattre un groupe de samouraïs en révolte contre l’occidentalisation de leur pays. Le capitaine est un rescapé d’une sanglante bataille contre les indiens, durant laquelle toute une tribu composée de femmes et d’enfants fut massacrée. Nathan vit depuis avec cette souffrance et le sentiment d’avoir tué des innocents. L’occasion lui est donné au Japon de trouver sa rédemption et d’expier sa faute : après sa capture, il délaisse le camp des occidentaux et rallie celui des samouraïs qu’il devait combattre. Les samouraïs, défenseurs d’une certaine authenticité et tradition du Japon lui rappellent les indiens qu’il a combattus férocement. Ils deviennent leurs substituts et sa seule chance de rachat. Cela lui permet également de combattre et de tuer le commandant américain qui avait donné l’ordre d’assassiner les indiens et qui dirige le combat contre les samouraïs.

Le premier plan qui suit le générique début est très significatif de l’histoire qui suivra : Un lent travelling permet de passer d’un mur noir à l’intérieur d’une pièce encombrée de meubles, de caisses et de drapeaux américains jetés un peu partout. Dans l’ombre, en contre jour, est assis un homme barbu à l’air hirsute qui boit de l’alcool alors qu’une voix off présente le personnage comme un vrai héros américain, un vétéran de la bataille de Gettysburg, un triomphateur des tribus indiennes, devenu un personnage de foire qui vante les mérites des fusils Winchester. La camera avance vers le personnage avant de couper et de passer au plan suivant.

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Ce premier plan contraste avec celui de l’enfant et du drapeau américain triomphant dans d’autres films, comme le début de Windtalkers ou de Buffalo Soldiers. Ici, l’ambiance est sombre, l’homme désenchanté, les drapeaux largués comme de simples bouts de chiffons. Au fait, le héros de The Last Samouraï représente l’américain désabusé, celui qui remet en question le massacre des indiens et fait son mea-culpa en quelque sorte. L’importance de ce plan est qu’il permet de comprendre la suite, une véritable mise en situation dans laquelle le travelling joue un rôle important, celui d’être le déclencheur, l’élément provocateur qui incitera à l’action. ...

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